L’affrontement aujourd’hui : L’Église de Dieu et l’anti-Dieu !, par Paul-Raymond du Lac
Un français et anglais ami de Chesterton, au caractère bien trempé, Hilaire Belloc, exprime de façon très réaliste notre combat :
« L’affrontement met face à face l’Église et l’anti-Église, l’Église de Dieu et l’anti-Dieu, l’Église du Christ et l’Antéchrist. La vérité apparaît chaque jour plus nettement, et il y a fort à parier qu’elle sera universellement admise d’ici quelques années. »1
Depuis qu’il a écrit ces lignes, environ cent ans se sont écoulés, et il est vrai que toute une frange, certes minoritaire, mais déterminée, comprend maintenant le combat tel qu’il est : la réalité crie, et l’état de l’Église crucifiée de l’intérieur témoigne de façon trop forte et douloureuse pour pouvoir l’ignorer !
« Cette offensive moderne, je m’abstiens de l’intituler l’avènement de « l’Antéchrist », bien que je reste persuadé qu’il s’agisse du terme approprié : je ne la qualifie pas ainsi car cela pourrait paraître exagéré. Mais qu’importe le nom qu’on lui donne. Qu’on l’appelle « l’attaque moderne » ou « l’œuvre de l’Antéchrist », il s’agit au fond de la même chose ; de cette opposition désormais frontale entre le maintien de la morale, de l’autorité et de la tradition catholiques et l’entreprise de démolition dont elles font l’objet. L’assaut moderne ne nous épargnera pas : il s’efforcera de nous détruire. De la même manière, nous ne pouvons pas le tolérer, et devons par conséquent tout mettre en œuvre pour terrasser cet ardent ennemi de la Vérité. Il s’agit d’un duel, et d’un duel à mort. »2
Nous appellerions cette attaque moderne, la « Révolution », et le combat contre la révolution la Restauration : mais il a raison, l’œuvre de destruction est avancée au plus haut point aujourd’hui, au point où nous ne pouvons pas ne pas compter sur la Providence, tellement, à vue humaine, tout semble désespéré.
Alors participons à ce duel à mort, en sachant bien que c’est un duel à mort. Laissons encore la parole à Belloc :
« Il arrive parfois qu’on qualifie cette attaque moderne de « retour au paganisme ». La définition est exacte si nous entendons par ce terme un déni de la vérité catholique ; si nous entendons par là une négation de l’Incarnation, de l’immortalité humaine, de l’unité et de la personnalité divine, de la responsabilité de l’homme envers Dieu, ainsi qu’un rejet de l’ensemble de ce corpus de pensée, de doctrine, de culture et de dévotion en acte récapitulé par le mot « catholique » : en ce sens, l’attaque moderne constitue bel et bien un retour effectif au paganisme. »3
Nous ne pouvons que souscrire à cette remarque, et nous pouvons même profiter d’un recul de près de cent ans de victoire de la révolution pour constater ce retour au paganisme non seulement dans les institutions, mais maintenant dans la société entière : les mœurs découlant des institutions paganisées deviennent elles-mêmes païennes, plus ou moins subtilement, et avec plus ou moins de barbarie, mais sans conteste, l’esprit chrétien, la charité chrétienne, les vertus chrétiennes infusant dans toute la société ne sont plus que de vieux souvenirs d’une époque révolue : c’est le retour de la dureté, de la vengeance, de la violence barbare, des vices, comme l’orgueil, l’avarice, l’envie et autres joyeuseté, légitimés et présentés sous un jour vertueux…
Alors revenons aux pieds du Roi très chrétien ! C’est une urgence.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac
1Hilaire Belloc, « Les grandes hérésie », Paris Artèges, 2022, p.242.
2Ibid, p.243.
3Ibid, p.243.