La fin de la liberté de l’enseignement
Il fut un temps lointain où les partis de la droite dite classique étaient attachés aux valeurs traditionnelles, telle que celle de la liberté de l’enseignement. La dernière manifestation de son opposition à un pouvoir engagé dans la mise au pas des établissements et des familles date de 1984. Un million de personnes étaient descendues dans la rue pour défendre ce principe.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. La supposée droite ne cesse de courir derrière la gauche afin de montrer à tous à quel point elle peut être fréquentable. C’est donc tout à fait normalement, dans cet esprit de gauchisation, que huit sénateurs de l’UMP (Hugues Portelli, Christian Cambon, Jacques Gautier, Esther Sittler, Hélène Masson-Maret, Michel Houel, Colette Mélot et Louis Pinton) ont déposé le 18 décembre dernier un projet de loi visant à restreindre de manière drastique le recours à la scolarisation des enfants à la maison. Je vous laisse prendre connaissance de l’exposé des motifs :
Mesdames, Messieurs,
L’un des buts de la scolarisation de l’enfant est sa socialisation. Celle-ci nécessite une éducation qui ait une dimension collective, qui lui permette de découvrir la diversité des conditions et des cultures des enfants de son âge et de rendre son développement plus harmonieux.
Dans cet esprit, l’éducation à domicile par la famille ne peut être qu’une situation exceptionnelle, liée à l’état de santé ou à l’incapacité permanente ou temporaire de l’enfant.
Elle ne peut être le prétexte d’une désocialisation volontaire, destinée à soumettre l’enfant, particulièrement vulnérable, à un conditionnement psychique, idéologique ou religieux.
La présente proposition de loi, qui respecte l’esprit de la convention internationale relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1990 (et notamment les articles 3, 13, 14 et 29 alinéas 1er a) et d) vise donc à redimensionner cette possibilité en la limitant aux cas d’incapacité et à la soumettre à un contrôle de professionnels agréés par l’Éducation Nationale sans faire pour autant disparaître l’enquête sociale de la commune
Comment ne pas voir dans ce texte une manière d’hommage déférent à Vincent Peillon qui entend par tous les moyens soustraire les enfants à leurs familles afin d’en faire de bons petits citoyens de cette république laïque ? Avec de tels amis, pas besoin d’ennemis.
Il y a les établissements privés me direz-vous. Certes, mais toutes les familles n’ont pas nécessairement les moyens d’y envoyer leurs enfants. D’autre part, les établissements sous contrats étant sous pression directe du Ministère de l’Éducation nationale, les différences avec le secteur public relèvent de plus en plus de l’anecdotique. Restent les établissements hors contrat, mais le coût de ces établissements est élevé en raison d’un acharnement gouvernemental qui les a exclus du champ d’application des réductions fiscales, ce qui mécaniquement a contribué à la hausse de leurs tarifs.
Pour l’heure, il ne s’agit que d’un projet de loi qui doit être examiné. Naturellement pessimiste, je n’ai guère d’espoir quant à son rejet. Il convient donc de tirer la conclusion qui s’impose. Droite et gauche républicaines sont unies lorsqu’il s’agit de détruire les libertés des familles et d’imposer une éducation républicaine laïque afin de créer de bons petits citoyens formatés. Que cela puisse contribuer à l’accroissement des inégalités, cela n’intéresse pas ces gens. Leurs enfants fréquentent des établissements publics en s’affranchissant de la carte scolaire, ou privés réputés et coûteux.
Pascal Cambon