Lettre ouverte d’un royaliste à M. le président de la république
Monsieur le président,
La France s’écroule. Vous n’y êtes pour rien et vous n’y pouvez rien. Votre politique ou, plutôt, votre absence de politique, encombrée de conceptions périmées, ne répond nullement aux besoins du temps mais les Français vous ont précisément élu pour cela : afin de n’entendre aucune parole qui les incite à s’efforcer de redresser leur pays, et aussi pour se débarrasser de votre prédécesseur, dont le style et les manières faisaient un peu honte au pays de Ronsard, de Lamartine, de De Gaulle, etc.
Ils vous ont donc choisi comme on choisit une voiture d’occasion, sans passion, mais en connaissance d’un modèle éprouvé, et parce que l’ancien véhicule était à bout de souffle. En somme, et beaucoup de nos compatriotes ont hélas du mal à le comprendre, ce n’est pas parce que vous êtes là que la France va mal, c’est parce que la France va mal qu’elle a voté pour vous.
Vous êtes cependant un homme de qualité, courtois, chaleureux, instruit, cultivé, ayant le sens de l’humour, le respect de vos concitoyens et, je crois, le désir de bien faire.
À la croisée des chemins à laquelle vous êtes parvenu, il vous faut maintenant trancher entre deux voies : tenter de vous faire réélire, objectif unique de tout républicain normal, ou bien essayer de sauver votre pays du déclin. Sans être extralucide, je parierais pour la première option, mais ne négligerai pas pour autant la seconde.
Voici donc pour la première : facile, déjà utilisée par votre ancien maître François Mitterrand, et somme toute payante. Elle tient en cinq actes, ainsi qu’un comédie classique :
– acte I : vous vous débarrassez au plus vite de votre premier ministre, qui porte un costume tellement trop grand pour lui que même les journalistes les plus habitués à flatter le pouvoir en place s’en sont rendu compte ;
– acte II : vous le remplacez par Manuel Valls. Il ne fera rien de mieux que son prédécesseur mais il est populaire ; au bout d’un an, peut-être moins, il sera tout autant démonétisé ; pourquoi, me direz-vous alors, le nommer ? C’est ici qu’intervient la finesse politique de l’acte suivant.
– acte III : constatant le total discrédit de votre gouvernement, vous en appelez au peuple en dissolvant l’Assemblée nationale ; héritant d’une majorité UMP, vous nommez Jean-François Copé, ou n’importe quel autre, c’est sans grande importance, premier ministre.
– acte IV : en deux ans, le nouveau gouvernement de droite perd à son tour tout crédit et, vous connaissez la versatilité des Français, ils en viennent presque à regretter Ayrault ou Valls, comme aujourd’hui beaucoup croient regretter Sarkozy.
– acte V : vous feignez d’hésiter à vous représenter et, bien sûr, vous le faites. Quel que soit votre compétiteur de droite, vous le battez alors sans difficulté. Vous avez sauvé votre poste. Mais pas la France, bien sûr …
Pour cela, il faudrait être d’une autre trempe et oser sortir des sentiers battus. Mais peut-être en êtes vous capable. Voici donc la seconde option, beaucoup plus rapide à exposer.
Interrogez les royalistes et demandez nous comment rappeler le roi, sans coup de force, sans guerre civile, sans dommage pour quiconque, sauf pour les politiciens épuisés qui vous encerclent et ruinent ce pays. Mais avec un immense profit pour la France, ce dont l’Histoire vous sera longtemps reconnaissante. Vous en doutez ? Venez nous voir, nous allons vous expliquer.
Je vous prie de croire, Monsieur le président, à l’assurance de l’espoir, aussi mince soit-il, que je place encore en votre discernement,
Henri de Villehardin