Saint pape ? Histoire de statuettes…, par Paul de Beaulias
J’allais tantôt dans la seule boutique catholique de Tokyo pour trouver quelques objets religieux pour la période de Noël, et pour la première communion de ma fille.
Malgré la gangrène moderniste très avancée dans l’église nipponne, la piété populaire a encore des restes qui font que ce genre de boutique catholique comporte encore un certain nombre d’objets qui sont jolis et qui aident à la piété. Il se trouve alors que me, promenant dans les travées de cette boutique, je m’approche des étalages, des statues de saints et des images de saints. Je parcours du regard les différents objets pour chercher quelque chose qui irait bien à ma fille; et entre un saint Michel et un saint Pio, quelle n’est pas ma surprise de voir une statue du pape François ! En regardant d’un peu plus près, je remarque que pas très loin, il y a aussi quelques images saintes représentant le pape François. Je suis tout d’abord éberlué en voyant cela.
C’est en effet étonnant car de deux choses l’une : mettre une statue du pape François encore vivant à côté de statuettes de véritables saints, estampillée par l’Église depuis longtemps, c’est quand même très significatif. Cela veut soit dire que le pape François se sanctifie de son vivant, comme un ancien prêtre païen qui se divinise serait pendant sa vie, sorte de Roi-prêtre d’un nouveau genre. C’est oublier au passage que le pape n’est que le vicaire du Christ et qu’il a une charge immense qui devrait plutôt l’effrayer et le décourager à tout prix de vouloir se résenter ou se manifester, quel que soit d’ailleurs, le contexte comme quelqu’un qui puisse être saint.
Cela voudrait-il dire qu’il faut prier l’intercession du Pape comme on le ferait pour un Saint ? Non, c’est absurde. Nous prions pour le pape tous les jours de notre vie, car il a besoin de grands soutiens de la grâce dans sa très lourde charge. Un peu peut-être, dans une certaine mesure vénérer, dans le sens de respecter, le pape, mais certainement pas le prier ni le vénérer comme un Saint…
En outre, outre la nécessité de manifester, au moins extérieurement, la vertu d’humilité qui est nécessaire à tous les chrétiens. Il devrait de plus craindre avec grand tremblement le jugement dernier qu’il recevra de Dieu au moment de sa mort.. Imaginez, La charge de vicaire du Christ sur terre. Comment est-ce possible, même pour l’homme le plus saint et le plus en Dieu, de croire qu’il puisse faire du bon travail ? Combien de décisions qu’il fallait prendre n’ont pas été prises ? Combien de décisions qu’il ne fallait pas prendre ont été prises ? Combien d’actions que l’on aurait pu mener n’ont pas été faites ? Combien de temps perdu ? Combien de temps gaspillé ? N’importe qui aurait sa charge ne peut que craindre tous les jours pour son salut. Saint Pie X, d’ailleurs, quand il fut élu à sa charge pontificale, eut très peur et commença à craindre pour son salut. C’est le signe des vrais saints. On imagine en tout cas vraiment difficilement comment les anciens papes, même les pires, comme Jules II, auraient pu se prêter à une sorte de culte de la personnalité, ou, pour le dire autrement, de céder à la mode de ce monde de faire du “people”, et de se prendre pour une star plus que pour un vicaire du Christ.
C’est en tout cas assez triste pour les statuettes de Saints à côté de celle-ci, comme si elles étaient ravalées à un rang inférieur. Vivement la restauration dans l’Église. Vivement la restauration en France. En tout cas que le Sensum Fidei reste toujours vivant et permet quand même de trouver les objets de dévotion qui nous sont nécessaires.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias