De Béthanie à la place Saint- Pierre : la symbolique du baptême
Nous fêtons aujourd’hui 12 janvier le baptême du Christ, qui a eu lieu à Béthanie au-delà du Jourdain. Avant de parler de sa dimension chrétienne et symbolique, laissons-nous porter – pour mieux y entrer – par les œuvres admirables des plus grands peintres ayant décrit cet évènement, mieux que s’ils y avaient été !
La vie de Jésus a tellement inspiré les artistes-peintres, les sculpteurs, les poètes et les écrivains ! Que seraient nos églises sans ces témoignages de beauté, de création, de retour sur ce passé religieux, si précieux à nos yeux et à ceux des touristes, chrétiens ou non, visitant ces lieux empreints d’une mémoire éternelle ? Léonard de Vinci n’a-t-il pas commencé à se faire connaitre avec le Baptême (1472-1475) ? D’autres ont réalisé des œuvres admirables. Ne citons que Cornelis van Haarlem, Piero della Francesca, Joachim Patenier, Nicolas Poussin…
Qu’il s’agisse des évangiles de Matthieu (III 13-17), de Marc (I 9-11), de Luc (III 21-22), les courtes descriptions se ressemblent. Jean (I, 24-37), le disciple bien-aimé, à qui Jésus confiera sa mère en mourant, nous apporte beaucoup plus de précisions. Alors que les pharisiens l’interpellent, Jean répond notamment par cette phrase devenue célèbre : … « Celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale… ». Et le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » 30 Jean va rendre témoignage en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. 34 Et moi, j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Elu de Dieu. »35 Le lendemain, Jean se tenait là, de nouveau, avec deux de ses disciples. 36 Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’agneau de Dieu. » 37
Avec Jean, tout est dit et nous-mêmes nous pouvons nous donner l’illusion de faire un grand saut dans le passé et de vivre cet instant de grâce. Le baptême de notre Seigneur s’est réalisé selon les Saintes Ecritures. Le baptême nous amène au mystère de l’eau, à cette mort symbolique par une dissolution dans l’eau. Un spécialiste des mystères de l’eau, écrira : « C’est l’homme ancien qui disparaît […] c’est le retour aux sources […] et c’est l’homme Nouveau qui en surgit, purifié, l’Homme-Dieu, intégré aux quatre éléments de la Création, dans une parfaite harmonie.»
A partir de l’eau, symbole de la vie, tout vit, tout renaît l’eau est indispensable pour vivre. Il est des eaux vives, des eaux courantes, des rites de purification (dans toutes les religions) mais aussi des eaux mortes.
Jean-Baptiste avait dit : “Moi je vous baptise dans l’eau en vue de la rémission des péchés, mais vient quelqu’un après moi qui est plus grand que moi, et lui vous baptisera dans l’Esprit Saint” (Mc 1,7-8). L’Esprit Saint est le souffle vital de Dieu, être baptisé dans l’Esprit, c’est être baptisé dans la vie même de Dieu.
Jésus va plus loin : l’eau nous donne la vie même de Dieu et c’est cette vie qui nous délivre de nos péchés mais qui, bien davantage, nous fait entrer dans la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit. Soulignons qu’au temps de Jésus, il y eut de nombreuses manifestations à partir de l’eau (lors des noces de Cana, il a transformé l’eau en vin ; il a marché sur les eaux ; l’eau est sortie de son flanc droit alors qu’il rendait son âme à Dieu).
Pour certains, l’eau “instaure une limite entre le matériel et l’immatériel, entre l’homme et le divin”. Les ablutions, les aspersions, les immersions amènent l’homme à passer dans une autre dimension. Le pouvoir de l’eau sur notre corps et sur notre esprit dépasse tout ce que l’on peut imaginer. La symbolique du baptême émeut à plus d’un titre, et elle nous donne à réfléchir sur tous les évènements passés en rapport avec l’eau. Qui n’a en mémoire le passage de la Mer Rouge permettant aux Hébreux d’échapper aux Égyptiens (Ex. 14, 21-22) ? Et dans un autre registre, le déluge qui nettoie la terre des péchés des hommes ?
Peut-être qu’après la lecture de cet article, accorderez-vous plus d’importance à la présence de l’eau dans les églises : le bénitier à l’entrée, les fonts baptismaux, le prêtre se lavant les mains après l’offertoire, l’eau mélangée au vin durant l’eucharistie (symbole de l’humanité se mêlant au sang du Christ), les sources miraculeuses de certaines villes, hauts lieux de pèlerinage…
Il y a tant à dire à propos du baptême de Jésus et de la symbolique de l’eau qu’il nous faut pourtant rester sobre dans la rédaction de cet article. Dans les périodes de doute et d’interrogation, ayons Jésus en tête qui a dit dans le Nouveau Testament: « qui boira l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai devient en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle ». Ne nous en privons pas !
C’est un bienheureux hasard si le très cher Pape François, inépuisable dans ses démarches de conversion, de remise en question, de spiritualité, de charité, d’implication dans la vie politique, a choisi pour la première audience générale de l’année 2014 (ce mercredi 8 janvier) de parler de baptême.
Il a souligné sur la place Saint-Pierre que le baptême immerge l’homme « dans cette inépuisable source de vie qu’est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ». Pour le Saint Père, le baptême : « C’est un acte qui touche l’existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant qui n’est pas baptisé, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas la même chose, une personne baptisée, ou une personne qui n’est pas baptisée ».
Et le pape François a demandé à chacun de retrouver la date de son baptême, pour la considérer comme un jour de fête, en réveiller la mémoire, afin que ce baptême ne soit pas « un évènement du passé qui n’a plus aucune incidence sur le présent » mais qu’il soit vécu « tous les jours, comme une réalité actuelle de l’existence ».
C’est ce que je vous invite à faire – en toute simplicité – pour trouver dans cette recherche et son aboutissement de nouvelles pensées positives afin de chasser les ondes négatives, destructives, propulsées par tant de lois discriminatoires vis-à-vis des chrétiens, principalement des catholiques.
Solange Strimon