Le Roi des belges abdique
Il ne reste plus que Son Altesse Ducale Henri, Grand-Duc de Luxembourg. A part lui, les monarques du Bénélux ont démissionné dernièrement : après la Reine Béatrix, c’est au tour du Roi Albert II de renoncer à la Couronne.
Dans une allocution télévisée diffusée mercredi, Albert II annonce qu’il quittera le trône le 21 juillet, date de fête nationale, au profit de son fils Philippe qu’il juge « prêt ».
« L’avenir du pays est entre de bonnes mains », a déclaré celui qui se retire pour des raisons de « santé ».
C’est bien grâce à son institution monarchique que le pays n’est pas passé à trépas lors de son interminable crise politique. L’unité autour du Roi a permis aux hommes politiques de trouver un arbitre neutre et impartial qui a su prendre toute la mesure de sa responsabilité. Dans le prolongement de cette attitude exemplaire, le Roi rendra visite aux trois communautés du pays (Wallonie, Flandre, Belgique germanophone) d’ici son retrait.
Selon Albert II, qui aura régné 20 ans, « l’institution monarchique doit évoluer avec le temps ». C’est pour lui un devoir de respect envers ses concitoyens que de ne pas rester sur le trône alors qu’il n’est plus en mesure de régner comme il entendrait le faire.
Cette déclaration est à la fois rassurante et inquiétante. Nous pouvons être rassurés car le Roi reste attaché à la monarchie pour l’avenir, et illustre la noblesse de la transmission héréditaire en déclarant son fils prêt pour régner. Néanmoins, une abdication affaiblit toujours le principe monarchique. Il ne serait pas de bon ton que l’habitude se prenne de démissionner systématiquement avant de pouvoir crier « le Roi est mort, vive le Roi ».
Si le Roi des Belges n’est pas sacré (auquel cas sa démission aurait été parjure, car le Roi sacré ne dispose jamais de ce qu’il reçoit des mains de Dieu), si son pouvoir est malheureusement bien trop exigu, il reste une figure monarchique de premier plan en Europe.
Il est une noble vitrine pour son petit pays qu’il représente fièrement et dont il a su garantir l’unité par sa personne, par son principe.
Ne nous rangeons pas aux côtés d’expansionnistes néo-bonapartistes dits « souverainistes » qui ont souhaité le rattachement de la Wallonie à la France. Epargnons-lui la république et jalousons-la plutôt de sa chance de pouvoir bientôt acclamer son nouveau Roi, l’actuel Philippe, duc de Brabant.
Julien Ferréol