La religion catholique à la lumière du soleil levant. Péché originel, souillure et idée de progrès
Le mot « progrès » est un de ces termes piégés, prétexte à toutes les horreurs, arme létale pour les reins et les cœurs, et abrutissant de première. Ce genre de mot devrait tout de suite inciter à la méfiance dès qu’il est utilisé, tellement est-il mal compris, manipulé et utilisé à tout bout de champ. A commencer par les catholiques bien entendus. Lorsqu’on entend un prêtre parler tout de go et de façon enjouée du progrès apporté par le Christ, avec d’ailleurs un mépris à peine voilé pour ceux qui n’ont pas reçu la visite du Christ, dans une sorte de morgue bien classique que l’on connait chez les élus qui peuplent d’ailleurs nos parlements et autres chambres désespérantes, nous ne pouvons qu’être dépités devant cette révolution rampant au sein de l’Eglise catholique.
Pourtant, il serait peut-être plus naturel de voir les choses différemment. S’il est évident que Jésus est venu nous sauver et que c’est une grâce incomparable, il faudrait peut-être se demander pourquoi il est venu en Palestine et non pas ailleurs, par exemple en Asie. Ne serait-ce pas le signe que notre partie du monde avait vraiment un besoin pressant d’être sauvé, car elle s’était éloignée de trop de la voie divine. Il ne serait pas si farfelu que cela d’affirmer que la religion du livre avant Jésus devait être déjà bien décadente à un certain point. Jésus n’est ainsi venu apporter ni une révolution, ni un progrès, mais rétablir la forme originelle de la loi, c’est-à-dire la voie divine, et nous redonner toute l’ampleur de la possibilité du salut.
Mais de progrès, nulle question. Nous sommes marqués par le péché originel, et la création avec, que notre nature mortelle nous rappelle constamment. La seule chose que nous promet Jésus n’est pas un progrès vers un mieux inconnu, mais un retour, tout aussi inconnu, vers notre condition première, celle débarrassée de la mort, c’est-à-dire du péché dans sa forme primordiale. Tout péché est ainsi une force mortifère qui attaque la vie et dont la mort n’est que la forme la plus pressante peut-être. La vie éternelle n’est rien d’autre que la suppression de la mort, soit le retour à notre état premier, avant d’avoir ouvert la porte à la mort. Aucun progrès au sens propre du terme, et à la vue totale de la chaîne des temps et de l’humanité depuis le commencement.
Cette idée de péché originel se retrouve d’ailleurs dans toutes les religions d’une façon ou d’une autre, même si aucune, peut-être, ne prend aussi clairement conscience des faits que la religion chrétienne. La souillure nipponne permet d’apporter un éclairage vraiment rafraîchissant au péché chrétien. La souillure, comme le péché, possède un caractère inéluctable, que nous avons tous comme une tare, un point c’est tout. Comme la mort ou le mortifère qui souille originellement en particulier, mais aussi pour les souillures dans les actes et les pensées, péchés que nous commettons inéluctablement, et que, si nous pouvons réduire par notre sainteté, nous ne pouvons jamais supprimer ni complétement ni définitivement. Cette propension de la souillure à s’accumuler est peut-être la plus grande malédiction de l’homme. C’est ce qu’on pourrait appeler la propension au mal, voire la tentation au mal. Même sans viser consciemment le péché, nous péchons, même sans nous rouler dans la souillure, la souillure gagne, comme une moisissure. Le naturel de l’homme est donc, habituellement, de se purifier pour se débarrasser de la souillure, sorte de rocher de Sisyphe qui n’a pas de fin dans cette vie terrestre, ou, autrement dit, de se sanctifier habituellement, tout le temps. Cette situation est à peu près l’optique catholique ou nipponne, mais la complexité vient de cette modernité qui se vautre en toute conscience de cause, volontairement et, de surcroit, en se targuant que c’est bien ou pur, en bref, la modernité est cette malfaisance à faire le mal volontairement et faire accroire que le péché est vertu.
Ne succombons en tout cas jamais à la tentation de l’hybris, autre nom du progrès, qui contient en lui une idée de démesure et de superbe bien peu chrétiennes, et dont Jésus n’a jamais été porteur.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France
Bonjour Monsieur,
Merci pour cet article. Vous parlez du fait, que selon vous, toutes les religions parlent du péché originel.
J’aimerais savoir lesquelles auxquelles vous pensez ? Car vous n’évoquez que le Japon et sans doute le Taoïsme ?
Or le livre de Pierre Perrier : “Thomas fonde l’Eglise en Chine, 58-60 A; J-C” démontre (Pierre Perrier est un exégète, bibliste, théologien, mais avant tout un grand scientifique, membre de l’Académie des sciences) que l’apôtre Thomas, parti de Jérusalem a converti au Christianisme : le Japon, la Chine, la Corée et le Tibet avant d’être tué, comme Jésus, d’un coup de lance dans le cœur, à Chennai, en Inde, près de Pondichéry. Dans sa tombe, les archéologues ont découvert récemment la pointe de la lance qui lui a transpercé le cœur !
D’avance merci pour votre réponse.
Bonne fin de carême et joyeuse fête de Pâques
Bonjour Monsieur, je serai intéressé de lire le livre de Perrier, je note la référence. Je pense essentiellement à tout ce qui a trait à la “souillure” ou à la “souffrance” qui se retrouve dans les chamanismes du Pacifique et d’Asie orientale, chez les tribus des amériques, dans le bouddhisme, dans les religions antiques européennes, etc. QUand je dis qu’elles en parlent, ce n’est jamais en clair, c’est plutôt la trace que quelque chose est “sale” “impure” et qu’il faut s’en purifier, souvent matérialiser, souvent extérioriser sur d’autres (les castes en Inde, l’esclavage, tels animaux impurs, etc).
Pour le Japon, je pense tant au bouddhisme, qu’au chamanisme, qu’à l’animisme, qui se retrouve d’ailleurs largement dasn toute l’Asie orientale. Mais aussi au bouddhisme.
Pour faire rapide,
J’espère que cela répond à votre question
Bonne fin de Carême