De Louis XIII à la Saint Valentin
Allez savoir pourquoi et comment l’évangile de ce dimanche 16 février m’a conduite tout naturellement à Louis XIII le 10 février 1638 avec sa consécration de la France à Marie, à Benoit XVI le 11 février 2013 et enfin à la saint Valentin le 14 février 270. Ce dernier est bien entendu sans commune mesure avec les deux évènements précédents, mais il existe, et à ce titre mérite quelques lignes.
Louis XIII nous introduit par sa sagesse et sa confiance absolue en Dieu à l’évangile de ce jour. La sagesse est considérée comme un mystère de Dieu. Et Louis XIII fut un privilégié de Dieu, lui qui a tellement prié pour avoir un héritier. Lui qui a eu la sagesse de croire à un miracle, lequel intervint 22 ans après l’union du couple. Tout a été dit sur cette difficulté d’avoir un enfant. Les historiens s’en sont donné à cœur joie, selon leurs convictions intimes et profondes. Nous n’étions pas sur place pour appuyer une thèse plutôt qu’une autre. Alors, croyez ce que vous voulez…
Ce qui reste une certitude, c’est qu’en 1636, la Vierge Marie demande à Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, religieuse stigmatisée (tenue en grande estime par le Cardinal de Richelieu, éminent personnage de l’époque), que la France lui soit consacrée. Et le Roi Louis XIII, « dans le secret de son cœur », consacrera sa personne et son Royaume à Marie. Avec la Reine, Anne d’Autriche, il multiplie les prières et les pèlerinages. Sans héritier, la couronne de France risque en effet de passer dans des mains « discutables ». Et pour Louis XIII de France, dit « Louis le Juste », roi de France et de Navarre, très pieux, profondément catholique, fils de Henri IV de France et de Marie de Médicis, à qui s’adresser, si ce n’est à Dieu pour qui tout est possible ?
Un miracle se produit. La sainte Vierge apparaît à un religieux de Notre-Dame des Victoires, qui vient d’être fondée par le Roi. Elle demande trois neuvaines à Notre-Dame de Cotignac en Provence, Notre-Dame de Paris et Notre-Dame des Victoires. Le religieux, frère Fiacre, achève les trois neuvaines le 5 décembre. Neuf mois plus tard très exactement, jour pour jour, naîtra Louis XIV, qui sera « Louis Dieudonné » par son baptême et pour l’éternité Louis le Grand ou le Roi-Soleil.
Heureuse récompense de la foi indéfectible du couple royal ! Et en remerciement, avant même de connaître le sexe de l’enfant, Louis XIII aura publié le 10 février 1638 l’Edit officiel qui consacre solennellement la France à Marie. Quelle chance est la nôtre, quel extraordinaire cadeau nous a fait Louis XIII. Comment ne pas continuer à l’en remercier, et pas seulement le 15 août ? Nous reviendrons à l’évocation de ces fêtes en son temps.
Grâce à ce roi, à la destinée exceptionnelle, la France est et restera éternellement sous la protection de Marie. Alors ? Ne craignons pas les tempêtes, les orages, les tremblements de terre, les séismes, les inondations, les désastres physiques et psychiques, les divagations, les errements, la France se relèvera toujours de ses malheurs. Par la prière, par notre prière, cette prière qui permet à chacun de nous de rejoindre le ciel, d’être en contact direct avec Dieu, nous pouvons, reliés à tous ceux qui prient, faire monter notre prière et demander un miracle pour la France.
Pourquoi pourriez-vous me dire n’y a-t-il pas autant de miracles qu’au temps de Louis XIII ? Bonne question, merci de me l’avoir posée ! Avant qu’Internet ne devienne une sorte de dictateur, dévorant notre temps et notre argent, avant que la finance ne nous écrase sous le poids de ses exigences, avant qu’on ne se disperse un peu partout dans le monde, avant qu’on oublie que le verbe « aimer » se conjugue à deux et qu’il faut apprendre à se connaître pour fonder une belle famille, avant qu’on ne se laisse distraire par toutes les tentations offertes pour notre bien (en réalité notre perte), avant qu’on oublie que l’appel des cloches le dimanche pour se rendre à la messe n’est qu’un moyen de nous détourner du quotidien banal dans lequel on se laisse engluer, avant qu’on ait perdu la communication avec le Seigneur Jésus, les anges, les saints et tous ceux qui du haut du ciel nous protègent, avant toutes ces calamités, les miracles étaient possibles. Nous avons détruit nous-mêmes notre caravane porteuse de miracles. Mais nous pouvons la recréer. Oui, nous le pouvons. Il suffit de le vouloir de toutes nos forces. Et celles-ci ne manquent pas chez les lectrices et lecteurs de Vexilla Galliae… et ses amis évidemment !
Louis XIII a écrit un magnifique texte, donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et du vingt-huitième règne. En voici un court extrait :
« A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre ».
Si Louis XIII mourut avant la fin de la construction du monument projeté, Louis XIV en prit la suite. Vous pouvez voir ce petit chef-d’œuvre en vous rendant à la cathédrale Notre-Dame. Marie est assise au pied de la croix, le Christ mort sur ses genoux. A droite Louis XIII, à gauche Louis XIV, qui offrent leurs couronnes à la Vierge.
Nous quittons à regret le cher Louis XIII pour passer au 11 février 2013. Ce jour-là se produisit un fait exceptionnel, aux conséquences inattendues puisqu’elles débouchèrent sur l’arrivée dans nos cœurs et sur la scène internationale du pape François. Comment ne pas rappeler l’annonce de la renonciation de Benoît XVI ce 11 février 2013 et le choc que cette révélation causa dans le monde entier. Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoit XVI, en parle avec émotion : « Le 11 février de l’année dernière a été un jour très particulier, marqué de tristesse et de gratitude »…« partir est toujours quelque chose de triste, quelque chose qui fait mal, qui est douloureux » . Mais un an plus tard, l’archevêque Georg Gänswein estime que cet acte a été « un acte d’un grand courage, un acte révolutionnaire même ».
Nous voici enfin à évoquer l’inévitable (et bienheureuse) saint Valentin, fête des amoureux et de l’amitié tout de même, qui permet aussi à des couples de reconsidérer leur histoire. Cet homme a été un prêtre décapité par les Romains le 14 février 270. À cette époque, Valentin s’était attiré la colère de l’empereur Claude II. En effet, celui-ci avait décidé d’abolir le mariage, sous prétexte que les hommes mariés ne voulaient pas faire la guerre, trop attachés à leur famille. Et Valentin offrait la bénédiction du mariage en secret. Un secret qui ne dura pas longtemps puisqu’il fut arrêté et décapité. On lui attribue un miracle, celui d’avoir redonné la vue à la fille du geôlier. D’autres légendes courent. On se limite à celle-là.
Pour conclure et vous donner de quoi nourrir votre cœur et votre esprit, ces quelques lignes de l’Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 17-37. Les disciples rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, l’entendirent dire : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». Autrement dit, apprenez à ne rien laisser passer, à vous dépasser, à vous surpasser, sans aucune indulgence…
Solange Strimon