Portons à notre entourage la joie du Christ ressuscité
Pour les chrétiens du monde entier, la fête de Pâques, célébrée aujourd’hui représente LA fête de l’année. Plus importante même d’un point de vue théologique et liturgique que Noël, malgré l’attachement que nos sociétés sécularisées lui portent. Les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ. C’est cela qui est important : ils croient non pas en un Dieu mort, mais en un Dieu vivant, vainqueur de la mort. En France, plusieurs millions de fidèles ont, en cette semaine sainte écoulée, commémoré les derniers jours du Christ. Jeudi, le dernier repas de Jésus avec ses disciples avec qui Il instaure l’eucharistie. Vendredi, ils ont rappelé sa Passion, depuis son arrestation jusqu’à sa mort sur la croix. Puis, après presque deux jours de grand silence, ce dimanche matin, ils fêtent sa résurrection.
Pâques est officiellement célébrée depuis l’an 325, année du premier concile de Nicée au cours duquel on fixa cette fête au premier dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Ceci explique pourquoi Pâques est une fête « flottante », dont la date varie entre le 22 mars et le 25 avril. A quoi correspond le lundi de Pâques ? A un vieux reste de semaine intégralement chômée! Il y a fort longtemps, toute la semaine qui suivait Pâques était appelée la semaine in albis : les baptisés de la nuit de Pâques devaient s’habiller avec des vêtements blancs, et on profitait de ces jours pour festoyer, il y avait de nombreuses manifestations populaires. Mais, avec le temps, cette semaine s’est réduite au lundi qui suit le dimanche de Pâques.
Après avoir été réduites au silence les Jeudi, Vendredi et Samedi saints, les cloches sont de retour ce dimanche matin et elles peuvent sonner à toute volée, répandre la joie de cette heureuse nouvelle. Au matin de Pâques, ce dimanche 5 avril, le pape François célébrera la messe sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, à 10h15. A la fin de la célébration, il donnera la bénédiction « Urbi et Orbi », à la ville et au monde, de la loggia centrale de la basilique. Cette bénédiction particulière, qui confère l’indulgence plénière, aux conditions habituelles prévues par l’Église, notamment de confession et de communion sacramentelles, y compris pour ceux qui suivent la bénédiction à la télévision, à la radio ou sur Internet, est donnée à Noël et à Pâques, ainsi qu’à l’élection d’un nouveau pape. Nous ne serons pas à Rome malheureusement (le don de clonage ne nous a pas encore été attribué !), mais nous suivrons – comme un très grand nombre de nos « fidèles » – le pape sur nos écrans.
Pâques occupe une place centrale dans la foi chrétienne, de par son rôle de pivot et une dimension symbolique exceptionnelle. Le mot vient de l’hébreu Pessa’h (qui désigne une fête juive du même nom) qui a donné Pascha en latin, puis Pâques en français. La fête de Pâques correspond dans la tradition juive à la commémoration du passage de la mer rouge par les Hébreux à leur sortie d’Égypte. Le terme de Pessa’h renverrait à la notion de passage, traduisant ainsi la double dimension du passage, celui d’une terre d’exil vers la terre promise, ainsi que le passage de l’esclavage à la liberté pour le peuple Hébreu.
Quel bonheur de vivre la Résurrection de Jésus, qui est une étape décisive de l’histoire de l’humanité, le saut qualitatif le plus important du développement de la création. La Résurrection de Jésus est une nouvelle création, qui nous fait entrer dans la plénitude des temps. La France chrétienne retrouve tout à coup ses élans d’espérance en la vie éternelle. Jésus Le Ressuscité a définitivement vaincu le monde, Satan et la mort. Il est le Vivant à jamais et Il nous fait participer à Sa Victoire ! Soyons ses témoins convaincus et répandons autour de nous la bonne nouvelle. Le fils de Dieu est ressuscité d’entre les morts.
Que révèle donc le mystère de la Résurrection de Jésus ? Simplement que les hommes ne sont pas faits pour la mort, pour le néant, pour l’absurde, mais pour la vie éternelle en Dieu dans le Bonheur éternel ! Pour qui a pu vivre le Triduum pascal dans son intégralité et suivre Jésus, pas à pas, dans sa Passion, quel courage a-t-il fallu à Jésus pour aller jusqu’au bout de son calvaire et nous offrir la Rédemption. Jésus, en tant qu’homme, a certes offert son sacrifice en un moment précis de l’histoire, mais Il est la Personne divine du Fils de Dieu : son offrande a une valeur éternelle !
Conscients de cet acte, poursuivons notre route sur terre dans la joie chrétienne en redisant avec conviction : Dieu ou rien ! La Résurrection de Jésus révèle que la Personne divine du Fils de Dieu ne peut pas mourir. Dieu ne peut pas mourir, Il est la Vérité et la Vie, Il est l’Être, Créateur de tous les autres êtres, n’en déplaise aux philosophes et scientifiques athées. Un jour, ils verront la Lumière quand ils fermeront leurs yeux. Ce Dieu qui ne peut pas mourir veut sauver les hommes pécheurs. Il assume notre nature humaine par laquelle Il peut mourir. Mais Il ne restera pas dans la tombe ! Les Saintes femmes, qui se sont rendues au tombeau, pour embaumer le corps de Jésus ont trouvé le sépulcre vide. La stupeur cède la place à la joie lorsqu’elles apprennent de l’Ange que leur Seigneur n’est pas mort mais qu’il est ressuscité et vivant. « Allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez !“ » (Matthieu 28, 5-7) ». Et voilà que le Ressuscité vient en personne à leur rencontre. Elles se jettent à ses pieds en se prosternant devant lui. Leur joie est telle qu’elles se mettent à courir pour annoncer la nouvelle aux apôtres. C’est toute leur vie qui se trouve tout à coup transformée par leur rencontre avec Jésus. Et celle de l’humanité tout entière. Imaginons un instant, un seul, que nous vivons cette situation, en tant que femme ou en tant qu’apôtre !
Pâques fermant définitivement les portes du carême, cette fête donne lieu à un repas festif et riche, marquant le retour de la vie et de l’abondance, lesquelles triomphent inexorablement de la mort, tant sur le plan symbolique (fin de l’hiver, renouveau du printemps) que spirituel (résurrection du Christ). Si la messe du dimanche de Pâques est une célébration très joyeuse, chantée et enrichie de musiques, les coutumes sont différentes :
– En Autriche et en Suède, c’est grâce à un lièvre que les œufs en chocolat sont apportés aux enfants.
– Dans les pays anglo-saxons, il s’agit au contraire d’un lapin blanc. Quant au Tyrol, la tradition veut que ce soit des poules qui déposent les œufs de Pâques.
– En Espagne, des sculptures en chocolat sont érigées pour fêter Pâques. Ces sculptures peuvent prendre des formes diverses comme celles de châteaux de contes de fée.
– Au Royaume-Uni, la tradition veut qu’une parade du bonnet ait lieu, les enfants créeront pour l’occasion des grands chapeaux qui seront décorés de fleurs.
– En Finlande, les enfants font pousser des graines de ray-grass sur une assiette recouverte de terreau plusieurs jours avant Pâques. À Pâques, l’herbe aura poussé et les œufs décorés pourront y être déposés.
– En Italie, Pâques permet aux Italiens de profiter d’un pique-nique familial à la campagne. Ils pourront à cette occasion apprécier les œufs ramassés et déguster une part d’un gâteau appelé Colomba.
– Aux États-Unis et en Alsace, c’est un lièvre ; en Thuringe, une cigogne ; en Westphalie, un renard ; en Suisse, un coucou.
Ces dernières années, dans bien des familles françaises, se renouent ce geste de jadis au moment du dessert, le dimanche de Pâques. Sur un plateau, se trouvent quelques petits vases de fleurs, des œufs ou des petits lapins en chocolat. Les vitrines des pâtissiers les ont présentés à la gourmandise.
Pour la Semaine Sainte, le pape François avait envoyé le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, auprès des populations souffrantes d’Irak, « en signe de proximité, d’affection, et d’union de prière ». C’était la seconde fois que le cardinal s’y rendait comme envoyé spécial du pape, après le voyage d’août 2014. Le cardinal Filoni a vécu la Passion et la fête de Pâques auprès des réfugiés, auxquels il a apporté « une aide concrète du pape » dans le cadre d’une mission humanitaire et non politique. Unies à leur évêque, les familles du diocèse de Rome, ont envoyé une « colombe », gâteau traditionnel italien, pour exprimer leur « solidarité » et « la joie de Pâques ».
La joie de Pâques illumine le témoignage de ces millions de chrétiens que l’Esprit pousse aux « périphéries de l’existence » pour porter la Bonne Nouvelle. Elle peut transformer notre propre vie de croyant si nous ouvrons nos cœurs à sa radieuse nouveauté. Pâques n’est pas pour demain mais pour aujourd’hui. « En ce sens, être chrétien, ce n’est pas attendre d’être morts pour vivre, c’est vivre déjà en ressuscité, c’est accueillir jour après jour la vraie vie qui vient de Dieu pour devenir soi-même un « vivant » au sens le plus fort du terme ». Ne gardons pas pour nous la joie de Pâques. Portons-la à tous ceux qui vivent dans la tristesse et le désespoir. Soyons témoins auprès des plus pauvres, assurons-les que la vie est plus forte que la mort, que l’amour peut triompher de la haine, que le pardon peut guérir toute blessure.
La tradition veut que l’on mange de l’agneau le jour de Pâques. Vous savez certainement pourquoi, mais il n’est peut-être pas inutile de le rappeler. Juifs, chrétiens et musulmans sont tous « enfants d’Abraham ». Dans la Bible, Dieu éprouve la foi d’Abraham en lui demandant le sacrifice de son fils, Isaac. Alors qu’Abraham va se plier à sa volonté, Dieu remplace Isaac par un agneau. Si les chrétiens mangent de la viande d’agneau à Pâques, c’est en souvenir du Christ, présenté comme « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » et de son sacrifice sur la croix. On peut rapprocher cette tradition de celles de la Pâque juive et de l’Aïd musulmane : toutes les deux lient le sacrifice d’un mouton à la commémoration du sacrifice d’Isaac.
D’où viennent les œufs et les cloches ? Comme presque toutes les fêtes chrétiennes, Pâques trouve ses racines dans d’antiques rites païens, égyptiens, celtes et romains notamment. Célébrée au début du printemps, elle incarne la renaissance, la vie et la fécondité. L’Église ayant instauré l’interdiction de manger des œufs pendant le carême, et les poules continuant à pondre, les œufs pondus depuis le début du carême étaient gardés, puis décorés et offerts. Aujourd’hui, on les déguste en chocolat, comme le lapin et le poisson (symbole choisi par les premiers chrétiens).
Saintes et joyeuses fêtes de Pâques à vous qui lirez cet article (et son complément sur les œufs), réjouissez-vous, le Christ est ressuscité pour que vive la Vie dans Son Amour.
Solange Strimon
Les œufs de Pâques : du païen à Fabergé
À la suite de notre chronique, quelques précisions d’un tout autre ordre que le spirituel. L’œuf a toujours été le symbole de la naissance du Printemps. Les anciennes civilisations pensaient que l’origine du monde était un énorme œuf.
La coutume d’offrir des œufs décorés, teints ou travaillés, existait bien avant l’ère chrétienne. Comme le printemps est la saison de l’éclosion de la nature, l’œuf, représentant la vie et la renaissance, a été probablement le premier symbole utilisé lors de rituels qui datent de la nuit des temps. Au printemps, les Égyptiens et les Perses avaient pour habitude de teindre des œufs et de les offrir pour symboliser le renouveau de la vie. Dans l’antiquité gauloise, les druides teignaient les œufs en rouge en l’honneur du soleil. Dans les rituels païens anglo-saxons, on offrait des œufs colorés à la déesse Eostre, la Grande Mère des pays saxons Nord Européens nommée également Eostra ou Ostara, Déesse teutonique de la fertilité. Plusieurs cultures païennes disposaient des œufs dans les tombes ou les sépultures pour demander la renaissance de la personne décédée.
Pour les Juifs, l’œuf est le symbole de la vie mais aussi de la mort. A Pessa’h les Juifs trempent un œuf dans de l’eau salée en souvenir de toutes les larmes versées suite à la perte de leur indépendance. Puisque Pâques, pour les chrétiens, célèbre la résurrection du Christ, le symbolisme de l’œuf y a trouvé aussi sa place dans les rites familiaux. Cette coutume d’offrir des œufs le matin de Pâques est apparue vers le IVème siècle en Europe, et se retrouva en Égypte autour du XIème siècle, puis en France, en Alsace, vers le XVème siècle. Du simple œuf dur coloré aux plus prestigieux œufs de Fabergé, l’œuf de Pâques est resté une tradition dans le monde entier.
En Italie, de nos jours encore, on fait bénir les œufs de Pâques que l’on place au centre de la table. Les œufs de Pâques russes et ukrainiens sont de véritables œuvres d’art, aux motifs et aux couleurs très symboliques et géométriques, avec des représentations chrétiennes comme la croix, le Christ lui-même. En Occident, jusqu’à ces dernières années, dans les campagnes ou les jardins de la maison en ville, une mystérieuse chasse aux trésors s’organisait au petit matin de Pâques. Selon la tradition, en revenant de Rome, les cloches qui se sont tues depuis le Jeudi saint au soir, y répandaient, œufs, cloches, cocottes et autres gourmandises. La coutume d’offrir des œufs ou des lapins en chocolat est d’origine commerciale, mais personne ne s’en plaindra puisqu’elle permet de maintenir une tradition religieuse.
Dans les cours royales progressivement cette coutume populaire va aussi s’instaurer dans les cours royales. A la Renaissance, l’œuf décoré populaire inspira des artistes : après l’œuf de poule ordinaire, on en confectionna en verre, en porcelaine, en bois…En l’an 1200, sous Edward I en Angleterre, on retrouve, dans la comptabilité du palais royal, la somme de 18 pences versée pour l’achat de 450 œufs qui devaient être peints à la feuille d’or avant d’être distribués aux membres de la famille royale. Les œufs recouverts d’or apportent la richesse à ceux qui les reçoivent. Nous n’en doutons pas !
500 ans plus tard le roi Louis XIV en fait aussi une institution. D’une part, ses gens devaient lui apporter le plus gros œuf pondu en son royaume durant la semaine sainte et, lui-même, le jour de Pâques, entouré de grandes corbeilles, distribuait en personne des œufs peints à la feuille d’or à ses courtisans aussi bien qu’à son peuple. La surprise contenue dans l’œuf est une tradition qui remonte au XVIème siècle, et certaines sont même passées à l’histoire tant elles étaient exceptionnelles : c’est le cas de la statuette de Cupidon renfermée dans un énorme œuf de Pâques offert par Louis XV à Madame du Barry, du brûle-parfum trouvé en 1770 par Catherine II ou encore de la minuscule poulette cachée dans un œuf précieux conservé à Copenhague dans les collections royales du château de Rosemborg. Mais qui ne s’est extasié devant les œufs de Fabergé, dernier objet en or massif, à l’origine des célèbres œufs impériaux russes que l’on doit à l’imagination de Peter Carl Fabergé, orfèvre du Tsar. En effet, une princesse danoise – Dagmar – épousa le Tsar Alexandre III, prenant le nom de Maria Feodorovna, et décrivit à son mari cet objet qu’elle avait admiré, au château de Rosemborg à Copenhague. Elle en fit la description avec un tel enthousiasme et une telle nostalgie que celui-ci en commanda un tout à fait identique à l’orfèvre de la cour impériale, Peter Carl Fabergé (1846-1920). On était en 1885 : dès lors, tous les ans à Pâques, l’artiste inventa une nouvelle merveille, de plus en sophistiquée, pour être offerte à la souveraine.
Cette tradition plaisait beaucoup à Nicolas II qui, couronné en 1896, offrait de splendides exemplaires à sa mère et à son épouse. On estime qu’entre 1885 et 1916, pas moins de 56 joyaux sont sortis de l’atelier magique de Fabergé. Avec le temps, la fabuleuse collection des Romanov a été dispersée. Une dizaine de ces œufs de Fabergé sont au Kremlin, deux autres appartiennent à la reine Elizabeth II et 12 autres ont été achetés par Malcom Forbes, éditeur et écrivain américain. Il arrive que quelques-unes de ces œuvres exceptionnelles apparaissent sur le marché international de l’art et atteignent des prix vertigineux : la dernière vente remonte à 1994, quand Christie’s adjugea le Winter Egg pour 3,5 millions de livres. Ces chiffres tout à fait prodigieux se justifient par le fait que ces objets sont de véritables chefs-d’œuvre, encore que de petite taille.
Mais qui était Pierre-Karl Fabergé ? Il était issu d’une famille de joailliers français, qui avait immigré en Russie et il est né à Saint-Pétersbourg en 1846. À l’âge de 14 ans il suit sa famille qui part s’établir en Allemagne, pays qui sera le point de départ de ses multiples voyages à travers l’Europe. Suivant les traces de ses aïeux, le jeune homme décide de partir à la rencontre des plus grands orfèvres de France, d’Allemagne et d’Angleterre afin de parfaire sa formation. En1872, le bijoutier décide de revenir sur sa terre natale russe où il épouse sa femme Augusta Julia Jacobs. Il décide surtout de reprendre en main la maison Fabergé lancée par son père en 1842. À cette époque, la compagnie s’occupe de la restauration des objets du musée de l’Hermitage situé à Saint-Pétersbourg. En 2007, le nom Fabergé est racheté sous la bénédiction de l’arrière petite fille de Pierre-Karl, Tatiana. L’artiste joaillier français Frédéric Zaavy perpétue les nouvelles créations. Les Œufs de Fabergé sont aujourd’hui exposés dans les plus grands musées du monde.
Il y aurait encore tant à dire sur la carrière de cet homme. Nous nous arrêterons là et vous souhaitons de faire vivre à votre famille, vos amis, une Pâques exceptionnelle dans la joie et l’abondance des œufs, lapins, poules en chocolat…
Informations recueillies par Solange Strimon