Comment sortir de l’euro ?
Il faut d’abord se poser la question : « faut-il sortir de l’euro ? ». On ne peut y répondre que par l’affirmative. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 1986 et 1998, le taux de croissance moyen dans les pays de l’Union Européenne était de 5% (source Eurostat) ; entre 1999 et 2010, la croissance moyenne est tombée à 2,6%.
Quant au pouvoir d’achat en France, c’est encore plus catastrophique, comme le montre le tableau ci-dessous :
La réalité est que l’inflation réelle, depuis l’instauration de l’euro, est de l’ordre de 7 à 8%, bien loin des chiffres officiels qui la limitent à 2%. Cela signifie qu’en dix ans, le pouvoir d’achat a décru de 50% ! Quant au chômage, ce n’est pas brillant non plus. En décembre 2012, le taux de chômage pour l’ensemble de la zone euro s’élève à 12%, ce qui est déjà très élevé. Mais pour certains États, c’est bien pire : Portugal : 15% ; Espagne : 24% ; Grèce : 25%. C’est véritablement désastreux.
Nous avons déjà eu l’occasion de dire que seule l’adhésion aveugle à une idéologie – le mondialisme – peut expliquer un tel entêtement de la Commission de Bruxelles et des gouvernements européens. Le simple bon sens aurait conduit depuis longtemps à l’abandon de l’euro pour en revenir aux monnaies nationales, donc à un retour à la souveraineté des Etats, ce qui est conforme au principe de subsidiarité.
Maintenant, il faut voir s’il est possible de sortir de l’euro. Bien entendu, les rédacteurs du TFUE (Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne) n’ont rien prévu concernant les modalités éventuelles de sortie d’un pays de l’euro. Ce n’est pas un hasard…
L’étude Nomura de novembre 2011, jamais démentie[1], chiffrait à environ 1,21 dollar la « vraie valeur » que devrait avoir un « euro français » libéré de son carcan « eurozone », d’où une dévaluation de fait par rapport à l’euro actuel d’environ 7%. Rappelons que l’euro allemand, dans cette même analyse, devrait valoir de l’ordre de 1,40 dollar, et s’apprécierait donc de l’ordre de 16% contre l’euro français (si celui-ci valait 1,21 dollar).
Rappelons aussi qu’environ 2/3 des dettes publiques sont détenues par des « non-résidents », soit environ 1220 à 1240 milliards d’euros fin 2012. Une éventuelle dépréciation de la monnaie nationale ne devrait donc porter que sur ce montant. En appliquant la décote de 7% sur ce montant, on aurait ainsi une « perte de change » de l’ordre de 85 milliards (en « anciens euros »), toujours en supposant que l’on finisse par rembourser nos créanciers, et non pas faire, comme depuis dix ans, de la simple cavalerie en « faisant rouler notre dette ».
Venons-en à un exemple pratique. Le gouvernement islandais a eu le courage de se tourner vers le peuple. Les deux référendums (de 2010 et 2011), portant sur le remboursement des épargnants étrangers (britanniques et néerlandais principalement) ayant été lessivés par la banqueroute de la banque Icesave, (filiale de la banque islandaise Landsbanki nationalisée en 2008), ont rejeté cette idée saugrenue de rembourser des épargnants qui s’étaient précipités à l’époque pour profiter des rendements alléchants à deux chiffres offerts par les banques islandaises. Le gouvernement islandais a donc pris les décisions suivantes : nationalisation de toutes les banques, dévaluation de la monnaie et répudiation unilatérale d’une partie de la dette. Il est vrai que ce “petit” pays n’est pas encore sorti totalement de l’ornière mais il a pris dès le départ les bonnes décisions lui offrant ainsi l’assurance d’une sortie rapide.
Dans le cas de la France, nous procéderions de façon équivalente :
– première étape : retour au franc et abolition de la loi Pompidou-Giscard de 1973, ce qui permet à l’avenir à la Banque de France de créer de la monnaie sans avoir à emprunter aux banques, cette institution repassant naturellement sous le contrôle du gouvernement.
– deuxième étape : nationalisation de toutes les banques et interdiction à celles-ci de toute création monétaire.
– troisième étape : dévaluation de la monnaie et répudiation unilatérale des deux tiers de la dette correspondant aux créanciers non-résidents.
Ainsi la France retrouvera son pouvoir régalien de battre monnaie.
L’étape suivante sera, bien entendu, la sortie de la France de l’Union Européenne lui permettant de retrouver son indépendance en matière de politique budgétaire et de politique fiscale. En même temps elle dénoncera comme non applicable à la France l’accord commercial signé en catimini le 18 octobre 2013 entre l’Union Européenne et le Canada.
Georges Tartaret