Des primaires, pour quoi faire ?
La république s’est toujours révélée efficace en matière de verrouillage de système. La fracture entre la classe politique professionnelle et les Français est bien entretenue. Il ne faudrait pas que le bas peuple ne s’immisce dans les affaires sérieuses.
Le dernier dispositif à la mode pour renforcer le régime des partis et engraisser nos mercenaires de la gloriole du pouvoir public est nécessairement génial puisqu’il nous vient d’outre-Atlantique : les primaires.
Il s’agit d’ajouter deux tours aux élections en demandant aux citoyens leur avis sur l’investiture qu’un parti donne à une personne ou à une autre. Le caractère interne de ces élections retranche tout débat et centre l’attention sur la seule personnalité.
Inaugurées par les Verts, suivis par le succès socialiste pour l’investiture présidentielle, c’est aujourd’hui la droite qui, à son tour, tend à approuver le dispositif.
En effet, la droite et la gauche à Paris vont probablement organiser des primaires pour choisir les candidats à la mairie de Paris. Nous y aurons certainement droit à la présidentielle.
La république continue d’entretenir le stérile clivage droite/gauche, d’ériger le bipartisme en modèle absolu, et d’évincer les formations plus modestes, parfois bien gênantes. La quête de légitimité de la république alourdit encore la machinerie électorale et verrouille un système bien huilé.
Julien Ferréol