La Pentecôte, fête de l’Esprit-Saint et de l’Église
La Pentecôte (du grec ancien πεντηκοστὴ ἡμέρα / pentêkostề hêméra, « cinquantième jour ») est une fête chrétienne commémorant la venue du Saint Esprit, cinquante jours après Pâques, sur les apôtres de Jésus de Nazareth et les personnes présentes avec eux, rapportée dans les Actes des Apôtres. Cette fête tire son origine de la fête juive de Chavouot ou fête des Semaines. Sa célébration est attestée localement à partir du IVème siècle. C’est l’une des plus grandes fêtes chrétiennes célébrées.
La Pentecôte est un jour marqué par la naissance des deux religions : les juifs commémorent le jour où Moïse reçoit les dix commandements et les chrétiens celui où les disciples de Jésus reçoivent l’Esprit-Saint, qui les pousse à sortir pour annoncer que le Christ est vivant. L’Esprit-Saint grave en leur cœur une nouvelle loi, celle de l’amour. Dans les traditions chrétiennes, la fête de la Pentecôte est une occasion spécifique de célébrer le Saint-Esprit, troisième personne de la trinité chrétienne. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit…. C’est immédiatement après la descente de l’Esprit-Saint sur les apôtres, des langues de feu très précisément, qu’est fondée l’Eglise.La Pentecôte commémore aussi le début de l’évangélisation.
C’est par sa mort sur la croix, par le plus grand acte d’amour de l’histoire de l’humanité, que Jésus a obtenu pour nous le feu véritable, l’Esprit-Saint. Dieu veut continuer à donner ce « feu » à chaque génération humaine, à tout homme, qui le demande librement. Dieu a choisi une voie naturelle pour « jeter le feu sur la terre » : Jésus a constitué l’Église comme son Corps mystique, afin qu’elle prolonge sa mission. « Recevez l’Esprit-Saint » – a-t-il dit aux Apôtres, en accompagnant ces paroles par un geste expressif : il a « soufflé » sur eux (cf. Jn 20, 22).
Un petit rappel historique. Après l’arrestation de Jésus, les disciples s’étaient réfugiés au Cénacle, craignant pour leur vie, craignant tout simplement de subir le même sort que Jésus. Après tout, ils n’étaient que des hommes, privés de leur Maître et Seigneur, naturellement inquiets de leur présent et de leur avenir. Qu’allaient-ils leur arriver ? Mais voilà que des langues de feu se posèrent sur eux, leur faisant oublier leur peur, les envahissant de la force de l’Esprit-Saint et leur faisant comprendre les mystères de Dieu. Fortifiés et rassurés, ils sortirent pour annoncer la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus. Ils étaient de nouveaux hommes, délivrés de toute peur et conscients de l’amour infini de Dieu, qui demeure toujours à nos côtés. Un extraordinaire sentiment de confiance les habita. Cette force de l’Esprit-Saint, les (futurs) martyrs, les missionnaires, les prédicateurs, les (futurs) saints la connaissent. Dans le film « Cristeros » ou « Cristiada » (toujours à voir) le petit José a dû connaître cette force pour résister à la tentation de nier Dieu et accepter si courageusement son supplice.
La fête de la Pentecôte célèbre la venue de l’Esprit-Saint sur les apôtres. Avant l’Ascension, le Christ avait annoncé aux apôtres : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Parmi toutes les solennités, la Pentecôte est considérée comme étant le but de la mission de Jésus sur terre. « Je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc12, 49). Il est question de cet événement dans la bible. L’Ancien Testament nous révèle que l’époque troublée du peuple juif durerait jusqu’à ce que l’Esprit-Saint soit répandu d’en haut (Isaïe 32,15). Le prophète Joël parle de la venue de l’Esprit-Saint : “Je répandrai mon Esprit sur toute chair … Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit”(Joël 3, 1-2). Et Jésus lui-même l’avait promis: “Vous recevrez une force nouvelle” (Actes des Apôtres).
Les chrétiens reçoivent l’Esprit-Saint au baptême. Celui-ci fortifie, console, inspire, vivifie. Il est considéré comme le meilleur des guides spirituels. Que ne l’invoquons-nous plus souvent, avec insistance dans nos prières lorsque nous avons à prendre une décision ! Évidemment, il ne faut pas attendre le dernier moment pour l’appeler à notre secours. Il est déjà tellement sollicité, mais gardons en mémoire sa force.
Pour désigner l’Esprit-Saint, dans le récit de la Pentecôte, les Actes des Apôtres utilisent deux grandes images : l’image de la tempête et celle du feu. A propos de la tempête, un « vent impétueux », appuyons-nous sur ce qu’avait dit notre cher pape émérite Benoit XVI quelques années plus tôt : « Ce que l’air est à la vie biologique, l’Esprit-Saint l’est à la vie spirituelle ; et de même qu’il existe une pollution atmosphérique qui empoisonne l’environnement et les êtres vivants, de même il existe une pollution du cœur et de l’esprit qui mortifie et empoisonne l’existence spirituelle. Alors que l’on essaie d’éviter la pollution et autres poisons de l’air, si préjudiciables à notre santé, à notre respiration, à nos poumons, à notre rythme de vie, on pourrait essayer d’éviter ce qui corrompt l’esprit. Il semblerait dans notre société en proie à tant de nuisances pour le corps et l’esprit que nous nous habituons à bien des images de violence, de mépris, de haine, véhiculées par la presse, Internet et autres médias. Soyons attentifs à ne pas nous laisser emprisonner par ce qui n’est que factice, voire dangereux. La métaphore du vent impétueux de Pentecôte fait référence à un air spirituel, un air salubre de l’esprit qui est l’amour. En ce qui concerne le feu, il semblerait parfois que l’homme se veut à l’égal de Dieu, s’étant emparé des énergies du cosmos et qu’il veuille changer le monde en imposant sa loi. Entre les mains d’un tel homme, se croyant Dieu, le « feu » peut se retourner contre la vie et contre l’humanité elle-même, et semer la mort (Les tragédies de Hiroshima et Nagasaki).
La Pentecôte se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « Lundi de Pentecôte ». En France, le lundi de Pentecôte a été jour férié depuis le Concordat de 1801 jusqu’en 2004. L’Esprit-Saint a-t-il influencé le gouvernement Raffarin pour la création de la journée de solidarité et la mise en place de la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées ? Celle-ci avait été instaurée suite à la canicule de l’été 2003, qui avait entraîné la mort de près de 15 000 personnes en France. À l’origine fixée au lundi de pentecôte, la loi Léonetti votée en 2008 a assoupli les conditions de mise en place. Les entreprises peuvent fixer elles-mêmes les modalités d’application de la journée de solidarité, d’après la nouvelle loi, publiée au J.O. le 17 avril 2008. Combien rapporte cette journée à l’État ? En 2012, la Journée de solidarité a rapporté 2,39 milliards d’euros. C’est un peu plus qu’en 2011 (2,33 milliards d’euros). Crise oblige, les revenus de 2013 (non encore affichés) s’annoncent moins importants. Entre 2004 et 2012, la Journée de solidarité a rapporté au total 18,6 milliards d’euros. La loi affecte 60 % de la contribution (1,434 milliard d’euros en 2012) aux personnes âgées et 40 % (956 millions) aux handicapés. L’argent se répartit en trois postes : un versement aux Conseils généraux pour financer l’Aide personnalisée d’autonomie (APA) et la prestation de compensation du handicap ; une enveloppe pour les établissements et services médico-sociaux et enfin un investissement dans la modernisation des établissements pour personnes âgées et handicapées.
Le lundi de Pentecôte est actuellement jour férié en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, à Luxembourg, aux Pays-Bas, dans certains cantons suisses, en Norvège, au Danemark, en Ukraine, en Islande, en Grèce (secteur public et certains secteurs du privé), à Madagascar, au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire et au Sénégal qui, pourtant, est un pays à 90% musulman. En Suède, il ne l’est plus depuis 2005, année où le 6 juin (fête nationale suédoise)) est devenu férié. Mais il ne l’est pas dans des pays pourtant de tradition catholique comme l’Italie, le Brésil, l’Irlande, l’Espagne, le Canada, le Portugal, la Pologne, ni au Cameroun, ni dans certains pays de tradition orthodoxe comme la Russie.
Jésus Christ a « apporté sur la terre » l’Esprit-Saint, c’est-à-dire l’amour de Dieu qui « renouvelle la face de la terre » en la purifiant du mal et en la libérant de la domination de la mort. L’Église est devenue le prolongement de l’œuvre rénovatrice du Christ. Qui reçoit l’Esprit-Saint bénéficie des dons de science, de sagesse, de conseil, de force, de crainte de Dieu, de piété et d’intelligence. Tous ces dons ne forment qu’un seul Esprit, l’Esprit-Saint. L’action de ces dons dans le cœur de toute personne désirant sincèrement aimer le Seigneur va transformer sa vie de tous les jours : ” Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous et vous serez mes témoins.” (Actes 1, 8).
N’a-t-on vu dans la force de l’Esprit-Saint l’élection si rapide du pape François ? Tellement improbable pourtant, tout autant que la renonciation de Benoit XVI, poussé par ce souffle de Dieu à laisser place à un autre pasteur, lequel a pris la relève avec le talent que l’on sait pour diriger ce vaisseau d’un milliard deux cents millions de personnes sur une terre d’espérance et d’amour. N’ayons pas peur de dire par l’intercession de Marie : « Envoie ton Esprit, Seigneur, qu’il renouvelle la face de la terre ». Excellente semaine à toutes et à tous et que l’Esprit-Saint n’oublie pas de passer au-dessus de nos têtes et nous inspire pour les jours, les semaines, les mois à venir !
Solange Strimon
NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée au sujet suivant : « La fête de la Trinité et… celle des pères »