Razzie award 2013 du pire scénario : l’opération escargot francilienne
Jeudi 21 novembre, les syndicats agricoles Fédération Départementale des Syndicats des Exploitants Agricoles d’Ile-de-France et les Jeunes Agriculteurs ont bloqué de nombreux grands axes routiers autour de Paris.
Ils voulaient exprimer leur ras-le-bol de cette surfiscalisation. Il y eut un mort et plusieurs blessés. L’évênement a provoqué une chaîne de réactions qui a été insuffisamment traitée par les médias de masse : levée du blocus, , désolidarisation, main tendue du ministre.
La mort d’un jeune homme de vingt-huit ans est tragique. Au-delà de l’émotion, que reste-t-il ? On nous explique qu’il s’agit d’un pompier. Cela aurait été un étudiant en droit ou une caissière, en aurait-on parlé ? Le corps des pompiers est le seul qui soit encore unanimement apprécié des françaises et des français. Est-ce qu’il ne s’agirait pas là d’une manipulation vouée à nous faire mépriser la contestation paysanne ? Au risque de susciter l’indignation, pour ne pas voir que la circulation ralentissait, est-ce que la victime était en excès de vitesse ? Conduisait-elle imprudemment ? L’enquête nous le dira. Et les blessés du car de CRS ? Un chauffeur de car de CRS n’a-t-il pas appris à conduire dans des conditions de circulation mouvementée ? Et une collision avec un tracteur. Allô ! Mais allô quoi ? C’est lent et gros cette machine là.
En nous faisant croire que la responsabilité de la mort de l’automobiliste incombe aux céréaliers, alors que l’accident a eu lieu dans le trafic, avec un poids lourd, tandis que la circulation ralentissait, n’est-ce pas la même forme de manipulation, en plus dramatique, que lorsqu’on interpelle un cortège du Front National préventivement au défilé du 11 novembre pour ensuite les amalgamer avec le désordre qui régnait sur les Champs-Elysées ? Ou lorsqu’on arrête ou emprisonne des manifestants de la Manif Pour Tous? Quand Manuel Valls va-t-il rendre des comptes ?
Le blocus a été décidé suite, notamment, au rééquilibrage de la Politique Agricole Commune au profit des éleveurs plutôt que des céréaliers. Le bureau national, la FNSEA, n’a ni approuvé, ni contesté l’action de leur fédération francilienne, une façon de conserver l’appui de leurs adhérents tout en soutenant le regard médiatique et politique.
Le but de l’opération escargot était-il autre que celui de faire plier le gouvernement ? Possible. Car sinon, pourquoi se dire satisfaits alors que Stéphane Le Foll a dit très cyniquement être ouvert au dialogue sauf sur l’essentiel, la Politique Agricole Commune. Ne vaudrait-il pas mieux attendre le résultat de cet échange avant d’exprimer fierté ou déception ? N’est-il pas surprenant de se dire satisfait d’un ministre dont on réclamait la démission un jour plus tôt ? Aucun changement ministériel n’altérera une ligne économique inchangée depuis des décennies : le libre échange.
La question la plus importante est la suivante : à qui profite le crime ?
Les paysans ne vivent plus que des aides européennes. Sous perfusion, leur prix de vente ne cesse de chuter. Devant tant de difficultés, il faut tout remettre à plat et sortir du cadre fédéral européen libéral qui tue littéralement et métaphoriquement nos paysans. Malheureusement, les centrales syndicales, main dans la main avec le pouvoir politique, s’ils ne veulent pas que leur base leur échappe, ils veulent, certainement, étouffer le mouvement des bonnets rouges. Il faut peut être envisager que l’opération escargot est une mise en scène qui a mal tourné…
Tout ce petit monde se tient par la barbichette, personne ne dénonce personne. Et ceux qui s’encombrent d’une conscience sont licenciés, harcelés, poursuivis en justice, ruinés et finalement acculés au suicide. Plus que jamais, il faut soutenir les paysans contre leurs centrales : privilégiez les circuits courts pour vos achats. S’ils ne sont pas royalistes, ils sont notre meilleure chance de relever la France. Après le chaos libéral, la paysannerie française.
Jacques Jouan