Lyon : Polémique autour des statues des sept moines de Tibhirine !
Rappelons-nous, dans la nuit du 26 au 27 mars, il y a 20 ans, sept des neuf moines du prieuré de Tibhirine, en Algérie, étaient enlevés et séquestrés durant plusieurs semaines, avant que leur mort ne soit annoncée. Les frères se savaient menacés et avaient fait le choix de rester en Algérie.
Une messe en leur mémoire a été célébrée en juin 2016 à Saint-Louis-de-la-Guillotière, à Lyon, en présence du cardinal Barbarin et du prieur du monastère Notre-Dame de l’Atlas. Et les funérailles nationales des 7 moines de Tibhirine assassinés avaient lieu à la Basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger.
Comme un symbole, le père Jean-Pierre Flachaire a apporté une chasuble, un calice et une patène pour l’hostie, trois objets utilisés par les moines de Tibhirine.
A Lyon, l’association ” Le message de Tibhirine ” a vu le jour en 2016 pour continuer à faire vivre le témoignage des moines et leur message de paix et de dialogue entre chrétiens et musulmans. Sébastien de Pothuau, président de l’association, estime que : ” Même 20 ans après leur mort, les moines de Tibhirine continuent d’être un exemple à suivre.”
Et le minimum en France est effectivement de leur rendre hommage, et quel plus bel hommage qu’une statue les représentant dans le domaine public, dans un square lyonnais ? Hélas ce beau projet n’a pas eu lieu, de peur des musulmans, de : ” peur qu’un déséquilibré ne décapite les statues…” précise le cardinal Barbarin. Ou de peur que le consul d’Algérie ne demeure fâché, hommage aux moines et oubli des milliers de morts algériens. Et les catholiques de Lyon laissent faire.
L’œuvre qui montre, en prière, les moines français tués en Algérie devait être un temps installée dans un square de la Guillotière à Lyon dans le 7ème. Elle est finalement implantée à la Maison Sainte-Irénée dans le 5e. Le cardinal Barbarin a dû reculer pour ne fâcher personne. Les arguments de son entourage ont eu gain de cause, et le cardinal Barbarin a fini par céder devant la crainte de dégradations.
En effet, le diocèse frôlera l’incident diplomatique avec le consulat d’Algérie. L’inauguration était prévue au printemps 2016, au moment de l’anniversaire de l’enlèvement des moines. Après réflexion, elle sera repoussée pour éviter toute collision avec les commémorations de l’indépendance algérienne. Le consul d’Algérie à Lyon a été furieux de ne pas avoir été averti plus tôt de ce projet d’inauguration des statues dans l’espace public.
Mais l’héritage que nous laisse ces 7 moines martyrs n’a pas fini de nous interpeller : ” Il faut que des hommes et des femmes prennent le chemin de l’Atlas pour faire fleurir le désert irrigué du sang des frères. Le deuil se fait, il a fallu du temps, le moment est venu de faire germer l’espérance ” explique le père Jean-Marie Lassausse, prêtre de la Mission de France, qui veille avec dévouement sur l’avenir du prieuré de Tibhirine. Il s’y dessine l’installation prochaine d’une Communauté Nouvelle, peut-être le Chemin-Neuf, qui lui permettrait de continuer à vivre et à accueillir le public. Et c’est à Midelt, au Maroc, que souffle désormais l’esprit de Notre-Dame de l’Atlas, là où ont trouvé refuge les frères Amédée (décédé en 2008) et Jean-Pierre Schumacher. Et où la vie cistercienne se poursuit.
Aujourd’hui, il n’y a plus de moines à Notre-Dame de l’Atlas, mais des croyants qui continuent à faire vivre Tibhirine, et poursuivent le travail commencé par les frères. Tibhirine est à ce jour un lieu de prière, de recueillement, de retraite spirituelle. Un lieu d’accueil ouvert sur le monde des croyants chrétiens et musulmans et sur le monde des non-croyants.
Eric Muth