L’épiphanie, symbole de la paix dans le monde
Quel bonheur de commencer le premier dimanche du premier mois de l’année en célébrant la fête de l’Epiphanie ! Si dans la nuit de la Nativité, les bergers ont entendu la voix de l’Ange et se sont dirigés vers l’enfant Jésus, il n’en est pas de même pour l’épiphanie. Dans le langage biblique, la voix de l’Ange, c’est celle de Dieu, Dieu qui appelle son peuple pour le conduire vers le nouveau-né et reconnaître le Messie. Ce n’est pas Dieu qui entre en scène avec les mages. C’est une étoile, une étoile qui a guidé trois hommes venus de pays lointains pour reconnaître le roi des Juifs.
L’Epiphanie est une fête chrétienne qui évoque la visite des Rois Mages à l’Enfant de la crèche, et qui rappelle le dévoilement, la manifestation (origine du terme Epihanie, du verbe φaινω, faïnò, « se manifester, apparaître, devenir évident ») du Christ au monde entier, symbolisé par ces trois Mages. En France, cette fête tombe en 2014 le 5 janvier. Elle a donné lieu à la coutume de la galette des rois ou couronne des rois avec toute sa symbolique. Le sens profond de la fête de l’Épiphanie, avec l’évocation des mages venus d’Orient à Bethléem, rappelle la dimension universelle du message évangélique.
Dans les églises orientales, cette fête a une signification bien plus importante que dans l’Eglise romaine, on l’appelle la Théophanie, ou la manifestation de Dieu. Cette fête est même encore plus importante que Noël dans les traditions orientales avec plus de joie et de célébrations. C’est aussi la fête du dévoilement de la lumière qui vient briser les ténèbres.
Dans l’Evangile de Matthieu (chapitre II, versets 1-2 et 10-11), il est écrit : « Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem en disant : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage”. Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe». La légende commence. Les rois mages quittent l’enfant Jésus, mais ne vont pas dire à Hérode où il est, ainsi qu’il le leur avait demandé. Hérode fit tuer tous les enfants de moins de deux ans présents à Bethléem. La famille de Jésus était déjà partie à Nazareth.
Après cette mention des Mages (qui n’apparaît cependant que dans l’Evangile de saint Matthieu), les siècles ont apporté leurs nombreuses explications symboliques, reliant la visite de ces Mages venus d’Orient aux différents textes de l’Ancien Testament.Ces mages symbolisent l’ouverture universelle de la manifestation de Dieu en ce monde.
Les interprétations traditionnelles ont vu dans ces trois cadeaux des présents symboliques, honorant différents aspects de la vie du Christ. Si les Rois Mages figurent dans toutes nos crèches, et si les enfants les attendent avec impatience jusqu’au jour de la fête de l’Epiphanie, saint Matthieu ne cite ni leur nom, ni leur nombre, et il ne les nomme pas “Rois” mais “Mages”, de la racine du mot magicien. Il nous indique en revanche les présents que les Mages apportent au Messie.
Ainsi, l’or célèbre sa Royauté (Jésus est or, c’est le fils de Dieu) ; l’encens rappelle sa nature divine puisqu’il est utilisé pour le culte divin (parler avec Dieu, ce que font tous les enfants de Dieu) ; quant à la myrrhe, elle évoque la nature humaine du Christ puisqu’elle est la plante dont on se servait pour embaumer les morts (elle symbolise l’intimité profonde, voire un amour passionné envers Jésus qui est lui-même “notre myrrhe”). L’or, l’encens et la myrrhe étaient de prix très élevés à cette époque.
Les noms des Mages sont apparus pour la première fois dans un manuscrit datant du VIe siècle, sous la forme ancienne de Gathspa, Melidchior et Bithisarea. Au fil des siècles, leur nom s’est fixé sous la forme que nous connaissons aujourd’hui : Gaspard, Melchior et Balthazar. Origène, Père de l’Eglise, fut le premier à dire dans l’histoire que ces Mages étaient trois, en établissant leur nombre d’après celui des présents apportés à l’Enfant Messie. Le texte biblique emploie le terme de mage, du grec μάγος. On employait aussi le terme grec dans un sens péjoratif, avec celui de magicien. Ce terme est à l’origine de la magie, du magicien et de ce qui est magique.
Les rois mages sont le vrai symbole de l’unicité, de l’égalité de l’humanité devant Dieu. Ils sont dépeints comme de nobles pèlerins guidés par un astre pour adorer le Christ nouveau-né en Israël. Ces Mages ont su reconnaître dans l’Enfant, né dans l’étable de Bethléem, le Messie tant attendu par le peuple d’Israël, contrairement aux autorités de l’époque. Mais qui étaient ces rois mages ? Balthazar est le nom d’un prince de Babylone, Bel-sharra-outsour, qui signifie “le protecteur du maître”. Ce roi mage, à la peau noire, vient d’Afrique. C’est lui qui offrira la myrrhe, une résine parfumée, représentant l’aspect mortel de Jésus. Gaspard, originaire de l’Inde, est le plus jeune des rois mages, imberbe avec une peau hâlée. Il apporte l’encens à Jésus ; l’encens représentant l’offrande faite à un Dieu. Melchior, originaire de Nubie, à la peau foncée, est souvent représenté comme un homme âgé, aux cheveux blanchis et à la barbe longue. Son nom provient de l’hébreu “melech” qui signifie “le roi ». Il apporte l’or qui est le symbole du caractère royal de Jésus.
L’arrivée des trois rois mages est à considérer sur un plan philosophique. Les trois mages représentent les trois stades suprêmes de l’être humain à cette époque, un roi, un prêtre et un prophète. Ces rois sont le symbole de la paix dans le monde. L’importance de ces Rois mages est évoquée au VIème siècle dans l’Évangile arménien de l’Enfance. Ils appartiennent à trois peuples différents des trois continents alors connus, l’Asie, l’Europe et l’Afrique, ce qui en faisait vraiment de dignes représentants de toute l’humanité.
Selon l’usage, on installe la crèche en dessous du sapin de Noel le 1er dimanche de l’Avent, ou pour la Saint Nicolas. Elle restera exposée jusqu’au 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple et elle veille donc sur la maison le jour de l’Epiphanie et de l’arrivée des Rois mages. Ensuite, on range la crèche et toutes les décorations de Noel pour l’année suivante. La tradition des crèches de Noël s’est étendue dans le monde entier, on voit maintenant des crèches africaines en bois ou asiatiques avec un petit Jésus aux yeux bridés, ou encore faites d’argent en Roumanie.
A l’heure où certains veulent faire interdire le sapin de Noël dans les écoles, celui-ci étant à leurs yeux une représentation religieuse, il m’a semblé utile de faire quelques recherches. Les Celtes entre 2 000 et 1 200 avant Jésus-Christ avaient associé un arbre à chaque mois lunaire. L’épicéa restant vert et ne perdant pas son feuillage fut alors associé au 24 décembre. Ce rite païen du solstice conduisait à décorer cet “arbre de vie” de fruits, fleurs et blé. En 354 après Jésus-Christ, l’Eglise souhaitant rivaliser avec cette fête païenne fixa la fête de Noel le 25 décembre. Ce n’est certes qu’une interprétation, mais retrouvée à plusieurs reprises.
Pour conclure sur cette fête de l’Epiphanie, un souhait : que la France reste le pays de Clovis, qui eut le bonheur d’aimer Clotilde, une princesse burgonde, élevée dans la foi catholique, et qui se convertit par amour pour elle au catholicisme, notre religion, celle de la France, qui n’a pas vocation à devenir multiraciale, multiculturelle, multiconfessionnelle. N’oublions jamais que Clovis est souvent présenté comme le premier roi des Français par son baptême le jour de Noël, le jour de la naissance du Christ, en la cathédrale de Reims, communément le 25 décembre 496.
En ce début d’année, donnons-nous de l’espérance en pensant à la victoire de Tolbiac et à ses conséquences. A toutes et à tous, une belle année 2014 sous le signe de Jésus, Marie, Joseph et de ces rois mages. Qu’ils nous apportent tout ce dont nous aurons besoin pour que la France reste la France avec sa culture, ses coutumes, ses rites chrétiens et ses fêtes catholiques. Soyons forts, combatifs et ne nous résignons jamais à perdre notre identité française chrétienne.
Solange Strimon
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