Mali : la fin du frisson tricolore ?
François Hollande avait pourtant promis-juré le contraire*, la France s’est engagée militairement au Mali. Juste après le retrait d’Afghanistan, nos forces se voient confier la mission de reconquérir le Mali des mains des islamistes. Pourtant menée dans la plus stricte légalité, cette intervention franco-française nous rappelle qu’il faut bien remonter le temps pour retrouver la trace d’une intervention unilatérale de nos forces aussi importante.
Nos alliés, refroidis par les bourbiers irakiens et afghans, nous soutiennent avec les mots, mais nos 2 000 hommes (aux dernières nouvelles) ne reçoivent d’eux qu’une aide logistique. Les troupes africaines constituent un appoint, mais ce sont bien les Français qui mènent la guerre. Léon Panetta, secrétaire à la Défense des États-Unis, s’est même étonné du volontarisme de la France au sujet du Mali. Et cette intervention, qui pourrait être perçue comme une très paternaliste intervention de plus du gendarme de l’Afrique, a pourtant fait la quasi-unanimité de la part de la classe politique.
Et pourtant, le désenchantement semble poindre le bout de son nez. L’affaire sanglante d’In-Amenas a rappelé à tout le monde que les islamistes ne connaissent pas les frontières rectilignes du milieu du Sahel. Des populations civiles sont déplacées dans des conditions très difficiles, et Jean-François Copé, sans vouloir briser l’union sacrée, a appelé à la « vigilance » et souhaité connaître les objectifs précis du président de la république. Les informations vagues qui nous parviennent du front peuvent laisser dubitatifs. Aussi les déclarations d’Alain Juppé sur l’impossibilité pour l’armée française de se déployer sur le territoire malien riment-elles mal avec ceux de Jean-Yves le Drian qui souhaite reprendre l’intégralité du Mali, en n’oubliant aucune « poche islamiste ».
La situation au Sahel, si complexe, va probablement être plus coriace que prévue à résoudre pour nos pourfendeurs de l’islamisme en culottes courtes.
Julien Ferréol
* Au fait, combien y a-t-il de poches islamistes sur le territoire français ?