Le diocèse de Nîmes appelle au vote
L’initiative vient de Monseigneur Robert Wattebled, évêque de Nîmes. Des prospectus sont distribués aux diocésains nîmois appelant à faire usage du droit de vote. On y lit que “le vote est un droit, un pouvoir”, dans un document qui rappelle aux catholiques leur devoir de s’immiscer en politique. On se souvient que Monseigneur Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, avait dit que “l’abstention est un péché”.
Difficile de s’y retrouver dans un discours ecclésial qui semble fourmiller d’incohérences. Le pape Léon XIII, qui reste pourtant dans les consciences le pape du ralliement et de la première encyclique sociale, condamne l’idéologie démocratique qui fait découler le pouvoir de Dieu, dans son encyclique Diuturnum. Si le Christ a dit de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, il aura aussi répondu au gouverneur romain Pilate que son autorité vient du Très-Haut. Modérons donc les discours de certains chrétiens contemporains, plus proches de l’extrême onction que du baptême, se faisant chantres inconditionnels de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
La parole de l’Eglise a toujours été la suivante: une distinction, mais pas de séparation. En 1905, la séparation était actée, mais un siècle plus tard l’idéologie courante est bien plus préoccupante. En effet, on interdit à l’Eglise se “s’immiscer” dans la vie publique. Au point d’accuser les hommes politiques catholiques d’être subjectifs et de pratiquer un entrisme de missionnaires mal-intentionnés. Les dégâts de l’idéologie d’un Kennedy qui prétendait que sa foi catholique n’interférait pas dans sa gouvernance sont saillants…
Nous le savons, les menées républiques de Peillon et consorts sont profondément religieuses. Cette religiosité sert le diable mais disqualifie indubitablement les gouvernants contemporains de l’objectivité à laquelle ils prétendent. Et eux redoublent d’ardeur, et sans crainte.
De l’audace, de l’audace, toujours de l’audace ! Que le meilleur choix soit celui du moins pire ou de l’ignorance de la matrice électorale, avançons à visage découvert en catholiques.
Georges Clémenceau lançait à la face des opposants à la loi de 1905 qu’ils n’avaient pas eu l’audace d’opposer le règne de Dieu à la loi de séparation. Les arguments timorés qui sont restés, analogues à ceux qu’il nous reste aujourd’hui dans les sujets brûlants, étaient bien faibles face à la détermination sans faille des laïcards.
Quoi qu’il en soit, voter ou ne pas voter est un choix qui procède de la conscience et de la volonté de chacun. C’est en France un acte libre et ainsi, chacun aura à rendre compte à Dieu de son attitude électorale, avec toujours en ligne de mire l’augmentation de la gloire accidentelle de Dieu, l’avènement de son règne et le service des plus faibles.
Julien Ferréol