Chroniques en Absurdie : les principes égalitaristes
Travaillant pour une grande entreprise financière mondialiste, j’ai le privilège — si c’en est un — de constater en avant-première les ravages des principes révolutionnaires en action.
Dans le cadre des mesures covidiennes, en effet, mon entreprise a adopté un système de « rotation ». Toutes les deux semaines, les employés passent de leur bureau à leur maison, et inversement. Ainsi, si des cas d’infection se produisaient, la séparation et la compartimentation obtenues grâce aux rotations permettraient à l’entreprise de tourner malgré tout — pourquoi pas jusque-là, encore faut-il supposer que la maladie soit véritablement dangereuse.
On remarque déjà dans ce principe le résultat d’un mauvais principe latent : le bougisme, la suppression de tout enracinement ; peu importe que vous soyez valdingués d’un lieu à un autre, « sans bureau fixe », c’est « la nouvelle norme », comme ils disent.
Il y a néanmoins un symptôme plus patent encore, puisque le principe de rotation — décidé par on ne sait quel obscur comité — devient une sorte d’absolu. C’est là l’aboutissement logique de l’application intégrale des principes démocratiques et de la destruction de l’autorité et de la religion, aussi paradoxal que cela puisse paraître. L’homme ayant toujours besoin d’autorité et de religion, des substituts illégitimes et faux apparaissent dès lors qu’on supprime l’autorité légitime et la religion vraie. Et nous nous y soumettons dans esprit de « compliance », de conformité, d’idolâtrie ou d’obéissance aveugle…
En outre, il « faut » — par principe absolu d’égalité — que tout le monde fasse l’objet de ladite rotation, sans distinction de métier ou de situation ; or, selon les départements et les métiers, tout le monde n’est en fait pas au même régime, puisque certains métiers nécessitent absolument une présence physique, quand d’autres pas du tout. Première contradiction au principe d’égalité, contradiction absolument normale et inévitable : le problème vient donc du principe d‘égalité qui est faux en soi, puisque nous ne sommes pas tous dans la même situation au départ.
Un autre aspect : certains employés préfèrent travailler au bureau, d’autres chez eux. Typiquement, les jeunes célibataires n’ont pas envie de rester cloîtrés seuls chez eux, tandis que les parents préfèrent rester chez eux, auprès de leur famille : mais cela, selon « le principe d’égalité », ne peut être une bonne raison de « discrimination ». Ce n’est pourtant qu’une question de bon sens, et cela arrangerait tout le monde. Il est d’ailleurs amusant de constater que l’esprit pratique des chefs entrepreneurs se trouve ici paralysé par « le principe d’égalité », graal intouchable qui légitime les pires absurdités !
La discrimination est bonne par essence, puisque nous sommes tous dans des situations différentes et nous sommes tous différents. Le principe d’égalité entraîne les pires injustices pratiques, puisqu’il consiste à mettre tout le monde au même régime alors que nous n’avons pas du tout les mêmes besoins. C’est tout à fait idiot ! Il n’existe plus de distinction entre justice distributive et commutative. Le juste est ce qui est égal, même si cela se trouve affreusement injuste.
Le principe est si mortifère qu’il est inapplicable en réalité et qu’il crée des frictions et des tensions sans fin. La réalité contredit le principe, donc en pratique tout est entorse : j’ai déjà cité les métiers qui ont des régimes différents, mais citons aussi la reconnaissance du fait qu’au sein des équipes, « on peut toujours s’arranger ».
Tout cela pour dire qu’il faut se débarrasser du principe d’égalité, mortifère en soi : car plus les puristes — et normalement ce genre de caractère est utile et bon, quand les principes sont bons — appliquent les principes, plus la contradiction à la réalité devient aiguë, et plus les dégâts sont grands. Tant que le principe est considéré comme un principe de référence, ce genre de contradiction malsaine et perverse se produira forcément : ce n’est pas parce que vous tombez un jour sur un chef de bon sens qui met le principe sous le boisseau qu’il faut cesser de combattre ce principe. Le chef passera et laissera sa place à un autre qui appliquera à nouveau le principe car il le croira bon ou fera mine de le croire bon (comme c’est déjà le cas de beaucoup).
Aujourd’hui, tout le monde croit, ou trop de monde, croit au principe d’égalité… il suffit de voir le résultat.
Revenons à la monarchie très chrétienne, discriminatoire et juste, car discriminant chacun selon ce qu’il fait, ce qu’il est, sa place et son rôle. La seule égalité valable est celle devant Dieu, dans le tribunal du confessionnal et devant les sacrements.
Dans la justice, chacun doit répondre de ses actes et recevoir une punition ou une récompense en fonction. Seule la charité chrétienne, qui pense au salut et à la vie éternelle, peut adoucir une nécessaire et inévitable justice qui, elle-même, ne doit ni ne peut se fonder sur des principes faux, et donc sur des mensonges publics.
Rémi Martin
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !