Littérature / Cinéma

Simone Wapler, Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?

Crise économique oblige, les livres traitant des questions financières sont de plus en plus nombreux… Opportunisme ? Pour certains, oui. Mais pas pour tous !

Simone Wapler nous offre un guide[1] qui permettra au lecteur de s’y retrouver dans le labyrinthe bancaire contemporain. Pour notre part, nous avons eu la chance de découvrir notre banque parmi les meilleures – enfin, les moins pires… Nous espérons que vous aurez la même chance, afin d’éviter des nuits d’insomnie et d’inquiétude[2] !

Si l’ouvrage se termine par le répertoire des différents placements possibles pour contourner le système bancaire (or, actions, SCPI…) selon l’adage « La diversification est le plus vieux principe de précaution du monde » (p. 292), il est inauguré par un fait des plus inquiétants : le hold-up chypriote, qui nous guette tous. Si vous souhaitez vous assurez de ne pas perdre vos économies au cours d’une entourloupe idoine, retirez toute votre épargne chaque vendredi matin, pour les remettre en banque le lundi. Pourquoi ? Car « Les crises financières commencent le vendredi parce que, le samedi et le dimanche, il est normal que les banques soient fermées ; donc il n’y aura pas de panique et de retraits massifs. Cela laisse aux autorités 48 heures à l’abri du bruit médiatique pour peaufiner leur communication et décider à quelle sauce votre argent sera englouti » (p. 9). La France deviendra-t-elle une Nouvelle-Chypre ?

Plus attristant encore, la fragilité des banques françaises, pauvres en fonds propres (elles prêtent donc de l’argent qu’elles n’ont pas) : celles-ci feraient faillite si… « moins de 5 % des crédits qu’elles ont octroyés ne sont pas remboursés ». Lorsque l’on connaît les taux de chômage contemporains…[3] Mais cette fragilité des banques (souvent masquée derrière un occultisme fait de chiffres et de statistiques, de mathématiques et d’algorithmes) est, selon S. Wapler, encouragée par les politiques nationales qui tendent à déresponsabiliser les banques en empêchant toute faillite (p. 30). Nous autres contribuables sommes en effet contraints et forcés de nous porter caution pour elles (p. 68).

Un livre à lire, même pour ceux qui dédaignent le sujet – nous en étions. Une belle synthèse, qui expose clairement de grands principes d’économie (également aux niveaux du budget de l’État, de la dette, des biens de capital, de la politique de taxation, etc.). Vous apprendrez, en outre, à déjouer les manigances scripturaires permettant de masquer les défaillances d’une banque, notamment en ce qui concerne son ratio de solvabilité, souvent trafiqué à la hausse par des procédés purement arbitraires…

Jean de Fréville


[1]    WAPLER (Simon), Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?, Ixelles éditions, 2014, 304 p., 17,90 €.

[2]    Si vous êtes au Crédit Agricole, sachez que certains analystes décrivent votre banque comme étant déjà en quasi-faillite… De quoi se réjouir…

[3]    Sans oublier l’endettement privé : « Fin 2013, la dette des ménages est supérieure de 200 Mds€ à leurs dépôts. La situation est pire pour les entreprises dont le montant de la dette est le double de celui de leurs dépôts, soit un déficit de 340 Mds€. » P. 42.

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