Fête de la Croix Glorieuse : merci Seigneur Jésus
Nous célébrons ce dimanche la fête de la Croix Glorieuse (Exaltation de la Sainte Croix), une croix qui a permis que la lumière revienne triomphante et qui nous porte vers le ciel. Nous oublions la terre pour ne penser qu’au sacrifice de Jésus, le Crucifié, qui nous a donné par sa mort voulue, subie et acceptée l’espérance de la vie éternelle.
Cette fête de la Sainte Croix remonte à 355, date à laquelle on aurait retrouvé à Jérusalem le bois de la croix du Christ. Les chrétiens ont très tôt vénéré l’instrument du supplice de Jésus, signe de son amour extrême pour nous. Et ils ont pris l’habitude de tracer le signe de la croix affirmant ainsi appartenir au Christ. A noter pour la petite histoire, celle de « LA VRAIE CROIX » un village dans le Morbihan qui tient son nom d’une relique de la Vraie Croix, qui vient sans doute des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem. On raconte qu’un chevalier, revenant de la croisade, emporta avec lui un fragment de la Croix du Christ. Soudain, panique, il l’a perdu. Mais cette relique fut retrouvée dans un nid de pie et une chapelle fut érigée pour abriter la précieuse relique. Ce supplice de la croix, d’origine perse, s’est répandu parmi les peuples de l’Antiquité comme étant le châtiment le plus cruel et le plus dégradant affligé à un condamné. Les chefs du peuple juif voulaient que Jésus subisse ce supplice de la croix pour faire croire que cet homme n’était pas l’envoyé de Dieu.
André de Crète (660-740) écrivait : …« s’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le Paradis ne se serait pas ouvert !… »
Sommes-nous toujours conscients que sans cette croix, qui est à la fois la souffrance et la richesse de Dieu, les portes du ciel nous seraient toujours fermées ? Et celles des ténèbres, des enfers, ouvertes pour nous dévorer et nous laissererrer à tout jamais dans l’éternité des ténèbres. Par cette croix, Jésus nous a offert la libération des péchés.
Il n’est pas facile de comprendre la valeur de la croix, l’infinie miséricorde de ce Dieu qui a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son fils unique. Nous vivons du signe de la croix, cette croix sur laquelle notre Seigneur Jésus-Christ a souffert de nombreuses heures avant de rendre son âme à Dieu. En avons-nous toujours conscience ? Le message de la croix triomphante doit nous permettre de ne jamais douter de l’amour de Dieu et de vivre dans la confiance de la vie et de la mort.
Avec la fête de la Croix, nous sommes pourtant au cœur du paradoxe chrétien : Jésus donne sa vie par sa mort et il assure sa victoire sur le mal par son calvaire achevé sur la croix. La vie du chrétien se trouve ainsi confrontée entre le désespoir de la vue de ce supplice injuste et l’incroyable « vie qui surgit de l’arbre qui donnait la mort ». « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans la gloire ? » (Lc 24, 25.)
Sa mort sur la croix sema le doute et la peur chez ses disciples, mais pas dans le cœur de Marie, qui se tient debout au pied de la croix (Jn 19, 25). Elle croit que la mort de son fils va être « source d’une vie nouvelle et que la puissance du mal ne peut être vaincue que par un don inouï d’amour et d’humilité ». Le mot grec Kurios, « Seigneur », traduit le nom de Dieu, « Yhwh », en hébreu. C’est seulement en ressuscitant que Jésus donnera à ses apôtres la certitude de sa divinité et qu’ils lui attribueront le titre de Seigneur (Ac 2, 36). Ils donneront au premier jour de la semaine, jour de la Résurrection (Lc 24, 1), le nom de « jour du Seigneur », en latin dies Domini, qui a donné en français « dimanche », le jour qui rassemble désormais les chrétiens autour de l’eucharistie du Seigneur.
Attardons-nous quelques instants sur un plan symbolique. La croix est un symbole universel, le symbole des symboles, celui qui répond le plus parfaitement aux critères du symbole, le plus total. On le trouve dès la plus haute Antiquité et sur toute la surface du globe : en Égypte, en Chine, en Crète (à Cnossos, une croix de marbre datant du 15ème siècle avant Jésus-Christ), en Inde, en Mésopotamie, en Amérique précolombienne, chez les Celtes. Le Christianisme a amplifié et enrichi encore plus sa signification. La croix est le symbole du monde dans sa totalité. Sa puissance s’explique par le fait que c’est le symbole primordial sans lequel rien ne pourrait être. Il se réfère avant tout à la création du monde et même aux phases pré-cosmiques, chaotiques diraient les Grecs.
Dans le monde manifesté, le cosmos, les deux bras de la croix représentent l’Esprit (axe vertical) et la Matière (axe horizontal). La croix s’inscrit dans le cercle qu’elle divise en quatre segments, avec le Christ et les 4 Évangélistes. Aux premiers temps de l’Église, les chrétiens comparaient les quatre évangélistes au « quatre vivants » qui avec Ézéchiel, dans l’Apocalypse, portaient le « char de Dieu ». Ces « vivants » s’accompagnaient de sortes d’allégories, des figures ailées, un homme (ou un ange ?), un lion, un taureau, un aigle. Et justement, au début de son œuvre, Matthieu se préoccupe des ancêtres de Jésus : des hommes ! Marc, d’entrée, nous parle de Jean-Baptiste : nous pouvons penser au désert, au lion. Le taureau : pour Luc, c’est l’animal des sacrifices, on pense au Temple dont parle Luc ! L’aigle convient très bien aux « envolées » de Jean dans le prologue. Les quatre points cardinaux, les quatre saisons, les quatre vertus, les quatre émotions de base, les quatre éléments constituent pour nous de solides repères.
La tradition chrétienne a enrichi le symbolisme de la croix. La croix symbolise le Crucifié, le Christ, le Sauveur, la rédemption, le Verbe, la seconde personne de la Trinité. Symbole de la vie humaine, la croix a aussi son histoire : son bois viendrait d’un arbre planté sur la tombe d’Adam, sur le Golgotha (lieu du crâne), ou de l’arbre de vie de l’Éden. Le Golgotha (Calvaire) est la forme grecque pour le mot araméen gulgota signifiant crâne, le centre du monde.
Il existe plusieurs croix chrétiennes : la Croix en Tau déjà présente dans l’Ancien Testament, faite à partir de la lettre grecque “t”, est la plus simple de toutes les croix. Elle est utilisée souvent comme la croix de la prophétie, ou la vieille croix de testament, parce qu’elle est le signe traditionnel que les Israélites ont fait avec le sang de l’agneau sur leurs montants de porte en Égypte pendant la nuit de Passover (Passage de l’ange de la mort ?). Une croix de Tau est souvent représentée comme le poteau sur lequel Moïse a soulevé le serpent d’airain dans la région sauvage. La Croix avec une traverse : croix de l’Évangile. Ses 4 branches symbolisent les 4 Éléments viciés dans la nature humaine, l’ensemble de l’humanité attirée au Christ des 4 parties du monde, les 4 vertus de l’âme humaine. Pied de la croix : la foi assise sur de profondes fondations ; la branche supérieure : espérance montant vers le ciel ; largeur de la croix : la charité qui s’étend jusqu’aux ennemis ; longueur de la croix : la persévérance.
C’est donc avec persévérance que nous avons repris depuis la semaine dernière notre chronique dominicale espérant qu’elle répond à vos attentes et vous donne envie d’en savoir toujours plus sur les richesses de l’Église par son histoire, ses fêtes et ses traditions. Maintenez le cap de bonne espérance avec la Sainte-Croix et que les jours à venir vous soient doux et agréables comme ce temps…
Solange Strimon