Lettre d’un émigré – En avant soldats du Christ ! Expérience d’un jeune confirmé
Votre serviteur a été marqué de la croix à vie, et il s’est pris un soufflet par l’évêque. En bref, j’ai été confirmé, et cela fait plaisir.
La Confirmation est un sacrement méconnu parmi les jeunes générations, et souvent mal préparée, mal expliquée et reçue comme on peut, quand elle est encore reçue. Pour ma part, j’avais refusé de recevoir le sacrement de Confirmation étant jeune, car, à l’époque, la religion ne me disait rien du tout – la concomitance de l’éducation républicaine et des ravages modernistes dans l’Église ont travaillé dans le mauvais sens. Il a fallu attendre dix ans et me retrouver à l’autre bout du monde pour enfin me faire confirmer par un Monseigneur venu d’outre-Pacifique, avec ma femme.
La Confirmation est un beau sacrement, et sa disparition manifeste de façon assez amusante le triste état de notre société : se faire confirmer, c’est devenir adulte dans la Foi. Quand le baptisé est encore un simple enfant, le confirmé, par ce rite de passage, cet adoubement christique, devient un adulte, un soldat capable d’agir véritablement sur le monde, armé par les dons du Saint-Esprit. Une société chrétienne où il n’y a plus de confirmés est littéralement une société d’enfants, et l’esprit enfantin, bisounours diraient certains, est bien la caractéristique trop fréquente des chrétiens francs contemporains.
Nous ne nous attarderons pas longtemps sur la description précise et théologique de la Confirmation, car il existe des très bonnes références à lire ou à relire[1].
Pour faire bref, la Confirmation représente une grande partie de ce qui manque à la société moderne : l’apostolat, le combat chevaleresque, le passage à l’âge adulte. Lors de la cérémonie, il est de coutume de prendre un nouveau nom, celui du saint patron, par lequel l’évêque nous appelle, ce qui marque encore plus ce passage à un nouvel état de la vie, devant Dieu et publiquement, dans un acte de volonté claire, comme en témoigne aussi la récitation du Pater Noster, de l’Ave Maria et du Credo à la fin de la cérémonie, pour marquer ce nouvel état de soldatus christi, dont l’adoubement des anciens temps était certainement le pendant temporel pour les chevaliers, comme il devait d’ailleurs aussi exister un autre pendant temporel pour les autres personnes.
La Confirmation achève ainsi la période de l’enfance dans la Foi. Maintenant, il ne suffit pas d’être un bébé qui compte sur l’aide des autres, un assisté spirituel, mais bien un adulte sur lequel on peut s’appuyer, qui possède assez de force pour évoluer dans le monde pour résister au monde mondain et œuvrer au monde christique dans l’apostolat charitable. Le soufflet rappelle que les épreuves seront là et qu’il faudra les encaisser, avec l’aide divine, dans la force des dons du Saint-Esprit, l’équivalent spirituel des armes et de l’épée du chevalier dans le monde.
Recevoir un nom, d’un saint-patron, marque aussi un passage important et permet de manifester un vœu pour sa vie de confirmé, comme les noms de baptêmes manifestent une nouvelle vie pour les convertis et contient la promesse d’une vie chrétienne chez les bébés.
Prions pour une société adulte, de soldats du Christ armés par le Saint-Esprit, pour la paix véritable dans la charité nécessaire, pour la force d’être, dans la douceur, intransigeant, et d’encaisser les coups qui ne manqueront pas de venir.
Tout en priant pour qu’un jour, peut-être, le seul Monseigneur non-évêque, ou évêque de l’extérieur, notre bon Roi, puisse nous accorder l’honneur de l’adoubement pour compléter dans le monde temporel l’incarnation nécessaire de la vocation spirituelle et du sceau de la croix imprimé dans nos âmes et sur notre front.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul de Beaulias.
[1]Cf. le très bon et complet traité à l’adresse suivante : http://catholicapedia.net/Documents/cahier-saint-charlemagne/documents/C136_Les-sept-dons-du-Saint-Esprit_32p.pdf