[Point de vue ] : À propos de l’échelle de Jacob
Que savons-nous de la vie, de la mort, de ce qui se passe « avant » et « après » ? « Pendant », nous sommes acteurs, plus ou moins doués, reconnaissons-le, croyant à cette illusion de maîtriser le temps, notre destin, alors que tout a déjà été écrit depuis le commencement du commencement de nos vies et que nous allons seulement là où nous devons aller, quand bien même nous essayons de trouver des chemins de traverse pour raccourcir le chemin ou en emprunter un autre. Nous ne sommes en fait – et dans bien des circonstances – que des marionnettes plus ou moins surprises de l’agitation dans laquelle elles sont soumises et qui ne savent pas s’il faut se révolter de cette dépendance ou l’accepter tout simplement.
Une seule certitude : nous ne pouvons aller que là où nous sommes attendus quel que soit l’itinéraire choisi. Quand nos amis s’envolent, trouvent-ils là-haut les réponses à leurs questions ? Eux qui s’en posaient tant !
Si les philosophes et les sages ont quelques réponses sur notre voyage, nos étapes, les rencontres que nous allons faire et les conséquences qui en seront tirées, celles-ci ne peuvent nous satisfaire, nous, simples mortels.
Quelques marches seulement sur l’échelle de Jacob, franchies au fur et à mesure de ces vies au cours desquelles nous imaginons pouvoir progresser si tant est que nous en avons la conscience et la volonté. Certains de nos amis savent saisir cette échelle entre la terre, le matériel, le domaine de l’humain et le ciel, domaine de Dieu, avec ces anges qui montent et qui descendent.
Il existe bien un lien entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes. Rien ne les sépare puisqu’il y a une communication entre les deux. Dieu nous envoie son amour, sa grâce, son pardon et nous lui adressons notre foi, notre prière, nos bonnes œuvres.
Ce qui circule entre Dieu et nous, ce sont des anges, qui n’ont rien à voir avec des créatures ailées. Dans la Bible, « ange » veut dire : « messager », « porte-parole ». Ces anges représentent la parole. On retrouve le mot « ange » dans « ev-angile » qui signifie « le bon message », « la bonne parole » ou « la bonne nouvelle ». En réalité, ce qui circule le mieux entre Dieu et nous, ce sont des paroles.
Il y a des paroles qui descendent de Dieu vers nous, des paroles d’amour, de grâce, de pardon, c’est la « parole de Dieu ». Nous en avons connaissance par la Bible, et surtout par Jésus qui a incarné cette parole, et nous a parlé de « la part de Dieu ». Dieu nous parle dans notre cœur. Pas avec des mots humains, mais quand on le prie, on se concentre pour penser à lui, et de bonnes idées nouvelles peuvent venir en nous. Le langage du ciel n’a rien à voir avec celui de la terre. Imaginez la distance, le nombre de ciels, l’éventualité d’orages, de pluie, d’éclairs, les détournements…
Il y a des paroles qui sortent de nous pour aller vers Dieu, c’est la prière. Prier Dieu, c’est juste lui parler et lui dire tout ce que nous avons sur le cœur, nos joies, nos peines, nos craintes ou nos espoirs, nos regrets, ou notre reconnaissance. Et quand nous faisons monter nos pensées vers Dieu, il est toujours à l’écoute pour nous donner des réponses. Sa disponibilité d’écoute est infinie. A nous de choisir la réponse qui nous convient au moment où nous la recevons. Dieu est comme un père qui s’adresse à son enfant. Et un père ne peut que vouloir le bonheur de celui-ci tout en lui laissant le libre arbitre. Dieu n’impose jamais sa volonté, il propose.
La prière permet de se mettre en contact avec Dieu, d’entrer directement en communication avec lui. Il importe qu’entre Dieu et nous ça circule bien dans les deux sens. Ce qui signifie qu’il ne faut pas seulement agir, ou profiter de l’amour de Dieu. Si on ne fait qu’agir, on s’épuise, il faut trouver des forces en Dieu. Si on ne fait que profiter de Dieu, on finit par ne plus profiter de rien.
Dans la prière, il faut parler et aussi essayer d’écouter, ou tout au moins comprendre ce que Dieu attend de nous ou veut-nous dire. Comme la prière de Samuel : « parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Reconnaissons que nous avons quelque part oublié le sens profond de ces paroles, et que dans les ténèbres où nous avançons, dans l’assourdissement des voix éparses qui nous étreignent le cœur dans cette société si complexe et souvent si déséquilibrée, nous ne savons pas toujours dans quelle direction nous diriger.
Pour nous chrétiens, celui qui facilite nos relations avec Dieu, c’est Jésus. Il nous parle de Dieu et nous dit que Dieu est tout proche et nous en montre le chemin. Il est un peu l’échelle pour nous. C’est ce que dit l’Évangile de Jean : Jean 1 :51-52 « vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme » (Le fils de l’homme, c’est Jésus). Jésus en venant sur terre pour nous sauver nous a montré le chemin.
« Certainement, Dieu était présent en ce lieu, et je ne le savais pas (Gen. 28 :16)». Même quand nous pensons être coupés de Dieu, en fait, nous ne le sommes jamais. Dieu est toujours à côté de nous, même s’il se fait discret pour ne pas s’imposer à nous et si nous ne sommes pas capables d’en apprécier la présence si merveilleusement réconfortante.
Et quand nos amis se trouvent devant Dieu, ils doivent penser à nous, leurs proches, qui pourrions les épauler, les réconforter, les soutenir dans cette terrible épreuve du face à face. La mémoire entretenue du souvenir redonne toujours vie à ceux qui ont quitté la terre…
Solange Heisdorf-Strimon
NB : Planning des messes données à la mémoire d’Alain Decamp dans la superbe église Saint-Charles de Marseille – 64, rue Grignan (eloi.gillet@laposte.net) : lundi 2 octobre à 18 h 30 – mardi 3 octobre à 18 h 30 – lundi 9 octobre à 18 h 30 – mardi 10 octobre à 18 h 30. Si vous ne pouvez assister à ces messes, merci de vous unir à elles par la pensée.