De l’importance de la formation politique des prêtres, par Antoine Michel
Le rôle du prêtre n’est pas de faire de la politique, c’est clair.
Dans une situation moderne, voire post-moderne, qui a détruit toute chrétienté, et où règnent les tyrannies antichrétiennes et illégitimes, la politique est déficiente au minimum et le plus souvent terriblement nuisible. Avec ses « structures de péchés », la politique dans son ensemble incite chacun à tomber dans le vice (chacun pourra le constater avec l’exemple qui lui plaît, de l’avortement au divorce, en passant par les mensonges de campagnes et autre génocide par substitution). C’est aussi une réalité.
Le grand tort des temps post-révolutionnaires a été de vouloir demander aux prélats, et au Pape en particulier, de combler notre déficit d’autorité politique. En France, cela s’est exprimé par l’ultramontanisme. Celui-ci fut un temps salutaire, mais ses excès eurent pour conséquence le Ralliement, la condamnation de l’Action Française et, pire encore, une certaine papolâtrie qui mena plus tard à l’expansion de la crise post-conciliaire. On a en effet confondu la parole de Dieu et la parole du Pape, dans un cléricalisme outrancier et destructeur…
Avec la crise de l’Église, notre société a perdu toute autorité de référence, ce qui explique son état maladif et moribond. Or une saine vie politique est le pendant temporel de la santé physique : tel le malade perpétuel, qui ne pourrait plus pratiquer la vertu qu’avec difficulté en raison de la perte de ses facultés, l’homme moderne placé dans une dissociété est toujours entravé dans son perfectionnement, quand il n’est pas même le plus souvent entraîné vers sa dégradation. Tout cela représente des entraves immenses au travail de la Foi !
En ce sens la politique est première et essentielle, aussi pour l’action de la grâce ! Une mauvaise politique dans une mauvaise société empêche, par essence, d’arriver à Dieu : seuls les miraculés pourront s’en sortir, mais la masse sera vexée, éloignée de la vérité, et si certains se sauvent ce sera toujours in extremis, et loin de la perfection qu’ils auraient pourtant mérité s’ils avaient été bien éduqués et formés.
La religion traditionnelle aujourd’hui semble posséder une faiblesse sur ce plan : celle de sous-estimer l’importance d’une politique chrétienne, d’une vraie politique, non cléricale mais bien fondée sur la tradition chrétienne française. On parle à la rigueur, dans nos fraternités, de la royauté sociale du Christ, mais on ne parle pas du Roi lieutenant de Dieu sur terre, qui est pourtant la seule personne en France susceptible de réinstaurer et de défendre sur le long terme la place du Christ dans la Cité. On a parfois l’impression que, tant qu’on peut pratiquer les sacrements, tout va bien : mais quel manque de charité pour tous ceux qui, victimes de la Modernité, sont détruits spirituellement ! Et quel mauvais calcul : animaux politiques, nous sommes aussi influencés par la société politique, y compris en mal, ce qui pèse sur nous et nos familles. De plus, la pratique religieuse n’est que tolérée aujourd’hui, et elle sera un jour à nouveau persécutée (et cela peut-être au sein même de l’Église, comme semblent l’annoncer Traditiones Custodes et quelques rumeurs récentes — à prendre avec des pincettes, comme toutes rumeurs).
Alors, oui, il serait bon que nos prêtres, dans les séminaires, soient formés politiquement à la politique Très Chrétienne que nous pouvons constater dans notre histoire et qui pourrait se résumer à la doctrine contre-révolutionnaire que de nombreux prélats et laïcs ont présentée depuis la Révolution française.
Cela permettrait à nos bons abbés de comprendre que l’incarnation est aussi un principe politique, permettant par ailleurs d’agir chrétiennement dans ce domaine qu’est la politique. Cela leur rappellerait encore que le prêtre doit s’appuyer sur le seigneur laïc pour travailler plus efficacement au salut des âmes, sans jamais pour autant le remplacer comme l’a fait le pape aux XIXe et XXe siècles.
Antoine Michel
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !