Bossuet contre l’animalisme, par Paul-Raymond du Lac (2)
Premier article :
Bossuet contre l’animalisme, par Paul-Raymond du Lac (vexilla-galliae.fr)
Nous avons dans le premier article le raisonnement des animalistes, dans leur substance, et qui se retrouvait déjà au temps de Bossuet. Certaines techniques des sophistes vendant l’erreur sont aussi notables, comme l’usage de la « nouveauté » ou d’une certain « maniérisme » intellectuel qui impressionne toujours et cache la misère intellectuelle.
Rappelons le fond psychologique qui explique le raisonnement animaliste :
« Tous les raisonnements qu’on fait ici en faveur des animaux, se réduisent à deux, dont le premier est : Les animaux font toutes choses convenablement aussi bien que l’homme ; donc ils raisonnent comme l’homme. Le second est : Les animaux sont semblables aux hommes à l’extérieur, tant dans leurs organes que dans la plupart de leurs actions ; donc ils agissent par le même principe intérieur, et ils ont du raisonnement. » (Bossuet, Œuvres Complètes, 1879, Tome IX, p.88-89, les parties en gras sont de nous)
Pourquoi ce raisonnement est-il faux ?
« Le premier argument a un défaut manifeste. C’est autre chose de faire tout convenablement, autre chose de connaître la convenance. L’un convient non-seulement aux animaux, mais à tout ce qui est dans l’univers : l’autre est le vrai effet du raisonnement et de l’intelligence. Dès là que tout le monde est fait par raison, tout s’y doit faire convenablement. Car le propre d’une cause intelligente est de mettre de la convenance et de l’ordre dans tous ses ouvrages.
Au-dessus de notre faible raison, restreinte à certains objets, nous avons reconnu une raison première et universelle, quia tout conçu avant qu’il fût, qui a tout tiré du néant, qui rappelle tout à ses principes, qui forme tout sur la même idée, et fait tout mouvoir en concours. Cette raison est en Dieu, ou plutôt, cette raison c’est Dieu même. Il n’est forcé en rien; il est le maître de sa matière, et la tourne comme il lui plaît. Le hasard n’a point de part à ses ouvrages ; il n’est dominé par aucune
nécessité ; enfin, sa raison seule est sa loi. Ainsi tout ce qu’il fait est suivi, et la raison y paraît partout.
Il y a une raison qui fait que le plus grand poids emporte le moindre ; qu’une pierre enfonce dans l’eau plutôt que du bois; qu’un arbre croît en un lieu plutôt qu’en un autre; et que chaque arbre tire de la terre, parmi une infinité de sucs, celui qui est propre pour le nourrir. Mais cette raison n’est pas dans toutes ces choses ; elle est en Celui qui les a faites et qui les a ordonnées.
Si les arbres poussent leurs racines, autant qu’il est convenable pour les soutenir; s’ils étendent leurs branches à proportion, et se couvrent d’une écorce si propre à les défendre contre les injures de l’air ; si la vigne, le lierre et les autres plantes qui sont faites pour s’attacher aux grands arbres ou aux rochers, en choisissent si bien les petits creux, et s’entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer; si les feuilles et les fruits de toutes les plantes se réduisent à des figures
si régulières, et s’ils prennent au juste, avec la figure, le goût et les autres qualités qui suivent de la nature de la plante ; tout cela se fait par raison ; mais certes, cette raison n’est pas dans les arbres.
On a beau exalter l’adresse de l’hirondelle qui se fait un nid si propre ; ou des abeilles qui ajustent avec tant de symétrie leurs petites niches : les grains d’une grenade ne sont pas ajustés moins proprement ; et toutefois on ne s’avise pas de dire que les grenades ont de la raison. » (Bossuet, Œuvres Complètes, 1879, Tome IX, p.89–90, les parties en gras sont de nous)
En résumé, que nous dit Bossuet : que l’erreur animaliste se trompe de cause, et confond le fait de posséder une intelligence, et le fait d’exprimer une intelligence, un ordre mis par quelqu’un d’autre.
Ce serait un peu comme dire qu’une peinture d’un grand maître est intelligente car visiblement la peinture est faite avec raison – en oubliant que la peinture n’a pas de raison, et que c’est bien le peintre qui a l’intelligence.
L’erreur animaliste oublie de plus que si nous pouvons constater cet ordre, et cette raison dans la Création, les animaux et autres êtres vivants ne le peuvent pas !
Bossuet prend de nombreux exemples de la nature, montrant au passage que les gens de l’époque,à commencer par les théologiens, avait une vrai connaissance de la réalité et les pieds sur terre. Nous avons mis le plus significatif : comme si Dieu s’amusait avec nous, il met les œuvres les plus élaborées d’un point de vue dans l’intelligence dans des êtres a priori insignifiants et vrimanet inférieurs, comme les insectes.
On sait qu’une toile d’araignée, des alvéoles d’abeille, ou le langage de ces insectes « sociaux » sont d’une complexité immense, et usent de concepts parfois mathématiques que nous ne comprenons pas encore bien. Et il est évident que ces insectes n’ont aucune intelligence, mais ils sont programmées à faire des choses qu’ils ne comprennent pas, et qui défient notre intelligence.
Tout cela parle de Dieu, et il faut vraiment vouloir refuser Dieu pour croire que les animaux sont intelligents…
« Ceux qui trouvent que les animaux ont de la raison, parce qu’ils prennent pour se nourrir et se bien porter les moyens convenables, devraient dire aussi que c’est par raisonnement que se fait la digestion; qu’il y^a un principe de discernement qui sépare les excréments d’avec la bonne nourriture, et qui fait que l’estomac rejette souvent les viandes qui lui répugnent, pendant qu’il retient les autres pour les digérer.
En un mot, toute la nature est pleine de convenances et de disconvenances, de proportions et disproportions, selon lesquelles les choses, ou s’ajustent ensemble, ou se repoussent l’une l’autre : ce qui montre à la vérité que tout est fait par intelligence, mais non pas que tout soit intelligent.
(…)
C’est pourquoi, quand les animaux montrent dans leurs actions tant d’industrie, saint Thomas a raison de les comparer à des horloges et aux autres machines ingénieuses où toutefois l’industrie réside, non dans l’ouvrage, mais dans l’artisan. » (Ibid, p.90-91)
Tout est dit, et apprécions le bon mot de Bossuet qui dit aux animalistes : si vous croyez qu’un poisson est intelligent, alors adorez votre ventre, car votre estomac fait des choses aussi « vachement » (si on peut dire, dans le contexte de la digestion) impressionnantes.
En bref, il est évident, à l’observation puis au raisonnement, que les animaux et autres choses crées ne sont pas en soit ni intelligentes ni raisonnables, mais ne font que refléter un ordre qui leur est supérieur et qui les dépasse. Nous, en tant qu’homme, partageant une part de la nature angélique, nous pouvons apercevoir cet ordre.
Et la raison malade qui attribue à tort la cause de cet ordre à l’animal lui-même au lieu d’un ordre supérieur tombe dans l’animalisme.
Cela signifie en creux que, pour nous hommes aussi, nous faisons partie d’un ordre qui nous dépasse, et que l’ordre qui nous régit n’a pas été institué par nous. Si nous pouvons (en partie) le comprendre, grand privilège, cela ne nous en rend pas propriétaire.
Un dernier argument enfin contre l’animalisme : nous n’avons jamais vu des singes ou n’importe quelle bête commettre un livre, raisonner en conciliabules et encore moins venir observer ce que fait l’homme.
Tous ceux qui ont côtoyé les animaux le savent bien par expérience, à commencer par les animaux qui nous sont les plus proches : il n’y a jamais d’originalité chez les animaux, et on peut toujours reproduire dressage, méthodes de domination, ou usages (sans que cela enlève les variations individuelles due aux conformations physiques, à l’âge, au tempérament des animaux dans une même espèce).
Il faut bien des animalistes terroristes pour aller « libérer » les animaux : ils sont effectivement trop bêtes pour se libérer, puisqu’ils sont des bêtes sans raison. Et une fois libérer ils redeviennent les serviteurs de leur libérateur : vraiment que c’est bête !
Dommage pour les animalistes : ils seront toujours déçus.
(à suivre)
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac