Au Japon, nous avons marché pour la Vie !
La septième édition de la Marche japonaise pour la vie a eu lieu les 23 et 24 juillet 2020 !
Malgré la tension due au coronavirus et les restrictions sociales concernant les rassemblements, nous avons pu réaliser cette année encore la Marche pour la vie au Japon ! Sous la pluie, environ 80 personnes se sont rassemblées à Tokyo le 23 juillet, autour de l’abbé Thomas Onoda, et une trentaine à Osaka le 24 juillet. De nombreux catholiques étaient présents, autour de la statue de Notre-Dame de Fatima, avec laquelle nous avons processionné en chantant le rosaire et la litanie de Notre Dame pour la vie à naître et la conversion du Japon.
La marche pour la vie fut une des rares manifestations publiques cette année, alors que tous les événements sont annulés, depuis les processions païennes, jusqu’aux événements sportifs. Malgré tout, nous avons rassemblé presque autant de monde que l’an dernier. Deo gratias ! Nous avons aussi réalisé, pour la première fois, une marche pour la vie virtuelle, avec la participation du Professeur Ligaya, pour Human Life International, association catholique se battant sur tous les fronts pour la vie et contre la culture de mort.
Permettez-nous de rappeler le contexte de l’avortement au Japon, rappel qui peut être très instructif pour les défenseurs de la vie en Occident. La situation de l’avortement y est très différente de chez nous. L’avortement en lui-même reste un crime inscrit au code pénal, mais dépénalisé. Il n’y a donc pas de légitimation du crime d’infanticide tel qu’il existe en Occident, et en France en particulier, qui veut en faire « un droit ». Au Japon, pas de féministes acharnées et autres idéologues révolutionnaires qui veulent, par perversion, faire admettre comme vrais et bons des principes contre-nature. En bref, le Japon conserve encore un semblant de loi naturelle, et l’avortement est vu comme un mal, les mères qui avortent savent ce qu’elles font, et souvent vont exposer un ex-voto pour l’enfant tué dans un temple quelconque — le mythe bouddhiste de la réincarnation a, certes, un effet relativisant pour l’importance de la vie.
L’avortement fut, de plus, dépénalisé bien plus tôt qu’en France : en 1948, pendant l’occupation américaine du territoire. Cette dépénalisation arrangeait tout le monde : l’occupant, pour casser la politique nataliste d’avant-guerre vue comme une politique hautement militariste, et le gouvernement japonais, qui pouvait ainsi, avec l’accord de toute la population, « régler » le problème des relations entre japonaises et militaires américains pendant l’occupation. En bref, on supprimait les enfants de ces couples mixtes dont les familles ne voulaient pas. Après cela, le Japon fut un « paradis de l’avortement » jusque dans les années 1970, à une époque où presque aucun pays n’autorisait encore l’avortement. Les pires années voyaient jusqu’à plus d’un million d’avortements par an… Dans le silence et l’obscurité de la majorité… Aujourd’hui, le nombre d’avortements, dans un pays vieillissant et en manque chronique d’enfants, s’élève encore à 100 000 par an environ, soit moitié moins qu’en France, pour une population double.
Pourquoi donc, me direz-vous, l’avortement est aussi présent au Japon alors-même que tout le monde ici reconnaît cet acte comme criminel ? C’est une très bonne question, dont la réponse peut nous être très utile en Occident. Une raison importante vient surement de la mafia des médecins qui se fait un pactole important avec l’avortement (qui n’est pas remboursé ici, cela va sans dire). Beaucoup de femmes avortent sur simple recommandation du médecin, véritable gourou. Et le lobby des médecins, puissant, verrouille toute possibilité de débat politique et, sur ce sujet, tient les politiques dans sa main. Il se trouve aussi que l’avortement existe depuis très longtemps au Japon, comme pratique certes criminelle mais tout à fait tolérée, peu poursuivie et largement pratiquée.
Dans un monde païen, s’il est évident que les enfants nombreux sont une preuve d’élection et de force sociale, en plus d’assurer une descendance (ce qui explique pourquoi un pays païen, connaissant instinctivement la loi naturelle, du moins dans ses parties principales, n’ira jamais légitimer l’avortement en soit), il est tout aussi évident que supprimer un bébé n’est pas un problème moral majeur. Pour les famille pauvres, mieux vaut supprimer le bébé que de le vendre comme esclave ; de manière générale, mieux vaut supprimer le bébé gênant issu d’une relation interdite qui va contre la volonté des familles et les alliances sociales prévues de longue date ; mieux vaut supprimer le bébé dégénéré, qui fait honte au nom et représente un poids ; mieux vaut supprimer le bébé pour toutes les professionnelles qui vendent leur corps, etc., etc. Il y a toujours de « bonnes » raisons.
Notons ainsi que dans l’histoire du Japon, malgré la loi naturelle bien présente, l’avortement ne fut pas poursuivi en tant que tel, malgré le fait qu’il soit reconnu comme un mal : cela arrangeait tout le monde. En ce sens, aujourd’hui, notre situation est assez proche de celle du Japon : on tue les bébés parce que c’est « arrangeant », il suffit que cela ne se sache pas, qu’on le cache… et personne n’en parle, comme si cela n’existait pas vraiment. C’est pourquoi la marche pour la vie est essentielle au Japon : non pas pour dire que l’avortement est illégitime — cela est une évidence ici — mais pour crier : puisque cela est illégitime, arrêtez d’avorter ! Il suffirait de mettre en lumière et sur la place publique le débat pour qu’il se règle… enfin, normalement…
Paul de Lacvivier
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !