Vivre longtemps : un signe de bénédiction ?
Dans les civilisations païennes, hébraïques et modernes, vivre longtemps est un signe incontesté de bénédiction.
En témoignent tous les récits bibliques, dont ces mythes qui nous présentent des bénis du ciel à la longévité exceptionnelle — Mathusalem et ses 969 ans en tête — ou encore l’obsession récente et ridicule pour l’« l’espérance de vie » qui semble être le critère de qualité n° 1 de la civilisation révolutionnaire…
Pourtant, l’admiration pour les jeunes héros mourant au champ d’honneur, pour les myriades de jeunes martyrs — à l’image de Jeanne d’Arc, brûlée en pleine fleur de l’âge — ou pour les jeunes saints de toutes les natures, est attestée depuis des siècles. Ces héros doivent seulement ne pas être trop jeunes, car ils doivent être en possession de toute leur volonté et de toute leur intelligence pour pouvoir véritablement choisir la voie du sacrifice et ne pas être seulement des victimes — contrairement à ces enfants soldats, massacrés par des barbus qui n’ont apparemment pas la même notion de sainteté que nous…
Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même n’a pas vécu longtemps avant de mourir ! Environ 33 ans..
Simple contradiction humaine ? Cela n’en représenterait qu’une de plus…
Nous comprenons bien que le païen — comme l’apostat, d’ailleurs — voit dans la longue vie un signe de bénédiction, voire une fin en soi. Qu’il le sache consciemment — comme l’apostat ou l’hérétique — ou inconsciemment — comme le païen —, l’incroyant ne peut pas ignorer que la mort ne signifie rien de bon pour lui. Le païen ne voit que le shéol morne et triste ; l’apostat voltairien le néant. Instinctivement, peut-être celui-ci sent-il aussi son ami cornu se rapprocher lentement de lui ?
L’homme, quoi qu’il en dise, est fait pour Dieu et ne se trouve désaltéré qu’en Dieu. Le non-chrétien pressent que l’enfer ne sera que l’éternelle absence de sa raison d’être, et donc une souffrance sans fin, sans consolation, sans but, sans joie… Il ne peut que préférer le monde terrestre, et refuser de le quitter. Ici-bas, au moins, il peut contempler la Création, véritable livre ouvert aux multiples chapitres nous parlant du Créateur. Ce sont de bien maigres reflets du Dieu trine, mais ils peuvent déjà combler l’âme en peine. Pauvres d’eux, les païens et les athées ne voient pas qu’ils rejettent ce qui les fait vivre !
Le chrétien en état de grâce a toujours peur de la mort, car il se sait faible et craint de faillir, de se laisser entraîner par le poids du péché dans les tréfonds du désordre et de la révolution contre Dieu. Mais le bon chrétien, au fond, ne désire-t-il pas secrètement le grand passage, pour rencontrer l’Époux tant aimé, enfin ? Les grands saints ne sont-ils pas pris d’une grande joie à l’approche de leur mort, et cela malgré les souffrances qui peuvent s’annoncer ? Rappelons-nous des martyrs remerciant leurs bourreaux de leur donner la couronne céleste ! Le martyre fonctionne un peu comme un purgatoire terrestre : il purifie l’âme élue de toutes ses scories pour l’élever brutalement au ciel, près de l’objet de son Amour.
Peu nombreuses sont ces âmes d’élite, mais le petit chrétien, bien humble et bien faible, doit-il vraiment espérer vivre longtemps ? Ne devrait-il pas craindre que chaque mois, chaque année supplémentaire soit un temps de plus où il peut chuter, tomber, pécher ? Moins de mérites, peut-être, mais la place assurée au ciel ne vaut-elle pas mieux ?
Le lot du chrétien est de ne pas choisir sa mort, et de la laisser au bon Dieu, pour son service et pour le salut des âmes sur cette terre. Dieu peut s’éclipser de nos âmes, tout nous prendre, tout nous rendre… que Sa volonté soit faite !
Trente ans de vie sur cette terre, est-ce long, est-ce court ? Quand nous n’aurions pas dû naître, quand nous aurions dû mourir de maladie dès l’enfance, cela est bien long ! Mais l’enfant qui devait périr ne connaissait pas Dieu, alors Dieu l’a laissé vivre, car Il le voulait à ses côtés…
Ainsi, les personnes qui vivent longtemps sont soit des élus de Dieu, que Celui-ci charge de continuer leurs bonnes œuvres pour le profit des âmes, soit des brebis égarées, que le bon Dieu ne veut pas laisser mourir sans leur donner toutes les chances de se repentir avant qu’il ne soit trop tard…
Heureux ceux qui vivent près de Dieu et le voient vite ! Mais tous n’ont pas la chance des saintes Thérèse de Lisieux et autres saints François et Jacinthe de Fátima. Que la volonté de Dieu soit faite !
Rémi Martin
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !