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Bicentenaire de la naissance du comte de Chambord. Introduction de Benoit Courtin et Jacques Hogard

Introduction du colloque vannetais pour le bicentenaire de la naissance du comte de Chambord, par Benoît Courtin, président du Cercle Jean-Pierre Calloc’h, et le colonel Jacques Hogard, représentant officiel du duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le roi Louis XX :

À partir de ce jour, les enregistrements audio des contributions au colloque universitaire de Vannes sur le comte de Chambord (3 oct. 2020) paraîtront chaque mercredi, sur Vexilla Galliae.


Contributions au colloque :

  • Introduction, par Benoit Courtin et le colonel Jacques Hogard, représentant du Duc d’Anjou

Le Comte de Chambord et sa popularité

Le Comte de Chambord et l’Église

Les idées et les positions politiques et sociales du Comte de Chambord

La signification pour notre temps du message du Comte de Chambord


Annexe

Compte rendu du colloque de Vannes pour le
Bicentenaire de la naissance du comte de Chambord
(3 octobre 2020)

En lien avec l’Institut de la Maison de Bourbon, le Cercle Jean-Pierre Calloc’h, cercle culturel breton implanté à Vannes, a rendu hommage à Mgr le comte de Chambord pour le bicentenaire de sa naissance.

Il avait quelque légitimité à le faire. En effet, le Morbihan a été l’un des départements français les plus attachés à Henri V et il compte le seul monument public érigé en mémoire du Prince, situé en face de la basilique de Sainte Anne d’Auray.

Cette implantation s’inscrit d’ailleurs dans la continuité des liens très étroits entre les Bourbon et ce sanctuaire. Dès 1628, trois ans seulement après la création du pèlerinage de Keranna, la reine Anne d’Autriche y fait célébrer des prières publiques et quotidiennes pour obtenir la naissance d’un enfant, et cet enfant viendra, et ce sera Louis XIV. Puis, chaque année avant la Révolution, se déroule à la saint Louis un des plus importants pèlerinages à Sainte Anne, pendant lequel les pèlerins priaient pour la famille royale.

Le vendredi 2 octobre, une cérémonie commémorative a été organisée devant ce monument. Elle était placée sous le haut patronage de Mgr Louis de Bourbon, duc d’Anjou, comme le colloque qui a eu lieu le lendemain 3 octobre à Vannes. Le Prince devait être présent, mais seule la situation sanitaire à Madrid l’en a empêché.

Le colloque avait comme thème : « Le comte de Chambord, un esprit pour notre temps ».

Animé par Guillaume Bernard, il a compté comme intervenants Éric Anceau, François Ars, Franck Bouscau, Michel David, Korantin Denis, Marie-Pauline Deswarte, Rémy Hême de Lacotte, Matthias Martin, Philippe Pichot-Bravard et Yves Tillard.

Le public, très attentif, comportait 115 personnes.

Il a permis d’évoquer la vie et la personnalité du comte de Chambord, mais aussi ses convictions religieuses, ses orientations politiques et sociales, l’essentiel de son message pour la postérité.

L’attachement populaire au Prince est montré à travers la présentation de meubles et d’objets sur lesquels a été gravée l’inscription VHV, « Vive Henri V ». Sa mémoire est également évoquée à travers les très nombreuses pièces de monnaie et jetons émis à son époque.

Le comte de Chambord est un homme pieux, très attaché à défendre la mission de l’Église et le rôle du Pape. Il s’inscrit clairement dans une orientation ultramontaine face à un néo-gallicanisme qui vise à cette époque à instrumentaliser un clergé fonctionnarisé par l’État. Il rappelle aux Français les bienfaits d’une union entre le trône et l’autel sans admettre pour autant l’absorption du temporel par le spirituel. Dans le domaine politique, le roi n’est pas soumis au pape.

Henri V est peu soutenu par les évêques français, à part quelques-uns, comme Mgr Pie et Mgr Freppel (après sa conversion des idées républicaines à la légitimité).

Ses idées politiques sont d’esprit contre-révolutionnaire. Il ne plaide pas pour autant pour la restauration d’une monarchie absolue, mais propose l’établissement d’une monarchie tempérée, représentative et décentralisée. Le roi doit être indépendant et veiller au respect de la justice et à l’harmonie du corps social. Son pouvoir est équilibré par une représentation composée de deux chambres et le rétablissement des libertés locales.

Soucieux de permettre l’union entre le roi et son peuple, il recherche la justice sociale par le double rejet du libéralisme et du socialisme. C’est un précurseur. Sa lettre aux ouvriers de 1865 fait date. Ses disciples se battent pour l’amélioration de la condition ouvrière et la possibilité de créer des associations professionnelles, interdites depuis la loi Le Chapelier de 1791.

Bien sûr, les échecs de restauration, notamment celle de 1873, sont évoqués. Contrairement à ce qui est souvent dit, le comte de Chambord a réellement voulu monter sur le trône, et ce jusqu’à la fin de sa vie. Ses écrits et ses actes en témoignent. Mais il n’a pas voulu le faire au détriment de ses principes reposant sur la conception d’une monarchie chrétienne et sur la volonté d’exercer un pouvoir effectif. Le drapeau n’était que le symbole d’une orientation contre-révolutionnaire, incompatible avec les compromis orléanistes.

Les deux derniers orateurs se sont proposé comme mission d’évoquer le legs du comte de Chambord. Sur le plan social, ses principes, son réalisme et son sens de la justice ont contribué à l’élaboration de la doctrine sociale et politique de l’Église catholique et peuvent toujours éclairer aujourd’hui l’action des acteurs économiques et sociaux.

Sur le plan politique, son rôle essentiel aura consisté à défendre le patrimoine constitutionnel de la monarchie française. Il a cherché à rendre la France à la cohérence de son histoire. Il a incarné le principe monarchique de légitimité au-delà des vicissitudes politiques du XIXe siècle. Par ailleurs, il a montré aux Français la voie d’une résistance à l’idéologie républicaine. Loin d’être un régime neutre, la République française est le gouvernement de la Révolution, cette révolte contre l’autorité politique légitime, l’ordre social naturel et la religion catholique.

Alors, certes, il n’a pas régné au sens effectif, mais comme l’a écrit Paul de Cassagnac, pourtant bonapartiste, dans la revue Le pays à l’occasion de la mort d’Henri V :

« Sans couronne, sans royaume, il se trouve qu’il a régné. »

Ce colloque permet de mieux cerner un homme qui, loin de céder à la fatalité, a enseigné son peuple et a exercé une véritable magistrature morale. Ce prince lucide et généreux a régné sur les esprits et les cœurs de nombreux Français. Il a sauvegardé les principes de légitimité et le sens d’un ordre naturel des choses voulu par le Créateur. Il nous a légué un message d’avenir et d’espoir pour notre époque, si troublée et si lourde de menaces…

Plus d’informations sur : https://bicentenaire-comtedechambord.fr/

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