Les élections américaines vues par un royaliste légitimiste
Depuis plusieurs semaines, et plus encore depuis mardi dernier, je peux constater que nombre de ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux s’inquiètent particulièrement du résultat des élections aux États-Unis et semblent majoritairement favorable à M. Donald Trump, actuel Président des États-Unis d’Amérique. Ces gens adoptent souvent, sans nuances, les thèses et les propos des Républicains et de M. Trump et crient au déni de démocratie, se plaignent du système américain et, parfois, faisant des comparaisons avec la France, expliquent qu’il nous faut quelqu’un comme M. Trump en 2022. Je trouve tout cela désolant car c’est la marque de leur manque de solidité dans les principes du légitimisme.
Tout d’abord, que nous importe le nom du Président des États-Unis ? Nous ne sommes pas américains, nous ne participons pas à ce système et notre combat politique est bien éloigné des personnes de MM. Trump et Biden. En tant que catholiques, peut-on réellement souhaiter l’élection d’un mauvais protestant face à un mauvais catholique ? Je n’en sais rien et ne veux surtout pas avoir une opinion là-dessus. Toutefois, du point de vue catholique, les actes et les propos de M. Trump, en particulier contre la propagande LGBT et la culture de mort, ne peuvent que susciter notre sympathie. Mais là encore, nous pouvons presque dire que, pour ces bons principes, le rôle historique de M. Trump est déjà terminé puisqu’il a pu nommer trois juges fidèles à ces principes à la Cour Suprême. Bien sûr, une présidence Biden — voire Harris — mettrait à mal les bons principes et favoriserait les mauvais, cependant, cela s’arrêterait à des discours et à des postures, car il semble bien que le Sénat restera républicain et que la Cour Suprême restera à majorité conservatrice pour les 4 ans à venir. Ainsi, les mauvais principes ne pourront pas avoir force de loi.
Ensuite, je ne vois pas vraiment ce qui étonne un légitimiste dans le fait que la démocratie ne fonctionne pas bien, qu’elle soit corrompue ou qu’elle trompe le peuple. Pour ceux qui détestent Trump, qui pensent qu’il a volé l’élection en 2016, qu’il s’est comporté comme un bouffon et un tyran depuis 4 ans et qu’il fait preuve d’une indignité absolue depuis toujours et, plus encore, depuis mardi avec des déclarations qui poussent à la discorde et à la guerre civile, ces évènements sont un merveilleux révélateur de ce qu’est vraiment la démocratie. Pour ceux qui détestent Biden, qui pensent que c’est un homme de paille pour ceux qui prépare l’arrivée à la présidence de la gauchiste hystérique Kamala Harris, que ce n’est qu’une momie qui sera le jouet des puissances occultes de l’État profond, que son élection est entachée d’irrégularités extrêmement graves — triche, fraude électorale, manipulations en tout genre, etc. — ou, en d’autres termes, qu’il va voler l’élection de 2020, ces évènements sont tout autant révélateurs de ce qu’est vraiment la démocratie. Enfin, pour ceux qui, comme moi, regardent cela avec détachement — mais tout de même avec de l’intérêt car, comme le disait Alexis de Tocqueville : « Les États-Unis jouent déjà un assez grand rôle parmi les nations pour que toutes soient intéressées dans le choix qu’ils font des hommes qui doivent les diriger. » —, cette élection est la confirmation du fait que la démocratie n’est qu’une illusion, qu’elle est la tyrannie d’une majorité infime sur une minorité presque équivalente, qu’elle est le régime des compromissions, de la tricherie et du désordre et que, enfin, elle est le règne de l’esbroufe, du paraître et du spectacle permanent, souvent pathétique d’ailleurs. En somme, cette élection américaine est la preuve en action du bien fondé de nos principes politiques et juridiques légitimistes.
En effet, pour les légitimistes, le pouvoir suprême dans l’État est déféré par la Grâce de Dieu au Roi, il est ainsi mis à l’abri de toutes les ambitions humaines. La loi de succession, qu’on appelle souvent loi salique, détermine à l’avance et de façon absolument claire et transparente qui sera le successeur du Roi, sans possibilité de ne rien y changer car, comme le rappelait Jean du Tillet en 1577 :
« En France, le roi ne peut oster à son fils ou plus prochain la couronne s’il ne lui oste la vie ; encore, luy mort, elle viendra à ses descendans masles s’il en a ».
Jamais notre pays ne pourrait être la risée du monde pour un conflit de succession, jamais la France ne s’est retrouvée au bord de la guerre civile pour ces raisons. Oh, bien sûr, je vois venir d’ici ceux qui pensent à la Guerre de Cent-Ans ou à la guerre civile du début du règne d’Henri IV, voire au coup d’État orléaniste de 1830.
Si, comme Henri V[1], nous ne rejetons pas le suffrage universel, nous pensons toutefois comme ce roi qu’il ne peut s’appliquer que là où l’on est capable de comprendre, d’apprécier et d’avoir un avis, en somme, il ne peut y avoir de suffrage universel que pour des réalités locales, des institution professionnelles de type corporatistes, des associations religieuses ou d’entraide ou à l’intérieur de communautés naturelles ou utiles à l’organisation naturelle du corps social.[2]
Ce suffrage universel raisonnable et appliqué à une échelle locale — ou, dans tous les cas, fort réduite — est la garantie de l’absence de fraude massive. On imagine mal faire voter les morts sans que cela ne choque les membres d’une communauté réduite, même si le problème des grandes villes, souvent corrompues, existe et appelle à la réflexion. Les gens pourraient faire entendre leur voix là où elle est pertinente, pas pour des enjeux qui les dépassent et qui ne doivent pas être soumis aux mensonges intéressés, ni à la fraude, ni à une remise en cause trop régulière qui pousse soit à l’inaction, soit à l’apparence de l’action. C’est l’application pratique du principe de subsidiarité que nous défendons.
Je termine ces lignes quelques minutes après l’annonce de la victoire de M. Joe Biden. Le spectacle que donnent les médias est encore meilleur que nous l’imaginions. Le parti pris des journalistes, en particulier des journalistes français, est absolument abject. Si certains avaient des doutes là-dessus, l’évidence du manque d’impartialité du système médiatique et celle de l’existence d’une internationale « progressiste » médiatique est absolument incroyable. C’est dans ces moments, où l’euphorie l’emporte sur tout le reste, que ces gens-là n’arrivent plus à se tenir et font véritablement n’importe quoi. Le plus abject des commentaire, je l’ai entendu sur BFM-TV (qui peut s’en étonner ?) : le journaliste était tout heureux de retrouver en visio une conseillère de Mme Clinton, qu’il a côtoyée lors des élections d’il y a 4 ans — et de près, visiblement ! La conseillère, dès lors, explosa le compteur de point Godwin en rappelant que son père avait survécu à Auschwitz et que M. Trump avait semé la haine partout, qu’il avait rendu le monde plus dangereux, etc. Pour résumer, Trump = Hitler ! Ils nous ont épargné, toutefois, les comparaisons à base de mèches tombantes, même si les caméras insistaient grossièrement, dans le même temps, sur une caricature de M. Trump le désignant comme un « fascist clown ».
En somme, cette élection montre parfaitement ce qu’est l’illusion démocratique, la nullité de ce système politique qui est celui des ambitions, de la triche, du spectacle et du mensonge permanents. Elle souligne aussi l’hypocrisie de l’impartialité autoproclamée des médias. Liberté, Égalité, Fraternité ne sont plus des principes, mais des mots à géométrie variable quand la guerre démocratique fait rage. Pas de liberté, pour les ennemis de la Liberté désignés par le système, de s’exprimer sans être coupés, insultés, maltraités ; pas d’égalité de traitement entre les différents candidats ou leurs partisans, pas de fraternité entre les citoyens d’un même pays mais pas du même bord politique ! Les Américains sont près à en venir aux armes pour imposer leur candidat, ou à discriminer les électeurs du vaincu lorsque leur candidat aura prêté serment. La démocratie c’est un scandale ; la démocratie, c’est le scandale permanent !
Nous, royalistes légitimistes, ne devons pas prendre parti dans cette affaire, nous devons surtout nous garder de toute invective, de toute insulte envers l’un ou l’autre des candidats, laissons les démocrates se vautrer dans la vulgarité, la grossièreté et la bêtise, ne nous abaissons pas au niveau de ce système qui corrompt les mœurs du peuple et de ses dirigeants.
Louis de Lauban
Membre du Cercle d’Action Légitimiste
[1] « Le suffrage universel n’est absurde que dans son application, il ne l’est certainement pas dans son principe. Je veux dire que philosophiquement parlant, il n’est pas absurde que les membres du corps social prennent part au gouvernement de ce corps. […] Que chacun vote, mais seulement sur ce qu’il est capable d’apprécier, et que l’on n’ait un suffrage que là où on est capable d’avoir un avis. » Henri V, Roi titulaire de France, Note datée du 14 mars 1871, Archives de Lucques.
[2] Dans la note précitée, Henri V affirme ainsi : « Il reste encore en France une vie municipale, une vie provinciale, une vie nationale à rétablir. À chacune de ces vies doit correspondre un organisme qui lui soit propre. Qu’est-ce qui empêche que la commune se donne librement un conseil de notables qui soient compétent pour les affaires administratives ? »
Bon, vous proposez de “prendre de la hauteur”. Cela dit, pardonnez-moi, mais vous êtes concerné, que vous l’acceptiez ou non, et la victoire de l’un ou de l’autre ne peut vous être équivalente. Bien sûr, il ne s’agit pas de prendre parti, puisqu’au demeurant cette élection ne concerne que les américains. Cela dit les médias ont bien choisi leur camp, et unanimement. Quant à la vulgarité, laissez-moi rire: cela se passe aux USA, qui n’ont pas les mêmes critères que nous.
Certes, j’ai ma préférence et je reconnais qu’une victoire de M. Trump n’est pas équivalente à celle de M. Biden, car son élection a eu un impact positif pour un certain nombre d’idées que nous pouvons partager avec les conservateurs américains et avec les républicains trumpiens. En ce sens, sa réélection était souhaitable, bien sûr. Mais, plus que pour prendre de la hauteur, je voulais dans cet article souligner que, pour nous qui ne sommes pas démocrates (dans tous les sens du terme), cette élection américaine était un vrai révélateur de ce qu’est profondément la démocratie, une illusion, un spectacle, un désordre. Pour les médias, nous sommes parfaitement d’accord. Pour la vulgarité américaine aussi d’ailleurs, mais là je visais la vulgarité des démocrates en général et ceux de chez nous en particulier.
L’article est mentionné dans l’émission suivante, sur Radio Courtoisie : https://www.radiocourtoisie.fr/2020/11/12/libre-journal-des-chevau-legers-du-12-novembre-2020-voterons-nous-encore-demain/