Le piège Sarkozy
Impensable pour Charles de Gaulle, démissionnaire, impossible pour Georges Pompidou décédé en cours de mandat, inenvisageable pour François Mitterrand terrassé par la maladie, de même pour Jacques Chirac, le retour d’un président de la république déchu semble infaisable sous la Cinquième.
Valéry Giscard d’Estaing avait bien tenté de revenir après son échec en 1981, mais avait laissé Raymond Barre puis Jacques Chirac aller aux présidentielles 1988 et 1995.
Mais Nicolas Sarkozy n’a pas l’habitude de se laisser dicter sa conduite par les usages républicains. Il a laissé l’Elysée dans la force de l’âge, et sa personnalité est beaucoup trop forte pour laisser la place à des successeurs, tant qu’il ne sera pas mit hors d’état de gouverner par l’âge ou la mort. Seuls Alain Juppé et François Fillon ont tout juste la carrure suffisante pour être à peine mentionnés, Xavier Bertrand ou Bruno le Maire faisant office de sous-figurants.
Son indéniable charisme est un énorme piège pour les français. Sa personnalité fait un grand contraste avec le président actuel et il est très tentant de s’en remettre à l’homme providentiel qui n’entend que l’appel du devoir. « Je n’ai pas le choix », proclame l’Ultime Recours.
Il va créer un nouveau mouvement « au-delà des clivages », il va frapper l’exécutif avec une puissance de feu inégalée et il va surtout servir d’alternative au système pour ne pas exploser.
Sans lui, les institutions pourraient vaciller entre un gouvernement illégitime et une opposition mariniste réputée fascisante. Alors la république a besoin de lui. Mais ne comptons pas sur lui pour revenir sur les lois iniques qui s’appliquent en France, ni pour soutenir notre pays face aux investisseurs orientaux ou aux vagues d’immigration.
Soyons responsable. Renvoyons Nicolas Sarkozy dans ses quartiers girondins et dissuadons nos amis patriotes de le soutenir : il pourrait encore faire perdre des années à la réaction catholique.
Julien Ferréol