Politique

La république et la santé de ses présidents

Le dauphin Louis, fils de Louis XIV, avec sa familleIl subsiste dans l’inconscient collectif françois une vision monarchique du chef de l’État. Les 1000 ans de règne de la chrétienté capétienne ont formé la France, et comme le dit l’adage : “chassez le naturel, il revient au galop”.

Bien sûr il n’est plus de français ayant connu la monarchie, les derniers contemporains de la Restauration s’étant éteints durant l’Entre-deux-guerres. Et leurs souvenirs de 1814-1830 devaient être bien flous.

Mais la droite républicaine, un peu plus molle dans la révolution que la gauche (donc toujours avec un wagon de retard dans la marche vers l’Homme nouveau) a entretenu une tradition bonapartiste : le culte du chef. Napoléon Bonaparte, dans une certaine mesure le général Boulanger, Charles de Gaulle…On pourrait y ajouter François Mitterrand, qui n’a plus rien à voir avec la rue de Solférino contemporaine, et avec un parti qu’il n’a pas toujours fréquenté durant sa vie, loin s’en faut. Certains fanatiques compléteront la liste par Nicolas Sarkozy, même si toutes les réserves s’imposent.

Quoiqu’il en soit des années-lumières séparant les grandeurs de la France avec François Hollande, c’est ce dernier qui incarne la fonction présidentielle. Il “incarne” au sens propre du terme : son esprit et son corps sont dévolus à la cause nationale. N’en déplaise aux dégénérés de la gouvernance socialo-écolo-scandinavoïde, les français voient en lui plus qu’un expéditeur quinquennal des affaires courantes. Sa santé est donc une affaire d’Etat.

Les révélations de la semaine nous informent d’une intervention chirurgicale subie par François Hollande, avant la primaire socialiste. Rassurez-vous, il ne s’agit que d’une opération banale qui s’est déroulée pour le mieux. L’Elysée, le Château comme dit le Canard Enchaîné, a tout de même cru bon de communiquer à ce sujet.

Il est vrai que le calme relatif de la vie politique française incite les journaliste à meubler avec autres choses que les ficelles habituelles, chicaneries puériles et autre racisme généralisé. Mais si les français sont intéressés par la santé du président, c’est en grande partie du fait de son statut particulier visé ci-dessus, mais aussi par la faute des imprécisions du passé…

N’oublions pas que Georges Pompidou est mort en cours de mandat. Valéry Giscard d’Estaing, élu à 48 ans, n’est pas concerné. Mais que dire du secret d’État de François Mitterrand qui a caché un cancer qui lui sera fatal bien peu de temps après son départ de l’Elysée ? Jacques Chirac s’était engagé à publier des bulletins, ce qu’il a omis de faire (comme la tolérance zéro contre les délinquants et bien d’autres promesses). Quant à François Hollande, son dernier bulletin de santé a 9 mois et nous n’aurons pas de nouvelles des contre-coups issus du massif de montagnes russes qu’est sa courbe de poids avant 2014. Alors que le candidat s’était engagé à une publication semestrielle…

La France est régie par un régime imposteur, qui singe les institutions traditionnelles au point d’en emprunter des considérations charnelles qui lui sont propres. Pour la santé du pays, de grâce, changeons de régime…

Julien Ferréol

(image: La famille du grand Dauphin – fils de Louis XIV – tableau de Pierre Mignard.)

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