Les principes restaurateurs : la voie royale !
I – Les principes restaurateurs
1 – La voie royale
La première partie de cette campagne s’attache à présenter un certains nombres de principes restaurateurs indispensables et basiques de l’action royale pour la France. Ces principes ne sont pas simplement statiques et dogmatiques, mais bien dynamiques et actifs en substance. Ils concernent évidemment la façon royale de notre royauté, et la dynamique royale à adopter pour la restauration effective de la France éternelle. Les mots ne servent qu’à décrire bien imparfaitement un esprit incarné dont le succès ne dépend que de sa réalisation par chacun d’entre nous dans sa vie au quotidien, dans la limite de ses capacités et en toutes choses, même celles qui peuvent paraître les plus futiles.
La restauration politique et institutionnelle ne peut passer que par une restauration culturelle, spirituelle et réelle préalable ; cette restauration incarnée, concrète et hors du champ politique, est ce que j’appelle la voie royale. L’incarner est déjà une victoire de la Restauration : elle consiste dans sa réalisation sur nous d’abord, sur nos famille et sur nos cercles proches, selon nos capacités et nos possibilités. La priorisation du proche vers le lointain, et du petit vers le grand est primordiale pour réaliser une restauration véritable, qui consiste avant tout à rester à l’endroit et marcher dans le bon sens, peu importe la vitesse de progression et la distance parcourue, même s’il faut espérer que plus le temps passe plus nous pourrons avancer loin et vite. Il s’agit néanmoins de cesser dans un premier temps de couler et de reculer sur la voie royale, ce qui se passe effectivement depuis trop de temps dans notre France.
L’harmonie et l’esprit royal incarnés partout commencent la Restauration, qui n’est pas un état binaire du type Restauration-Révolution, obligatoirement dans un état ou un autre. Non, il faut voir les choses dans la continuité et, ici, deux pôles dont la version pure n’existe pas : l’important est de tendre à la Restauration en toute chose, dans une dynamique royale et positive, qui n’effacera jamais les fautes et les chutes dues à la nature de l’homme.
Nos actes concrets restaurateurs et royaux sont autant de victoires, non pas dans l’anéantissement de l’ennemi, mais dans sa conversion à l’esprit royal au sujet duquel nous sommes nous-mêmes les premiers à devoir convertir – car c’est bien notre propre personne qui synthétise et contient en premier lieu les contradictions humaines, comme les tendances restauratrices et révolutionnaires. Si nous nous restaurons nous-mêmes, nous pourrons décupler l’efficacité restauratrice de nos œuvres dans la famille, notre entourage, nos sociétés, notre pays et notre Église.
Les principes sont des ancres, des balises et des références qui nous aident, mais la Restauration se fait dans leur incarnation particulière à chaque moment et en chaque lieu. Ces principes composent un esprit royal, à la fois fixe mais souple et dynamique, un souffle royal qui indique la voie, et qui construit la voie royale par nos œuvres quotidiennes, familiales, de société, etc.
Le roi lui-même incarne parfaitement son principe : à la fois éternel et de chair dans le monde d’aujourd’hui, à la fois fixe mais agissant et incarné dans les actions et les situations forcément particulières. Il est ce lien entre ciel et terre, nous subsumant au divin, qui est aussi sur la terre, agissant, comme en témoigne la présence réelle et toute la Tradition catholique. Le roi est le point de jonction et de synthèse qui guide sur la voie royale – entre divin, terrestre, religion, politique – les diverses âmes, la nature, la vie, la mort, les générations passés et à venir dans un éternel présent. Notre devoir de sujets est d’y participer, et nous avons tout autant que le roi la vocation d’incarner la voie royale, sauf que le roi incarne cette élection si particulière du sang, de Dieu, de l’histoire et des hommes, ce qui montre que l’universalité de la voie royale côtoie l’unicité absolue de chaque homme dans son existence propre et sa place. Il n’y a qu’un roi, tout à la fois unique et universel, comme il n’y a qu’un vous et qu’il n’y a qu’un moi, placés par Dieu chacun à notre rang, à la jonction du sang, du divin, de la terre, du corps et de l’esprit, dans le présent entre le passé et l’avenir, au milieu des hommes et de la Création.
La restauration de la voie royale revient ainsi à réconcilier tous ces contraires manichéens qu’affectionne la modernité mais qui n’existent pas, au fond, dans la réalité, et ne sont que le produit de l’ennui d’hommes souvent pervers à leur insu et qui cherchent à tromper leur vide par un verbiage fumeux et spécieux, oubliant la vérité, Dieu et la réalité. La matière et l’esprit sont inséparables, c’est ainsi. Les élucubrations des pseudo-philosophes de notre temps feront toujours pâle figure devant la simple clarté et l’évidente véridicité d’un saint Thomas d’Aquin. Nous ne sommes ni des anges, ni des bêtes, ni un minéral, mais bien des hommes, de chair et d’esprit. Il faut passer de l’analytique au synthétique. L’analytique peut être utile, mais il n’est qu’un moyen et il peut s’avérer extrêmement faux dans la justesse du détail : l’homme est un être synthétique. Nous pouvons conceptualiser la distinction du corps et de l’âme, mais nous sommes faits de et d’âme, de chair et d’esprit, sans équivoque. C’est une évidence, parmi de nombreuses autres, mais que la modernité a réussi à faire perdre de vue dans la perversion qui consiste à prendre un bout de vérité pour toute la vérité – ce qui s’appelle une erreur, ce qui est faux. Tout ce qui est faux est donc vrai dans un certain sens, et l’erreur consiste à oublier que nous n’avons tous et tout le temps qu’un bout de vérité. Au mieux cette dernière peut-elle se donner à nous, comme dans la sainte communion, mais sans que nous ne nous assimilions jamais complètement à elle ici-bas… L’erreur reste l’effacement de la vérité, tout comme Albert Einstein expliquait que l’obscurité n’était que l’absence de lumière ou le froid celle de chaleur. Ajoutons, en nous réclamant de saint Pie X, que l’erreur devient d’autant plus pernicieuse, violente et efficace qu’elle se terre dans un vaste ensemble de vérités.
Le danger totalitaire, le danger idéologique, la malédiction révolutionnaire et moderne, n’est nulle part ailleurs que là : faire d’un détail, peut-être vrai par ailleurs dans certaines conditions et en un certain lieu, une vérité éternelle et totale, devant tordre la réalité pour satisfaire sa cohérence interne, cohérence qui n’est jamais vérité.
Tout est dans l’incarnation pragmatique et intransigeante de la voie royale qui est balisée par les principes vrais et éternels. Voilà la tradition française et catholique : associer le talent de la tradition qui consiste à transmettre, mais à transmettre le bon, et non le mal – ce qui explique pourquoi toutes les traditions ne sont pas bonnes, car le talent de la transmission, qui n’est au fond qu’un moyen, peut être mis au service du mal – regardez nos révolutions dans le court terme, mais surtout un célèbre pseudo-prophète arabe qui a fait marcher à plein la transmission pour fonder une tradition aux principes mauvais. Après tout, il y en a aussi qui transmettent Vatican II plutôt que les enseignements traditionnels de l’Église… en utilisant des modes semblables, mais un corpus objectif du tout au tout différent.
Cherchons donc les principes restaurateurs, sans pouvoir être exhaustifs ni complets, puisque nous sommes limités. N’oublions jamais que nous ne sommes que des êtres finis et que, si la raison a son rôle à jouer, tous nos systèmes purement humains sont dès le berceau partiels, partiaux et dépassés. Les principes restaurateurs dont nous voulons parler sont à la fois distincts et consubstantiellement unis dans le roi, dans Dieu. L’esprit royal par excellence peut aussi – peut-être – se résumer par l’esprit d’harmonie, esprit divin par excellence – esprit charitable, qui sait être intransigeant et fort, sans être violent et partisan.
Que notre roi nous guide, et que nous aidions le roi sur tous les plans, à commencer par l’esprit et la matière, le cœur et l’honneur, le service et la remontrance, la modestie, l’humilité, les œuvres incarnés, l’activisme et la confiance en la Providence.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le roi, pour la France
La série « Campagne royale », signée Paul-Raymond du Lac, est composée de quatre cycles : Les principes restaurateurs ; Les conditions préalables [à la restauration] ; Les fondements de l’action ; et Place à l’action, couronnée par le manifeste. Les intitulés des articles sont les suivants :
► Haut les cœurs ! Manifeste pour la restauration royale
► Les principes restaurateurs :
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- La voie royale
- Soyons de bons et exemplaires sujets, des ministres entreprenants, des chevaliers zélés : premier pas vers la Restauration
- Sortons de toute logique d’appareil et de parti
- Agissons en tant que sujet quitte à désobéir, en toute courtoisie, aux lois iniques
- Réinvestissons la res publica
- Vivons naturellement dans le royaume de France éternel en tant que sujets
- Voyons loin, très loin. Croissons et multiplions
► Les conditions préalables :
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- Unissons la famille royale
- Réunissons le trône et l’autel
- Liguons les royautés de par le monde !
► Les fondements de l’action :
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- Exaltons la liturgie royale restaurée et traditionnelle : la restauration intégrale
- La Restauration ne peut passer que par le sacre royal : la restauration spirituelle
- Fondons le gouvernement royal pour la Restauration : la restauration réelle
- Restaurons les finances royales par l’impôt volontaire : la restauration pragmatique
- Formons une armée royale
► Place à l’action :
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- Investissons le pays réel selon nos possibilités
- Envahissons la place publique via l’élection démissionnaire
- Mettons le roi sur le trône !
- Assimilons les réfractaires
► En pratique :
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- Annexe 1. Le problème musulman
- Annexe 2. Exemple d’esprit royal d’union nationale : hymne et drapeau