La mixité sociale ? Une arnaque !
Patrick Buisson décrivait dans un de ses entretiens comment le quartier des Halles de Paris avait été, pendant plus d’un millénaire, le lieu incarné d’une véritable et efficiente mixité sociale. Il expliquait, l’ayant vécu, comment son démantèlement après-guerre avait non seulement détruit une culture millénaire, et une ambiance que l’on peut sentir encore un peu dans certains vieux films, mais, pire, que ce déplacement des Halles avait surtout cloisonné dans Paris des mondes qui, jusqu’alors, se côtoyaient.
Nous trouvons la même chose dans les villages d’autrefois, où le châtelain pouvait prendre la bêche aux côtés des tenanciers, où les serviteurs avaient l’oreille du maître, où toutes les professions et les conditions vivaient ensemble. Oh, il y avait certainement des frictions, comme partout, et il faut dire qu’il devait en avoir bien moins entre mondes différents, qu’à l’intérieur de chaque monde : on sait bien qu’on se dispute bien plus facilement et gravement avec un égal ou un pair qu’avec un supérieur ou un inférieur, inatteignable par définition, puisque l’on n’est pas « au même niveau ». Il est plus facile d’être charitable avec celui qui est loin. La sagesse immémoriale des sociétés, connaissant ce principe, marquait avec une rigueur extrême les rangs et les conditions. Ainsi, elle éloignant les uns des autres ceux qui vivaient à proximité afin qu’ils puissent mieux se côtoyer et interagir au quotidien. Mieux s’occuper de son proche par l’éloignement social.
On ne faisait pas semblant de ne pas vouloir distinguer les forts et les grands, de glorifier les méritants et les serviteurs du bien commun au nom d’un pseudo-égalitarisme qui montre aujourd’hui toutes ses conséquences néfastes. C’est mal connaître l’homme que de croire à la disparition des rangs et des conditions : jamais ils ne disparaissent, à commencer dans nos sociétés révolutionnaires (regardez les nomenklatura communistes). La seule différence, c’est que ces distinctions se fondent sur des critères injustes et faux, et créent une société injuste et fausse. C’est la seule différence !
Patrick Buisson soulignait d’ailleurs que les campagnes de « mixité sociale » ont, en fait, signifié en pratique la fin d’une véritable mixité sociale qui fonctionnait car elle conservait les rangs et gardait chacun à sa place. C’est, d’ailleurs, quand cet ordre est clair que les véritables mouvements dans la société sont possibles, l’histoire en abonde. Néanmoins, cet ordre n’est pas une fin : nous aspirons tous d’abord à vivre, à bien vivre et à nous sauver. Pour cela, il faut avoir une stabilité honnête, que seul un ordre social justicier peut assurer, en encourageant les vertus, en punissant les vices, et en décourageant l’orgueil et l’arrogance, en les canalisant vers de bonnes choses avant de les transformer en culte du service, le « noblesse oblige ».
Des mondes différents ne peuvent pas vraiment se mélanger. Une société révolutionnaire qui prône l’indistinction sociale comme principe produira systématiquement ce schéma : chaque monde coupera les ponts avec les autres, de peur de la dissolution — crainte tout à fait justifiée et qui a fait son œuvre depuis deux siècles. Le principe révolutionnaire d’abolition des aristocraties — en tout genre, puisque l’aristocratie n’est pas monochromatique : il y a les aristocraties des métiers, de la morale, de la spiritualité, etc. — détruit donc l’harmonie sociale et créé des murs infranchissables entre des mondes qui, auparavant, se côtoyaient au quotidien.
Mentir sur l’existence de ces distinctions et de ces mondes sociaux est un grand pêché de la société révolutionnaire. En faisant croire que ces mondes n’existent pas, celle-ci crée de nombreuses situations catastrophiques liées à l’ignorance de la réalité — des mécompréhensions, des haines, des déceptions, etc., au point que, aujourd’hui, la société est fragmentée à un point jamais atteint ! A chaque fois qu’on matraque la cohésion et la mixité sociales, on accentue la fragmentation !
Typique de la Révolution : nier une réalité, qui ne change pas pour autant, mais qui, non soutenue par des actions humaines acceptant d’être ordonnées à la réalité, devient dure, violente, misérable… C’est la même avec toutes les idéologies révolutionnaires : (anti)racisme, fascisme, féminisme, « gender » et tout ce que vous voulez… Que faire alors ? Cesser de parler d’égalité si ce n’est devant Dieu ; parler de justice, soit rendre à chacun ce qui lui est dû ; la charité viendra adoucir la justice si nous devenons chrétiens. Le Roi, fontaine de justice, et la Foi, fontaine de charité, tout commence là !
Restaurons tranquillement mais sûrement.
Antoine Michel
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France