Sermon sur la concupiscence de la chair
Nous sommes au deuxième dimanche de Carême. Le Carême est une période de jeûne par laquelle nous nous préparons à Pâques. Le jeûne ecclésiastique consiste à ne faire qu’un seul repas complet par jour. Mais Saint Augustin nous dit que le jeûne du Carême consiste aussi à s’abstenir des iniquités et des plaisirs illicites du monde, à renoncer à l’impiété et aux cupidités séculières, à vivre sobrement, droitement et pieusement. Saint Jean dans sa Première Épître nous dit ceci « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui. » (1Jn 2 ;15). Ce que Saint Jean appelle le « monde », c’est l’ensemble des plaisirs, des richesses, de la gloire et des honneurs que l’on peut trouver dans la vie humaine sur terre. L’amour et le désir désordonné de ces plaisirs, de ces richesses et de ces honneurs s’appelle la concupiscence. Quand cet amour désordonné se porte sur les plaisirs, Saint Jean l’appelle « concupiscence de la chair » ; quand il porte sur les richesses, il l’appelle « concupiscence des yeux » ; quand il porte sur les honneurs et la gloire terrestre, il l’appelle « orgueil de la vie ». Aujourd’hui, à travers l’Épître de Saint Paul, l’Église nous met en garde contre la concupiscence de la chair. C’est de cela que je vous parlerai aujourd’hui.
Ce qu’est la concupiscence de la chair
Dieu a créé notre corps humain avec tous ses organes et à l’activité de certains organes, Il a attaché une sensation de plaisir. Nous ressentons un plaisir particulier quand nous mangeons et faisons usage des organes de procréation. Ces plaisirs sont des moyens pour mieux atteindre un but. Dieu a créé le plaisir du manger afin de nous aider à nous nourrir convenablement, et afin que les hommes aient de la joie à se retrouver ensemble lors des repas. Dieu a créé le plaisir de la procréation afin de nous aider à avoir de nombreux enfants et afin de favoriser l’amour mutuel des époux. Selon l’ordre naturel établi par Dieu, le plaisir du manger est légitime quand nous nous nourrissons raisonnablement, c’est-à-dire selon nos besoins ; et le plaisir de la procréation est légitime quand un homme et une femme mariés font un usage légitime de leur droit conjugal. Ces plaisirs sont des moyens pour atteindre un but, ce ne sont pas des buts en eux-mêmes. Rechercher ces plaisirs pour eux-mêmes indépendamment des buts pour lesquels Dieu les a créés, ou alors les rechercher en dehors des limites établies par Dieu, est contraire à l’ordre naturel créé par Dieu, c’est donc un péché.
Or justement, le péché originel a causé dans nos âmes un dérèglement tels que ces plaisirs nous attirent indépendamment des buts pour lesquels Dieu les a créés, et en dehors des limites que Dieu a établies. Cette mauvaise tendance en nous, nous l’appelons la concupiscence de la chair. « Concupiscence » signifie « amour et désir désordonné », « chair » signifie « le corps humain ». La concupiscence de la chair, c’est donc le désir désordonné des plaisirs sensibles. Concrètement, la concupiscence de la chair conduit à l’impureté, la gourmandise et l’ébriété.
L’illusion de bonheur selon la concupiscence de la chair
La concupiscence de la chair est la cause d’une grande illusion. Elle nous pousse vers les plaisirs corporels comme si nous y trouverions le bonheur parfait. C’est une illusion. Les gens qui ont l’amour de ce monde nous font croire que plus nous expérimenterons ces plaisirs, plus nous serons heureux. C’est un mensonge. Il faut être profondément convaincu de cela. Dieu nous a créé de telle sorte que nous ne pouvons trouver le bonheur parfait qu’en L’aimant et en étant aimés de Lui.
Les plaisirs de la chair ne peuvent pas nous donner le bonheur car ce sont des plaisirs du corps seulement, et non pas de l’âme. Or notre bonheur consiste dans le contentement parfait de notre corps et de notre âme. Les plaisirs de la chair ne peuvent pas nous donner le bonheur car ils ne durent que quelques instants, et à l’usage on finit par en être dégoutés. Or le bonheur parfait est un bonheur qui dure pour toujours.
Non seulement la concupiscence de la chair ne nous conduit pas au bonheur, mais elle nous en éloigne, déjà sur terre. Celui en effet qui suit cette concupiscence subit des conséquences désastreuses pour son âme et pour son corps. Il devient l’esclave de cette concupiscence qui n’est jamais satisfaite, toujours en recherche de nouveaux plaisirs. L’impur en vient à oublier ou à haïr Dieu, à mépriser le bonheur du Ciel ; il devient imprudent et instable ; il tombe facilement dans le désespoir. De plus, très souvent il est atteint par des maux ou maladies répugnants. Le gourmand ou l’ivrogne s’abrutit l’esprit et rend impossible toute vie spirituelle ; il dit toutes sortes de sottises ; il tombe facilement dans l’impureté. De plus, très souvent il est atteint par des maux ou des maladies physiques pénibles.
Il faut être profondément convaincu que notre bonheur ne se trouve pas dans les plaisirs de la chair. Il faut les utiliser selon l’ordre établi par Dieu, et les mépriser autrement. Comme le dit Saint Paul dans l’Épître : « Dieu ne nous a pas appelé à l’impureté, mais à la sanctification en Jésus-Christ Notre-Seigneur. » (1 Thess 4 ;7).
Les moyens pour réprimer la concupiscence de la chair
Pour mener une vie chrétienne, il nous faut donc réprimer la concupiscence de la chair. Quels sont les moyens à utiliser pour cela ? D’abord, c’est de raviver en nous notre amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est pour expier tous ces péchés que Notre-Seigneur a subi l’horrible flagellation. Chaque péché d’impureté ou de gourmandise que nous commettons fait que les soldats qui ont fouetté Notre-Seigneur L’ont fouetté en notre nom, et Notre-Seigneur le savait parfaitement bien. Au moment de la tentation d’impureté ou de gourmandise, c’est comme si l’un des soldats de la flagellation nous tendait un fouet en disant : « Vas-y, amuse-toi, frappe-Le… »
Ensuite pour réprimer la concupiscence de la chair, nous avons besoin de l’aide de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la Sainte Vierge et des Saints. Il faut donc prier, tous les jours, et souvent pendant la journée, souvent recevoir le Sacrement de Pénitence et la Sainte Communion. A ceux qui sont tombés dans l’habitude du péché d’impureté et qui ont de la peine à s’en sortir, il est recommandé d’invoquer de temps en temps Saint Michel Archange en priant le Petit Exorcisme du pape Léon XIII.
Ensuite pour réprimer la concupiscence de la chair, il faut jeûner, pratiquer l’abstinence de viande, se priver volontairement de nourriture de temps en temps, en pénitence de nos péchés. Notre-Seigneur Jésus nous a dit que le démon de l’impureté ne se chasse que par la prière et le jeûne. Par ailleurs, si nous avons l’habitude de nous priver volontairement d’une nourriture que nous pourrions légitimement prendre, il nous sera alors plus facile de ne pas nous laisser aller aux désirs désordonnés de la concupiscence de la chair.
Enfin rappelons-nous que ce qui excite la concupiscence de la chair, c’est la proximité des plaisirs. Pour réprimer cette concupiscence, il faut donc fuir cette proximité. Il faut se tenir éloigné autant que possible des lieux, des personnes, des objets, de l’internet, des films, des activités que nous savons exciter la concupiscence de la chair. Il faut en outre éviter autant que possible ce qui pourrait exciter cette concupiscence de façon inattendue. Pour cela, il faut pratiquer la garde des yeux, c’est-à-dire ne pas se laisser aller à regarder tout ce qui se passe autour de nous. Si nous ne réprimons pas notre curiosité, fatalement nous verrons des personnes ou des choses qui seront des causes de tentations soudaines. Afin de faciliter la fuite des occasions de péché, il est fortement recommandé d’être toujours occupé. En effet quelqu’un d’oisif est bien plus sujet aux tentations que quelqu’un d’occupé.
Conclusion
Chers Fidèles, dans l’Épître, Saint Paul nous dit : « la volonté de Dieu est que vous soyez saints ; que vous vous absteniez de la fornication ; que chacun de vous sache posséder le vase de son corps dans la sainteté et l’honnêteté, et non en suivant les convoitises de la passion, comme les païens, qui ne connaissent pas Dieu. » Et dans l’Évangile, nous lisons le récit de la Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus. Le rapprochement de ces deux lectures nous rappelle ce qu’a dit Notre-Seigneur : « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu. » (Mt 5 ;8). Durant ce Carême, examinons si nous prenons les bons moyens pour réprimer la concupiscence de la chair, et si ce n’est pas le cas, prenons une résolution à ce sujet. Mettons-la en pratique courageusement, et que l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Bienheureuse Vierge Marie soit la motivation principale de notre effort.
Un prêtre missionnaire