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L’éducation : une histoire de famille et une histoire divine (1)

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine

Au fil du livre : Tadashi SHIGA, Histoire de l’éducation dans l’antiquité japonaise(日本古代教育史), Tôkyô, Chiyoda Shobo, 1977

Cercle sur l’éducation Communication première – Préhistoire Japonaise – 2

Articles précédents :

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine

L’exploration du professeur Shiga l’amène à découvrir la nature profonde de l’éducation de ses ancêtres lointains : qui dit éducation dit famille et relation au divin.

L’éducation se fait d’abord en famille. Ou du moins, la famille est son lieu naturel, et si elle se fait aussi dans le village, on reste dans une famille élargie.

 

 « Il ne fait aucun doute que l’éducation dans le foyer et l’éducation dans la société étaient naturellement fusionnées. »[1]

 

Il balaie au passage, en ne faisant simplement que regarder la réalité qui se profile à travers les témoignages de cette lointaine époque, le poncif qui veut que qui dit primitif dit sous-développé techniquement, et explique à plusieurs endroits de façon convaincante que l’assimilation des techniques chinoises n’a pu se faire que grâce à l’existence antérieure de techniques déjà bien présentes et transmises pendant des générations, qui démontreraient en tout cas au minimum une excellence spirituelle[2] des anciens:

 

 « C’est parce qu’ils possédaient déjà des connaissances rudimentaires mais solides dans les divers domaines qu’ils furent capables d’intégrer en peu de temps et de façon remarquable les techniques agricoles venues de l’étranger et les technologies nouvelles, en démontrant une véritable capacité à réaliser notre première révolution industrielle. »[3]

 

Toute éducation vient ensuite du désir naturel de transmettre à ses enfants, ce que l’on a soit même reçu, penchant renforcé par l’ardent besoin d’assurer l’avenir du village face aux incertitudes de la vie et de la nature. Nous trouvons dans la citation suivante cette bénédiction de la sévérité naturelle nipponne qui oblige à se souvenir de son impuissance et des liens invisibles qui existent avec le divin, sans parler de la nécessité de la vie en société :

 

« Les catastrophes tels les typhons et autres calamités qui viennent nous frapper de temps à autre renforcent non seulement la cohésion et le sentiment de communauté des sociétés des zones touchées et des maisons élargies Ujizoku, tout en renforçant le sentiment de destin commun des diverses familles, mais aussi, comme le suggèrent encore aujourd’hui la foi et les rites magiques qui viennent des temps les plus reculés, intériorisent ce sentiment de destin commun puis devient en profondeur caractère [d’un peuple] et façonne, à n’en pas douter, à la fois les dispositions de l’âme et les modalités de la vie quotidienne. Toute cette nature et ces catastrophes révèlent et font prendre conscience à tout un chacun de son impuissance fondamentale, de la transcendance et du mystère de la force divine : la foi magique qui se consacre aux esprits divins et les prie ne peut que se renforcer. De nombreux rites et cérémonies magiques sont ainsi réalisés et répétés tout au cours de la vie des enfants, à chaque fois que le danger se manifeste, dont certains se font même avant la naissance, pour s’assurer de leur développement et de leur croissance, dans cette conscience aigüe de l’impuissance des petits hommes mal assurés qui devront grandir sans espoir de secours, si ce n’est dans cette foi et ces rites […] qui permettent de surmonter une par une les épreuves de la vie au moment opportun et d’accéder à l’étape suivante de vie par l’octroi d’un nouveau nom.  »[4]

 

Nous avons ici une première allusion à un moyen éducatif que l’auteur juge essentiel, et que les hommes antiques usaient principalement : les rites de passage, qui permettent des prises de conscience, de rentrer en contact avec le divin, de se protéger aussi, mais de passer encore à l’étape suivante. A la fois un moment charnière qui permet de basculer dans la suite et un moment mystérieux de contact avec le divin. Ils correspondent en un certain sens[5] aux sacrements chrétiens, qui sont des mystères à travers lesquels on rentre en contact avec le divin tout en entrant aussi dans un nouvel état, et les différents rites et coutumes au cours de la vie, depuis les bénédictions, en passant par le baptême, jusqu’aux funérailles.

 

Autre série de notre contributeur : (avec tous les liens à l’intérieur)

https://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/saga-autarcie-article-18-conclusif-l-union-necessaire-dans-la-royaute/

[1] Ibid, p.21 « だから、家庭教育と社会教育が融通して自然に行われたに違いない。 »

[2] Si toute éducation doit se refaire depuis zéro à chaque génération, le concept de progrès même n’a pas de sens, et l’excellence spirituelle est de tous les temps.

[3] Ibid, p.22 « こうした素地があったればこそ、やがて外来の農耕技術、殊に稲作という複雑で高度な技術を短期間に習得し、産業革命を一挙にやりおうせることができたと見られる。 »

[4] Ibid, p.33 « こうしてしばしば襲来する台風はじめ諸々天災地変に対する不安、その災害に対処して地域社会として、また氏族集団としての共同体性、そして同時に並存する小さな家族集団の共同運命感を強化したばかりでなく、それがまた原始以来の呪術的な信仰や儀礼の象徴に示唆されて、その共同運命感を内面化し、精神化して抜き難い心構えや生活様式を作って行ったにちがいない。それというのもそこに自分たちの無力感と自然の超人的・神秘な霊力を思い知らされて、ひたすらにその神霊に斎き奉る呪術的な信仰を強化してやまない。それが無力にして助け無しには生い立つことも覚束ない子供たちの成長発達のために、誕生以前からくり返して止まぬ諸々ノ危機に際して行われる呪術的な通過儀礼の数々[…]が行われて、その一つ一つの危機を切り抜けさせ、新た名に加える成長発達の段階に対応させることにする。 »

[5] Celui du sens vétéro-testamentaire, soit des ombres non encore révélés et non encore efficaces avant la venue du Christ.



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