Les 100 premiers jours du Pape François
Le Pape François n’est là que depuis 100 jours ! Et nous avons déjà la sensation que nous le connaissons et l’aimons depuis toujours, tant sa présence nous semble familière.
Il faut bien dire qu’il occupe le terrain avec une belle intelligence, un sourire complice et un franc-parler qui en surprend plus d’un ! Il importe peu que les médias traditionnels ne lui consacrent que quelques lignes et la télé quelques rares secondes. Il est là et ses messages relayés autrement, mais certainement !
Que retenir de ces cent jours ? Le Pape attire, séduit et retient l’attention. Le nombre des participants aux audiences papales du mercredi a quasiment quadruplé. Le compte Twitter initié par notre cher Benoit XVI, dont on a mieux compris le chemin de croix lors d’une émission donnée par ARTE ce mardi 18 juin, ne compte pas moins de sept millions d’abonnés. La douzième édition des JMJ au Brésil, à Rio de Janeiro, du 23 au 28 juillet, en sa présence, continue de se préparer activement. Elle sera l’occasion pour notre Pape d’affirmer une nouvelle fois sa personnalité et sa richesse d’expression. Actuellement, deux millions et demi de jeunes sont attendus, dont plus de 5 000 Français, lesquels apparaissent comme les Européens les plus ardents pour participer à cet évènement malgré la crise… et les 2 000 euros nécessaires pour le voyage.
Qu’espérer des jours, des mois, des années à venir ? Même si c’est un magicien du verbe et de la mise en scène, un homme marqué par sa culture latino-américaine, il est des chantiers qui demandent du temps, de la réflexion et une grande diplomatie. En prévision de la réforme inévitable (et si attendue !) de la curie romaine, l’administration centrale de l’Eglise, le Pape François a choisi pour ce travail huit cardinaux représentant à la fois tous les continents et les diverses sensibilités de l’Eglise. On murmure dans les couloirs qu’aucun de ces cardinaux, réunis en commission, n’est vraiment compétent pour cette mission jugée impossible, mais qu’un conseiller extérieur sera requis le moment venu. Voilà qui en dit long sur sa stratégie : si lui – prédicateur de talent – sait où il veut en venir, aux autres d’essayer de le deviner. Good luck !
Dans le paysage français, il reste pourtant un événement qui aura marqué les esprits ce samedi 15 juin 2013 : l’audience accordée à 45 parlementaires français, suite à une demande formulée au titre du Groupe d’amitié France-Saint-Siège du Sénat et du Groupe d’études à vocation internationale, le GEVI-Saint-Siège de l’Assemblée nationale. Cette rencontre avait été programmée avant le départ de Benoit XVI. Mais dans son discours, le Pape ne pouvait passer sous silence deux faits marquants de la société française, d’une part, la laïcité, et d’autre part, le mariage pour tous. Écoutons-le : « Le principe de laïcité qui régit les relations entre l’Etat français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier qu’il y a une hostilité à l’égard de la réalité religieuse, ou une exclusion des religions de la sphère sociale et les débats qui les animent ». Voilà pour l’ouverture aux représentants de toutes les religions et à ceux qui n’en pratiquent aucune. La conclusion de son discours n’échappera à personne : « …Votre devoir est certes technique et juridique, et implique de proposer, modifier et abolir la législation. Cependant, il est également nécessaire d’inculquer quelque chose en eux, je dirais un esprit, une âme, qui ne se limite pas à refléter les modalités et les idées du moment, mais qui confère aussi sur eux la qualité indispensable qui élève et anoblit la personne humaine ».
Notre cher Pape François ne va pas recevoir cette année le Président de la République, lequel aurait pourtant tout intérêt à le rencontrer pour tenter de remonter la cote de sa popularité. Mais mériterait-il un tel honneur, lui qui a complètement enterré les dates de toutes nos fêtes catholiques pour ne parler que des fêtes musulmanes ? Ô Saint Père, restez au secours de la France…
Solange Strimon