Osez afficher votre pratique du carême… (2/2)
… dans la joie et la disponibilité que vous offre ce « temps fort ». « Les temps et jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Église. Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires) ». (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1438). N’hésitez pas à demander conseil à un prêtre si vous vous sentez un peu « troublés ».
Dans le numéro précédent, nous avons retracé les grandes lignes du carême. Reste à détailler ce qui paraît à nos yeux le jour le plus important du carême : le 10 février le mercredi des cendres, quand bien même, celui-ci est passé. Par l’imposition des Cendres dans les églises, on exprime avec humilité et sincérité de cœur que nous voulons nous convertir et croire vraiment à l’Évangile. L’origine de l’imposition des cendres appartient à la structure de la pénitence canonique. Elle commence à être obligatoire pour toute la communauté chrétienne à partir du Xème siècle. La liturgie actuelle conserve les éléments traditionnels : imposition des cendres et jeûne rigoureux. La bénédiction et imposition des cendres se font pendant la Messe, après l’homélie.
D’où viennent les cendres ? Pas de vos cheminées, c’est évident, Noël étant loin derrière nous et le froid aussi (d’ailleurs, qui le subit ? cette année, il tarde beaucoup). Les cendres viennent des rameaux bénis pendant le Dimanche des rameaux de l’année précédente, suivant une tradition qui remonte au XIIème siècle. Concrètement, on apporte à l’église les rameaux de l’année passée pour les brûler. Le symbolisme des cendres est particulièrement intéressant. Il rappelle la condition de faiblesse et de vanité de l’homme, qui avance vers la mort ; il souligne la condition pécheresse de l’homme ; il permet de demander à Dieu par la prière qu’Il nous vienne en aide ; il rappelle la Résurrection, étant donné que tout homme est appelé à participer au triomphe du Christ. Les œuvres de miséricorde spirituelles sont : enseigner l’ignorant ; Conseiller celui qui en a besoin ; Corriger l’égaré ; Pardonner les injures ; Consoler le triste ; Souffrir avec patience les adversités et les faiblesses du prochain ; Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Les œuvres de miséricorde corporelles consistent à : visiter le malade ; Donner à manger à celui qui a faim ; Donner à boire à celui qui a soif ; Secourir le captif ; Vêtir celui qui est sans vêtement (ou qui a besoin de chaussures) ; Accueillir le pèlerin ; Enterrer les morts. Bien sûr, chacun accomplit ces œuvres selon ses possibilités et ses disponibilités, ce qui suppose une bonne gestion de son temps et l’occasion d’apprendre à mieux le gérer. Tant à faire dans une journée, avec des heures qui semblent raccourcir au fil des années.
Le chemin de croix que nous pouvons faire dans toute église ou chapelle nous permet de revivre ce douloureux épisode de la vie de Jésus sans forcément aller sur les lieux mêmes, en Terre Sainte. Il s’agit d’un pèlerinage virtuel, par le cœur et la prière. Chaque station est méditée intensément et dans le recueillement. Il faut arriver à prendre conscience du don total du Christ en rachat de nos péchés, de la souffrance qu’il eut à subir et que nous ne pourrions peut-être pas supporter, tant cette douleur devait être extrême. Le Christ devait mourir mais aussi il allait ressusciter, c’est pourquoi nous vous présentons le chemin en 14 stations, le chemin de Joie.
Traditionnellement les chemins de croix comptent 14 stations, aujourd’hui, on ajoute parfois une 15ème station, celle du tombeau vide qui relie ainsi, en finale, toutes les stations à la résurrection. Le nombre de stations varia jusqu’au 18ème siècle, pour être finalement fixé à 14 (multiple de 7, chiffre parfait) par Clément XII et Benoît XIV. A Lourdes, en 1958, fut ajoutée une nouvelle station, la quinzième, pour faire prendre à Marie une place importante au côté de son fils. Cette station est intitulée « Avec Marie, dans l’espérance de la résurrection ». Cependant, partout, le chiffre de 14 stations est resté, Lourdes étant une exception.
Faire le chemin de croix est une cérémonie qui nous fait revivre les événements de la passion de Jésus et nous fait réfléchir à la signification de ceux-ci. On pense aux souffrances du Christ et on fait l’expérience de l’amour que révèle son attitude. Cette méditation éveille en nous un sentiment de compassion et de gratitude envers le Seigneur qui nous a aimés jusqu’au bout.
Cette cérémonie nous fait vivre avec amour notre propre croix. “Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il se renonce lui même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive”, nous a dit Jésus. Nous trouvons dans l’exemple du Christ l’attitude que nous sommes invités à vivre à notre tour. C’est ainsi que nous participons à la croix du Christ. Certains mystiques, comme saint François d’Assise qui a reçu les stigmates, Angèle de Foligno, A. Catherine Emmerich, ont vécu d’une manière très intense la passion de Jésus. Le chemin de croix est une dévotion catholique. Il ne fait pas partie de la liturgie de l’Église, mais c’est une dévotion très recommandée par les papes.
Pour mémoire et peut-être pour les vivre plus intensément, voici les 14 stations du chemin de croix :
– 1e station : Jésus est condamné à mort
– 2e station : Jésus est chargé de sa croix
– 3e station : Jésus tombe sous le bois de la croix
– 4e station : Jésus rencontre sa Mère
– 5e station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix
– 6e station : Véronique essuie la face de Jésus
– 7e station : Jésus tombe pour la seconde fois
– 8e station : Jésus console les filles de Jérusalem
– 9e station : Jésus tombe pour la 3ème fois
– 10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
– 11e station : Jésus est attaché à la croix
– 12e station : Jésus meurt sur la croix
– 13e station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
– 14e station : Jésus est mis dans le sépulcre
(15e station : avec Marie, dans l’espérance de la résurrection)
Quels efforts peut-on faire au XXIe siècle ? N’essayons pas de les multiplier mais soignons-en quelques-uns en veillant à nous mettre en présence de Dieu par la foi, l’espérance et la charité. Le carême, c’est aussi l’occasion du partage : s’engager avec le Secours Catholique dans votre paroisse, pour la soupe populaire ou le soutien scolaire ! Prendre le temps de parler chaque jour avec une personne isolée, sans-abri ou en difficultés que l’on croise sur le chemin de l’école ou du travail ! Participer à la préparation des célébrations de la Semaine Sainte avec votre paroisse ; votre église a besoin de votre générosité pour partager la joie de la Résurrection en beauté avec tous ceux qui participeront aux célébrations !
Pour un catholique, ses obligations sont simples : accomplir le précepte du jeûne le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et celui de l’abstinence chaque vendredi, ainsi que la confession et la communion. Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf cas de maladie. La loi du jeûne concerne tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 59 ans.
Il faut se priver de viande (rouge, blanche ou dérivée). La loi de l’abstinence concerne tous ceux qui ont accompli 14 ans. On ne doit pas vivre le jeûne ou l’abstinence comme une imposition, mais plutôt comme un moyen concret par lequel l’Église nous invite à croître dans le véritable esprit de pénitence.
Le temps du Carême est un temps liturgique fort, dans lequel toute l’Église se prépare à la célébration des fêtes pascales. La Pâque du Seigneur, le Baptême et l’invitation à la réconciliation, moyennant le sacrement de la Pénitence, sont ses grandes coordonnées.
Si l’on peut durant ce carême se faire accompagner d’une ou plusieurs personnes qui ne connaissent pas cette pratique du carême, ce carême dit par le pape François de miséricorde, ce temps sera doublement bénéfique. Nous disposons de 40 jours pour nous exercer à lutter contre ce qui nous disperse et nous endurcit. Avec comme seules armes, celle de la compassion et du pardon. L’année de la miséricorde impose de trouver un ton inventif et priant pour parcourir ces 40 jours qui préparent à Pâques. Dans son message pour le carême 2015, François propose de faire de ce temps un parcours de formation du cœur et incite à lutter contre l’indifférence.
Et nous, nous vous offrons cette prière pour le Carême deSaint Anselme (1033-1109), Oratio X:
« Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre. Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône. Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience. Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille. Toi qui me conduis, écarte de moi la vanité de l’âme, l’inconstance de l’esprit, l’égarement du cœur, les flatteries de la bouche, la fierté du regard. Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres ».
Vivez cette semaine dans une sobriété (sans excès) et soyez heureux de pouvoir faire ce carême qui vous accordera tant de grâces. Dieu vous garde sous sa haute protection.
Solange Strimon
Ndlr : retrouver la première partie de l’article de Solange Strimon sur ce lien : Préparez la fête de Pâques sur le chemin du carême