Allez-vous suivre la Coupe du Monde ?
Les mouvements de grèves sévissant au Brésil remettent sur le tapis la question, hautement sensible, de la décence de la coupe du monde 2014.
Le Brésil accueillera la Coupe du Monde du 12 juin au 13 juillet 2014. Ce sera l’occasion de voir le Brésil briller par sa stature internationale, lui qui souhaite quitter le statut de pays émergent pour devenir l’un des poids lourds de la planète. En effet, le pays présidé par Dilma Roussef veut devenir le fer de lance d’une Amérique latine forte, affranchie des Etats-Unis et en mesure de concurrencer l’Asie. Le football étant une institution majeure au Brésil, il s’agit de faire vibrer une population passionnée et d’engendrer un élan national fort.
Aussi, vu de France, ne soyons pas étonné de la visite du président Hollande aux joueurs de l’équipe de France à Clairefontaine: quoi de mieux qu’une bonne dose de patriotisme du ballon rond pour célébrer la “France black-blanc-beur” et enrayer la montée du populisme ?
Pourtant le tableau est envahi d’une ombre pesante. Les inégalités sociales et la violence sont des fléaux que le Brésil ne vaincra pas en ôtant le pain de la bouche des pauvres enfants des favelas pour construire d’inutiles stades. On peut imaginer que comme le souhaite Michel Platini, président de l’UEFA, la Coupe du Monde se déroule sans encombre: en effet, les brésiliens regarderont certainement les matchs. Ils tiennent à leur réputation d’empereurs du football et gâcher la fête serait trop amer.
Et l’amertume n’a pas manqué sur les terres lusophones du plus grand pays d’Amérique du Sud. En effet, des milliers de personnes ont été déplacées et si certaines dépenses en infrastructures publiques (autoroutes, transports en communs…) seront utiles à long terme, la construction des stades est un grand scandale. C’est désormais la coutume : chaque année, les pays désignés pour organiser les grands évènements sportifs engagent des dépenses inconsidérées pour faire au moins aussi bien que leur prédécesseurs.
Dix milliards d’euros ont ainsi été investis. Selon les économistes brésiliens, le pays sera bénéficiaire, au vu de l’argent injecté dans l’économie du pays. Mais cet argent sera ponctionné par la FIFA et les grands comptes ayant investi leur argent.
Rien n’empêchera que des milliers d’enfants affamés dorment au pied des monstres de verre, d’acier et de milliards qui accueilleront les rencontres.
Julien Ferréol