Ex-libris: La Contre-Révolution
Jean Tulard (Direction), La Contre-Révolution, CNRS éditions, Paris, 2013 (1990).
Ce bon pavé est un collectif qui rassemble de nombreuses études de divers historiens renommés : Jean-Christian Petitfils, Jean Tulard, Guillaume de Bertier de Sauvigny, Yves Chiron, etc.
Cette large perspective, dont il est facile de piocher les sujets qui intéresseraient plus particulièrement, permet de découvrir de nombreux aspects de la Contre-Révolution, sa chronologie dont il est ensuite possible d’approfondir tel ou tel partie, ses acteurs et sa pensée ainsi que de découvrir divers auteurs sur les différents sujets.
On appréciera en particulier le chapitre sur les Restaurations légitimes de 1814 et 1815, trop méconnues et pourtant si instructives, la découverte d’Edmund Burke, très instructif, écrasé chez nous par la figure de Joseph de Maistre, mais qui vaut le détour et complète bien notre penseur contre-révolutionnaire bien aimé sur un certain nombre de points. On appréciera aussi les descriptions des milieux de l’émigration, les soulèvements contre-révolutionnaires plus méconnus du Sud-Ouest et du Sud-Est, mais aussi les tentatives d’arrêt de la révolution en amont de la proclamation de la République, avant que l’irréparable soit commis.
Notons enfin une chronologie et un dictionnaire des noms très pratiques comme référence commode pour resituer rapidement tel personnage ou tel succession de faits.
Bref, la pensée contre-révolutionnaire et l’histoire de la Contre-Révolution sont fondamentales pour comprendre les tourments de la France contemporaine, qui ne parvient pas à sortir de sa révolution :
« D’un côté la fidélité à la tradition, de l’autre l’affirmation de l’idée de progrès ; d’une part, le pessimisme qu’engendre la notion de péché originel ; de l’autre, l’optimise né de la croyance en la bonté humaine ; pour un camp les devoirs des hommes, pour l’autre les droits de l’homme. »[1]
Ainsi Jean Tulard introduit-il le livre. Nous ne le suivrons pas sur le soi-disant « pessimisme » qu’engendrerait le péché originel – qui n’est qu’une constatation confirmée par la révélation de notre nature déchue, une vision réaliste, mais qui n’implique aucun pessimisme, au contraire et surtout après l’avènement de Jésus-Christ, de sa Rédemption et de ses sacrements – mais nous le suivrons volontiers sur le reste.
N’oublions surtout jamais la phrase définitive de Joseph de Maistre :
« Enfin, c’est ici la grande vérité dont les Français ne sauraient trop se pénétrer : le rétablissement de la monarchie, qu’on appelle contre-révolution, ne sera point une révolution contraire, mais le contraire de la révolution. » (Considérations sur la France, Chapitre X)
Il faut pour ce faire connaître l’histoire de nos devanciers pour ne pas répéter les mêmes erreurs, pour hériter de leur force, détermination et saines convictions, pour prendre exemple sur leurs succès et pour tout simplement connaître la réalité d’une époque sur laquelle on ment à longueur de journée sur les bancs des écoles.
Rémi Martin
Sommaire :
Préface, par Jean Tulard
Première Partie
LES DÉBUTS
1. Les origines de la pensée contre-révolutionnaire, par Jean-Christian Petitfils
2. L’action parlementaire et les clubs contre-révolutionnaires, par Jacques de Saint-Victor
3. Les premiers complots et la fuite du roi, par Jean Tulard
4. Les monarchiens : la Révolution à contretemps, par Pascal Simonetti
5. Edmund Burke, par Yves Chiron
Deuxième Partie
LES FORCES VIVES
6. La presse contre-révolutionnaire (1789-1799), par Jean-Paul Bertaud
7. L’émigration, par Ghislain de Diesbach
8. Les « réseaux » contre-révolutionnaires, par Jacques Godechot
Troisième Partie
LA GUERRE (1792-1799)
9. Les deux premières coalitions, intérêts particuliers et Contre-Révolution, par Jacques Garnier
10. Les guerres de l’Ouest, par Jean-Joël Brégeon
11. Le Sud-Est, par René Moulinas
12. Les coups d’État de la Convention et du Directoire, par Jacques Godechot
13. Les insurrections royalistes dans le Sud-Ouest de la France en 1799, par Jacques Godechot
14. Les théocrates, par Bernard Valade
Quatrième Partie
LA CONTRE-RÉVOLUTION APRÈS LA RÉVOLUTION
15. Le courant néo-monarchiste sous le Consulat, par André Cabanis
16. Chateaubriand et la Contre-Révolution, ou la liberté sur le pavois, par Jean-Paul Clément
17. Guerres et complots (1814-1815), par Jean Tulard
18. Deux Restaurations (1814-1815), par Guillaume de Bertier de Sauvigny
19. Postérité de la Contre-Révolution, par Jean-Christian Petitfils
Chronologie, par Benoît Yvert
Petit
Dictionnaire des contre-révolutionnaires, par Benoît Yvert
[1] Jean Tulard (Direction), La Contre-Révolution, CNRS éditions, Paris, 2013 (1990), p.9
Ex-Libris précédents:
Le Roi David par Dom Jean De Monléon
La Révolution française par Philippe Pichot-Bravard
Charles X ou le sacre de la dernière chance par Landric Raillat
Le Sacre du Roi par Patrick Dumouy