La présentation de Jésus au temple : « Lumière d’Israël »
La fête du 1er février (*) est la solennité de la rencontre du Seigneur et de son Peuple, en la personne de deux vieillards Syméon et Anne, lors de cette présentation au Temple. Et nous avons imaginé que cette méditation de Guerric d’Igny (vers 1075-1157), moine cistercien et abbé d’Igny, abbaye située dans la Marne, alimenterait parfaitement votre soif de connaissance du sujet :
« Frères, qui aujourd’hui ne se souvient tenant le Cierge allumé à la main, du vieillard Syméon ? En vérité, radieux vieillard, tu ne portais pas seulement la Lumière en tes mains, mais en tes sens. À pareil jour, prenant dans ses bras Jésus, le Verbe présent en la chair, pareil à la lumière du cierge, Syméon témoignait que c’était Lui “la Lumière destinée à éclairer les nations.”Siméon était, certes, une lampe ardente, qui rendant témoignage à la Lumière; c’est pour cela qu’il était venu au Temple, guidé par l’Esprit dont il était rempli: “pour recevoir, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton Temple”, pour proclamer qu’elle était la miséricorde, la lumière de ton peuple. Tu en étais si bien illuminé, que tu voyais avec pareille clarté si longtemps à l’avance, l’illumination des nations. Dès lors, au sein même des ténèbres de ton peuple, resplendissait pour toi l’éclat de notre foi d’aujourd’hui.
Réjouis-toi à présent, ô Syméon ! Vois ce que d’avance tu prévoyais! Les ténèbres du monde se sont dissipées, et les nations marchent à ta lumière…Embrasse donc, ô saint vieillard, la Sagesse de Dieu ; serre sur ta poitrine la miséricorde de Dieu, et dis : Il demeurera sur mon cœur. Même lorsque je L’aurai rendu à sa Mère, Il restera avec moi ; reçois mes compliments, ô pleine de grâce, toi qui as mis au monde la Miséricorde que j’ai reçue, toi qui as confectionné le Cierge que j’ai pris en mains. Toi, Vierge, cire vierge, lumière vierge, tu as fourni la cire à la Lumière que j’ai reçue, tu as revêtu, Mère immaculée, le Verbe d’une chair immaculée!”
Cette fête, de tradition catholique, de la Présentation du Seigneur autrefois appelée « Purification de la Vierge Marie » rappelle que Jésus fut présenté au temple, 40 jours après sa naissance, selon la loi de Moïse (Exode 13, 11-13) et offert à Dieu (Luc 2, 22-40). Le vieillard Syméon fut le premier à reconnaître en l’enfant Jésus la « lumière pour éclairer les nations ». Syméon et la prophétesse Anne étaient venus au temple, sous l’impulsion de l’Esprit Saint. Éclairés par ce même Esprit, ils reconnurent leur Seigneur dans le petit enfant et ils l’annoncèrent à tous avec enthousiasme.
De la même manière que pour le vieillard Syméon, Jésus est considéré comme la “Lumière d’Israël”, la procession des lumières nous rappelle que nous sommes « rassemblés par l’Esprit Saint » et invités à avancer dans la paix, à la rencontre du Seigneur « pour le reconnaître à la fraction du pain, en attendant sa venue dans la gloire. »
À l’époque des Romains, il s’agissait d’une fête en l’honneur du dieu Pan. C’est à partir de 492 que fut organisée une procession annuelle, au cours de laquelle étaient allumés des cierges bénis. La fête de la Chandeleur tire d’ailleurs son nom du latin festa candelarum (fête des chandelles). Afin d’encourager et de récompenser les nombreux pèlerins venus jusqu’à Rome pour fêter la Chandeleur, le pape Gélase 1er leur distribua des crêpes (decrispus, ondulé en latin), appelées “oublies” en ce temps, donnant ainsi naissance à une tradition toujours respectée.
D’après la coutume, les paysans parcouraient les champs en portant des flambeaux pour purifier la terre avant de semer. Au Ve siècle, le pape la remplace par la Présentation de Jésus au temple. La tradition voulait que l’on fasse des crêpes avec la farine de l’année précédente, symbole de prospérité pour l’année à venir. Dans le monde paysan, cette date symbolise également la sortie de l’hiver et le retour au travail agricole. Les chandelles bénies étaient donc conservées par les paysans superstitieux qui les rallumaient dans le but de protéger les futures récoltes. Avec le temps, les crêpes devinrent également un témoignage d’allégeance des fermiers envers leurs seigneurs, qui s’en voyaient offrir chaque année. Il règne autour de la Chandeleur une atmosphère de superstition pour qui connaît encore cette tradition catholique. A enseigner à l’école ? Pour qu’elle ne disparaisse pas sous le manteau noir des mesures prises au nom de la laïcité par une certaine ministre, qui nous donne matière à bien des réflexions pour de futurs combats à mener ! S’il est d’usage de manger des crêpes le 1er février, dans certaines régions du sud de la France, la Chandeleur se réalise avec des beignets. La forme et la couleur de la crêpe symbolisent le soleil annonciateur des beaux jours.
L’une des origines de la Chandeleur remonte également aux Parentalia romaines données en l’honneur des morts qui étaient veillés à la chandelle. Les crêpes seraient en fait les descendantes des galettes de céréales que mangeaient alors les Romains. Pour ce qui est de faire sauter les crêpes à la Chandeleur en tenant une pièce de monnaie (un Louis d’or de préférence) dans la main, cela nous viendrait de Bretagne. La crêpe, qui se retourne dans la poêle, assure chance et richesse toute l’année ! La Chandeleur qui marque aussi l’ouverture de la période de Carnaval, est ainsi censée exorciser la misère toute l’année.
Pour rester sur une note de légende, voyons celle de la crêpe Suzette ! C’est un disciple du grand Escoffier, Henri Charpentier qui dit l’avoir inventée, en 1896, comme la plupart du temps, par hasard. A cette époque, il travaillait au café de Paris, à Monte-Carlo lorsque le prince de Galles, futur Édouard VII pénétra dans l’établissement accompagné d’une superbe jeune femme. Édouard désirait manger des crêpes que Charpentier arrosa de Cognac mais suite à un geste malheureux, il y mit le feu… Le prince trouva la préparation particulièrement appétissante et le spectacle du cognac qui flambe un fort joli spectacle. Comme il demandait plus d’explications sur cette nouveauté, le jeune Charpentier lui demande l’autorisation de baptiser ses crêpes de son nom. Mais le prince, qui était galant homme, préféra que l’on donnât le nom de « Suzette », prénom de la personne qui l’accompagnait. Rien n’échappe au hasard…
L’important est de ne pas oublier le pourquoi de cette journée de fête et de nous efforcer de la faire connaître pour que ne s’éteigne jamais le feu de nos traditions catholiques. Le jour de la Chandeleur, des processions aux chandelles sont organisées. Chaque croyant doit récupérer un cierge à l’église et le ramener chez lui en faisant bien attention à le garder allumé. Que cette semaine vous soit sucrée et parfumée comme la confection de ces crêpes, belle introduction à ce mois de février ! Une seule consigne : soyez heureux et propagez le bonheur autour de vous …
Solange Strimon
* La Chandeleur se fête très exactement 40 jours après Noël.