Joseph, l’homme le plus silencieux de toute la Bible
En ces temps troublés, dans cette société qui veut briser les liens du père et de la mère pour que l’enfant devienne la « chose » de l’Etat, une sorte de propriété sur laquelle l’Etat pourrait influer à tout niveau, allant jusqu’à en modifier le sexe, Saint Joseph occupe une place éminemment privilégiée, qui justifie l’intérêt qu’on lui porte tout au long de l’année, plus précisément durant le mois de mars, et ce mercredi 19 mars pour sa fête.
Saint Joseph, considéré comme le Patron de la Vie, est plus que jamais à solliciter pour protéger les enfants non seulement des politiciens, de leurs propres parents (qui parfois les rejettent « avant » ou ne les éduquent pas) et des conseillers de la santé. Il nous faut être vigilants à propos du clonage, de la recherche sur les embryons, de la génétique. Est-ce bien cela le progrès de ce XXIème siècle ? Alors que nous devrions chérir la vie – qui n’a pas de prix – la protéger des influences sociales et politiques qui prônent la mort spirituelle. N’hésitons pas à prier Saint Joseph pour les « Saints Innocents » d’hier et d’aujourd’hui.
Qui est donc ce Joseph, ce « silencieux » dont les évangiles ne parlent pas, et grâce à qui Marie, sa fiancée, pourra – en toute sécurité – mettre au monde Jésus, par l’opération du Saint Esprit, en sachant qu’il sera toujours protégé et qu’il grandira dans l’amour et la tendresse de Joseph. Joseph l’éduquera comme un vrai père, prenant ce rôle, cette responsabilité, tellement à cœur que jamais il ne commentera les situations, se contentant avec humilité et douceur de suivre les instructions données par l’ange tout en restant dans le silence. Prier au lieu de parler…
Il adorera Jésus autant que Marie, soucieux du bien-être et de l’éducation. Si l’on en croit les représentations que l’on a de Joseph, c’était un bel homme, calme, tranquille, obéissant, acceptant sans poser de questions les missions confiées. Il avait gardé une chasteté parfaite, lorsque Dieu lui confia la Très Sainte Vierge. Cette union, belle devant les anges, dit saint Jérôme, devait sauvegarder l’honneur de Marie devant les hommes.
Saint Joseph, qui descendait de la race royale de David, est par tradition le saint patron des familles, des pères de famille, des artisans, des travailleurs, des mourants, de l’Eglise universelle, le modèle des évêques, surveillants du troupeau qui leur est confié par Dieu.
Pour la mystique et vénérable Marie d’Agreda (1602-1665), l’histoire de ce couple a été écrite avec infiniment plus de poésie. A l’âge de treize ans et demi, Marie avait fait vœu de virginité perpétuelle. Quand le Seigneur la pria de prendre époux, elle en fut accablée de douleur, mais résignée à obéir. Pendant ce temps, Dieu demanda en songe à Syméon de trouver un époux parfait à cette Vierge, précisant que cette dernière n’avait pas vocation à devenir épouse. Une rencontre fut organisée avec tous les jeunes hommes de la famille de David, dont Joseph, âgé ici de trente trois ans. Ce dernier avait fait vœu de chasteté dès l’âge de 12 ans. Le Seigneur demanda à Syméon de faire prendre une baguette sèche à chaque prétendant, priant ces derniers de demander à Dieu de se manifester. La baguette tenue par Saint Joseph se mit à fleurir et une blanche colombe se mit à voler au-dessus de sa tête.
De grands auteurs se sont attardés sur ce personnage central de la Sainte Famille. Nous n’en citerons que quelques uns qui permettent de bien situer le caractère et la personnalité de Joseph. Louis Veuillot (1813-1883) écrira en 1876 : « Joseph a été une apparition dans le monde, une apparition du Père non engendré et Éternel. Il est la forteresse inexpugnable où s’abritent l’honneur de Marie et la vie de Jésus. Pour Monseigneur Louis-Charles Gay (1877-1885) : « La paternité de Joseph au regard de Jésus est le miroir de la paternité éternelle : elle en reflète l’autorité, l’imperturbable sérénité, l’immensité, la suavité.” Pour Ernest Hello (1828-1885) : « Saint Joseph est surtout l’ombre du Père, et c’est son silence qui lui rend le plus bel hommage… Le silence est sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne…C’est l’abdication de la parole devant l’Insondable et devant l’Immense ». Pour l’abbé Charles Thellier de Poncheville (1875-1956) : “l’adorable figure du Sauveur devait commencer par briller seule à l’horizon, afin d’attirer tous les regards vers elle… A son tour, Saint Joseph sortira de l’ombre et on verra briller ses titres à la vénération des âmes chrétiennes…. Toutes ces brillantes études réalisées sur Joseph nous permettent de mieux comprendre la richesse de son silence, d’analyser autrement son comportement et cette absence de paroles, ce qui pouvait peut-être sembler bien difficile à appréhender « avant » toutes ces lectures.
Saint Joseph a dû faire des actes particulièrement héroïques, mais toujours dans la joie de leur accomplissement. Saint Matthieu l’évangéliste l’appelle le « juste », ce qui dans la bible correspond à « saint ». Il a conscience de son rôle et de son obéissance absolue à Dieu avec amour. Saint Joseph, toute sa vie veillera donc sur son épouse, le temple de Dieu, « le buisson ardent », Marie, symbole de la présence de la divinité.
De tous les serviteurs de Dieu, Saint Joseph fut le grand privilégié, lui qui a passé toute sa vie à prendre soin de Marie et de l’enfant Jésus, dans tous les instants passés ensemble, lui qui a permis que rien ne manquât à sa virginale épouse et à l’enfant, lui qui a permis que Jésus échappât à la colère d’Hérode en fuyant en Egypte, lui qui écoutait la voix de ces anges qui l’avertissaient des dangers auxquels Jésus pouvait être confronté, lui qui jamais ne douta de ces paroles qui traversaient son esprit dans la nuit. L’Egypte, la Judée, Nazareth : que de kilomètres à parcourir et de dangers à éviter pour la Sainte Famille ! Comme l’avait voulu Dieu, Joseph était pauvre et il prit certainement ses outils de charpentier dans la perspective de gagner de quoi vivre. Il est bien facile d’imaginer qu’il n’avait d’autres préoccupations que celles d’assurer – dans une douce sécurité – le gîte et le couvert à Marie et à Jésus. Un tel homme doit rester à tout jamais un modèle pour tous les pères, quelles que soient leurs nationalités, leur religion (ou leur absence).
Dans ce monde où l’on parle tant pour ne rien dire, dans ce monde où la parole se déguise souvent sous les habits noirs du mensonge, pour apporter trop souvent misère et tristesse, dans ce monde où il est plus question de paraître que d’être, le silence de Joseph nous parait de plus en plus beau, si pur, un prétexte pour se recueillir et s’unir davantage à Dieu, sans rien lui demander, et concevoir toujours plus d’amour et de tendresse pour Jésus et Marie.
Saint Joseph, le très chaste époux de Marie, est parfois représenté portant des fleurs de lys blanches, symbole de pureté. Saint Joseph n’a jamais eu besoin de la parole pour exercer son extraordinaire mission auprès de Jésus et de Marie. Chacun de ses gestes révélait l’amour dans la protection. « Heureux ceux qui écoutent la parole du Seigneur et la mettent en pratique » (Luc 11, 28). Et nous, qui le découvrons peut-être dans l’infini de sa mission au travers des textes qui lui sont consacrés, nous savons peut-être davantage tout ce qu’il peut faire pour nous, si nous savons le prier dans notre quotidien…
Laissons à Saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise (312-389) le mot de la fin par cette magnifique citation : « Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur.”
Solange Strimon
NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée à “l’Annonciation : Marie apprend qu’elle sera mère”