Fin de cycle pour la démocratie ?
(Liberté, Egalité, Solidarité)
La politique ne semble plus aujourd’hui que l’art de justifier tout ce qui détruit le socle de nos valeurs (travail, propriété, famille, mérite, autorité), autrement dit tout ce qui unifie la Nation dans un schéma ontologique « naturaliste-classique » par nature stable et gouvernable.
Des politiciens s’autoproclamant progressistes, d’une part encouragent l’émancipation absolue de l’individu (c’est le discours politiquement correct) et d’autre part impose leur vision d’une société où l’État a toujours plus d’importance que l’individu.
Cette contradiction est une des caractéristiques profondes de la gouvernance que nous subissons actuellement et de laquelle il est extrêmement difficile de sortir. Le piège du politiquement correct est d’une terrible force : impossible de s’y attaquer en toute liberté de conscience sans se voir qualifier immédiatement et sans appel de liberticide.
Pierre Gaxotte nous rappelle que « la liberté n’est pas au commencement, mais à la fin, qu’elle est le fruit du bon ordre », autrement dit le Droit.
Emmanuel Kant définie le droit comme étant « l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accorder à la liberté de tous. »
Ainsi, la liberté c’est le droit de faire ce que les lois permettent mais aussi le droit de faire des lois, c’est-à-dire d’enchaîner la liberté…
La liberté de l’individu consiste donc à pouvoir faire tout ce que permet la longueur de la chaîne. En augmenter la longueur impose plus de responsabilité individuelle (première contradiction), la raccourcir est devenu politiquement impossible (deuxième contradiction)… La Liberté ne peut n’y ne doit être le thème dominant d’une gouvernance, car c’est une quantité finie qui s’impose à la collectivité.
Reste donc à nos politiques l’arme de l’égalité, qui « ne peut régner qu’en nivelant les libertés, inégales de leur nature » nous prévient Charles Maurras…
La gouvernance consensuelle en place depuis des décennies, c’est l’état providence, par définition égalitariste et liberticide.
Dans ce contexte, un droit[1] est considéré comme un dû, c’est-à-dire une créance de l’Etat envers ses citoyens. Il consiste, par un système de redistribution des richesses, à garantir l’accès effectif de chacun aux libertés censées être accessibles à tous et donc à acheter la paix sociale, seule garante du confort de la classe dirigeante.
Cette gouvernance, en fait véritable système pyramidal, n’est viable qu’en période de forte croissance économique. Tout ralentissement et a fortiori tout retournement économique conduit inexorablement, par une spirale auto-entretenue, à l’effondrement du système et à la destruction de la richesse.
Nous y sommes…
Une fois les caisses de l’Etat providence vide et sa capacité d’endettement réduite à néant, ne reste plus pour en assurer sa survie et en attendant des jours meilleurs (un hypothétique retour de la croissance), qu’à puiser un peu plus dans la poche du client final de ces droits, c’est-à-dire le contribuable. La notion de solidarité, un des piliers du politiquement correct (rappelons que le qualifivatif « sociale » a été rajouté à l’article premier de la constitution française sous Jospin), est alors immanquablement invoquée pour justifier la flambée de la pression fiscale. L’objectif de cette invocation n’est rien d’autre que de culpabiliser chaque contribuable pour faciliter sa soumission.
Cette obligation de solidarité, aujourd’hui bien plus large que la notion de fraternité ou de charité, n’est acceptable que lorsque la cohésion de la Nation est forte. Ces conditions sont-elles aujourd’hui remplies ? Poser la question, c’est y répondre…
Tout l’art de l’imposition consiste, comme le disait le grand Colbert, « à plumer une oie sans la faire crier ». Rapidement, l’ampleur de la politique fiscale devient alors telle que le contribuable ne peut plus en cerner la finalité. Non seulement il apparaît rapidement qu’elle est contreproductive (premier motif d’illégalité), mais aussi bientôt confiscatoire (second motif d’illégitimité). Entendez-vous criailler l’oie ne pouvant par mal malchance s’évader de l’enclos ?
Nous y sommes…
Arnaud de Lamberticourt
[1] Droit au travail, à la santé, au logement, à l’éducation, à la culture…