Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Le temps fort de la messe, c’est bien entendu la communion eucharistique et ce rappel : « Celui qui me mangera, vivra par moi » (Évangile selon saint Jean : 6-51 à 58). Une phrase qui n’est pas facile à comprendre pour qui ne lit pas les évangiles et ne cherchent pas à aller plus loin dans l’analyse de cette double problématique du pain et du vin, du Corps et du Sang du Christ.
Dans les premiers siècles, il n’existait aucune célébration particulière pour l’Eucharistie. Elle était solennisée durant la « Grande Semaine », au jour du Jeudi-Saint qui connaissait trois messes : l’une pour la réconciliation des pénitents, une autre pour la consécration des Saintes Huiles et la troisième « In coena Domini », la Cène du Seigneur. Le Christ ressuscité, se rend présent en ce mystère, par une transformation « réelle » du pain et du vin dont la réalité d’être du pain et du vin n’est pas détruite. Saint Paul (1 Corinthiens 11. 27 et 29) nous demande de savoir discerner le fait que la réalité divine du Seigneur ne détruit pas la réalité humaine du Christ.
Prenons nos marques avec le Cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, qui nous a donné en 2001 de quoi satisfaire notre esprit, avide de connaissance (…) On considère communément le sacrifice comme la destruction d’une réalité précieuse aux yeux de l’homme; en la détruisant celui-ci veut consacrer cette réalité à Dieu, reconnaître sa souveraineté. Cependant (…) des hécatombes d’animaux (du bétail, autrement dit des animaux destinés à être abattu et consommé) ou de quoi que ce soit ne peuvent honorer Dieu. (…) En quoi consiste alors le sacrifice? Non point dans la destruction (…) mais (dans) la transformation de l’homme. Dans le fait qu’il devient lui-même conforme à Dieu. Conforme à Dieu, il le devient quand il devient Amour.
“C’est pourquoi le vrai sacrifice est toute œuvre qui nous permet de nous unir à Dieu en une sainte communauté. (…) Toutes les prescriptions divines de l’Écriture touchant les sacrifices du tabernacle ou du temple, sont des figures qui se rapportent à l’amour de Dieu et du prochain (…) Tel est le sacrifice des chrétiens : la multitude est un seul corps dans le Christ. L’Église célèbre ce mystère par le sacrifice de l’autel.” (Saint-Augustin, Cité de Dieu X,5-6).
Le Cardinal Ratzinger précise se basant sur la scène de la purification au temple rapportée par Saint Jean : (…) La réaction de Jésus à l’égard des marchands et des changeurs du temple était pratiquement une attaque contre les immolations d’animaux qui y étaient présentés, donc une attaque contre la forme existante du culte, du sacrifice en général. Face aux autorités juives qui l’interrogeaient sur ce qui équivalait à (…) une attaque contre la loi de Moïse et les prescriptions sacrées de l’Alliance.
Là-dessus Jésus répond : “Détruisez ce sanctuaire ; en trois jours je le relèverai” (Jn 2,19) (…) Les disciples ne comprirent qu’après la Résurrection (au troisième jour). (…) le temple a été aboli au moment de la crucifixion de Jésus. Jésus, selon Jean, fut crucifié exactement au moment où les agneaux pascals étaient immolés dans le sanctuaire. Au moment où le Fils (Jésus) se constitue lui-même comme agneau, c’est à dire se donne librement au Père et ainsi à nous, il est mis fin aux anciennes prescriptions du culte qui ne pouvait être qu’un signe des réalités authentiques. Le temple est “détruit”. Et désormais son corps ressuscité – lui même – devient le véritable temple de l’humanité, dans lequel se déroule l’adoration en esprit et en vérité (4,23). Le culte rendu au Saint-Sacrement célèbre l’union entre Dieu et les hommes, entre Dieu et la création. (Cardinal Ratzinger).
Plus simplement, le sang fait référence à la vie dans l’amour et le don de soi. Le sang du Christ a permis de sceller la Nouvelle Alliance pour la rémission de nos péchés et dans l’espérance d’entrer dans la vie éternelle. Grâce à cette nouvelle alliance, les chrétiens n’ont plus pratiqué de sacrifices sanglants, ainsi que les juifs avec la destruction du temple en 70 après Jésus-Christ.
L’importance vitale du sang se retrouve dans de nombreuses expressions : « Verser le sang » ; Un « homme de sang » ; « Venger le sang » ; « Faire retomber le sang de quelqu’un sur celui qui l’a versé » ; « Le prix du sang » ; le sang innocent » ; des frères de sang ; donner son sang (pour sauver). « La vie de la chair, c’est le sang. » (Lv 17,11). Dans la Bible, le sang est considéré comme ce qui donne vie à la chair.
Le sang appartient à Dieu qui est maître de la vie. Tout est lié au sang, tant au niveau des interdictions que des rituels. Le sang est considéré comme une sorte de sceau divin, la signature de Dieu au contrat d’alliance qu’il vient de réaliser avec son peuple :« Ceci est le sang de l’alliance que le Seigneur a conclue avec vous. » (Ex 24,8).
Toutes les fois où nous assistons à la messe et célébrons l’eucharistie, nous faisons mémoire de l’alliance nouvelle de Dieu et de l’homme, donnant une expression visible de l’alliance nouvelle que nous contractons avec tous les hommes. Le mot « eucharistie » veut dire action de grâces. Participer à la messe, c’est rendre grâces pour les merveilles de Dieu, les mirabilia Dei, tout ce qu’Il a fait pour son peuple depuis l’Alliance avec Abraham, l’Alliance avec Moïse, et cette Alliance nouvelle contractée dans le sang de Jésus. Comme disait le Père de Lubac à la suite d’Augustin, « c’est l’Église qui fait l’eucharistie, mais c’est l’eucharistie qui fait l’Église ». L’eucharistie, dans sa dimension d’action de grâces et de repas fraternel se présente comme « le meilleur résumé du christianisme tout entier ».
La fête du Corps du Christ nous rappelle aussi qu’il faut donner du pain à qui a faim, que ce soit sur le plan de la nourriture ou sur le plan spirituel et que l’Amour reste la recette à appliquer dans tous les domaines de notre existence. Un homme qui a faim ne sera pas très réceptif à ce message du Saint-Sacrement. Essayons de contribuer avec nos moyens et notre disponibilité à nourrir notre entourage pour que la Fête du Saint-Sacrement prenne dans tous les cœurs la dimension d’amour et de partage que nous souhaiterions lui donner. Excellente semaine à toutes et à tous !
Solange Strimon
NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée au sujet suivant : « Saint Pierre et Saint Paul, Apôtres et Martyrs ».
L’ Anthologie poétique de Solange STRIMON
Pour qui s’intéresserait à la poésie, Solange STRIMON, présidente de l’Association Internationale des Belles-Lettres, vous propose l’Anthologie 2014 dont les thèmes traités par 32 poètes et illustrés par deux grands peintres (Paul ALLÉ et Roger BURGI) sont les suivants : « Paix – Fraternité – Amour ». Merci d’envoyer – si intéressé – votre chèque de 20 € au siège de l’A.I.B.L. – 62, rue Grignan – 13001 Marseille – ou écrire à solangestrimon@orange.fr
ILLUSTATIONS POUR « LA UNE » PAUL ALLÉ – POUR « LA DER » ROGER BURGI
PRÉFACE DE GÉRARD LECLERC – AVANT-PROPOS DE SOLANGE STRIMON
ADAM MICHAEL – AGRIMONTI JANINE – ARAKEL CHANTAL – AUGENDRE DANIEL – BAILLY MARIE-ANTOINETTE – BAILLY JEAN-MARIE – BARBERY MICHEL – BISCH CHRISTINE – BLONDEL PAUL E. – CLAUDE CUDEL – DANI MARIE-FRANCOISE DOLBEAU GÉRARD – FELGEROLLES CLAUDE – GARNERO LAURENT – GASSOUMA HICHEM – GRAS ANDRÉ – GRENIER-SAMAT FRANCE LE MOIGNE DANIELLE – MELLERIO-GRASSER VYANE – ORSINI ANDRÉ – PERRUCHOT MICHÈLE – PINAUD FRANCOISE RAMOIN NICOLE – REGNEAULT ISABELLE – RICHARD CHRISTIANE – RISTORI JEAN-BAPTISTE – RONZON PASCAL – ROSPAPE VÉRONIQUE – SCHAAN YOLANDE – SCHEMBA-BENKEL SANDRINE – STRIMON SOLANGE