La mort à nos portes – le mensonge de la société moderne !, par Antoine Michel
La société issue de la Révolution, comme les sociétés païennes, chasse la mort par tous les moyens, ou la rend indolore en mentant sur sa nature pour faire croire qu’on la maîtrise, ou alors qu’elle n’est pas importante. Entre transhumanisme et bouddhisme qui croit en la réincarnation, nous ne sommes pas si éloignés dans cet orgueil diabolique de croire maîtriser la mort, dans un cas en la supprimant, dans l’autre, en supprimant tout ce qu’elle a de définitif.
Les modernes passent leur vie à vouloir faire croire qu’ils sont heureux – ou pas trop malheureux, en cachant tout ce qui ne va pas, et en transformant les coups durs en ce qu’ils ne sont pas.
Il suffit souvent de se promener dans un métro, dans la rue, pour constater, derrière les allégations de bonheur sur terre, la tristesse qui creuse tous ces visages, fatigués par une vie qui ne correspond jamais aux faux rêves que la modernité enseigne.
Car oui, on meurt, et on mourra un jour.
Nous ne serons plus que de la poussière.
Et notre mémoire disparaîtra aussi rapidement qu’un fétu de paille balayé par le vent.
Qui peut encore dire qu’il connaît bien ne serait-ce que la mémoire de ses arrière-grands-parents ?
Si on remonte plus haut, qui est capable de citer ne serait-ce que les noms de ses aïeux ?
Nous aussi, nous disparaîtrons des mémoires, ne serait-ce que dans la mémoire familiale d’ici deux ou trois générations.
Et si certains, célèbres, croient qu’ils vont survivre à leur mort, ils se trompent grandement : la célébrité est aussi fugace que le glaçon mis sous un soleil de plomb. Et gare à ces chasseurs de succès : qui pourra dire si on ne les retiendra pour le pire ?
Disons même que celui qui aurait une mémoire sur le long terme, un des rares hommes que l’on retient, devrait avoir peur : car pour quoi un monde dégénéré ira-t-il se souvenir de gens qui ne sont pas dégénérés ?
Et tout cela ne change rien au résultat des courses : notre destinée est la tombe – ou le four crématoire de façon plus réaliste (et païenne) aujourd’hui.
Autant un jeune de 10 ans, 20 ans, peut-être 25 ans, peut encore être naïf, car on lui a caché tout le temps la réalité de la mort, et on ne réalise pas encore que cette mort vient pour nous aussi. Heureux celui qui a eu une grave maladie dans son enfance, et qui a pu connaître la mort de près en réalisant qu’elle venait ! Heureux celui qui a vu des animaux mourir dans sa ferme, ou à la corrida, en réalisant combien toute vie sur cette terre est fragile et petite !
Oui, un jeune, dans un corps encore vigoureux, et au meilleur de sa forme, qui se fatigue lentement, et dont la vivacité peut compenser les faiblesses de ses facultés supérieures, peut ne pas encore bien réaliser la mort qui l’attend. La société révolutionnaire est d’ailleurs très coupable, et l’Église qui n’enseigne plus les fins dernières encore plus : car le jeune mourant dans cet état est mal préparé pour son jugement particulier…
Dans les anciens temps chrétiens de nos vieilles terres catholiques et royales, on enseignait la mort dès le plus jeune âge, par l’enseignement des fins dernières, par l’expérience quotidienne de la campagne, et des vies perdues très tôt dans les familles, par la présence des défunts dans les cimetières de l’église, au sein du village.
Tout cela a disparu : la modernité chasse la mort de partout. Déjà, depuis la veille de la Révolution où, pour des raisons d’hygiène, on expulse les cimetières des enceintes des grandes villes…
Bref, la modernité trompeuse fait croire que la mort n’est pas là, et une certaine jeunesse peut s’y faire prendre… mais pas les plus anciens.
Car le temps passant, le corps commence déjà à mourir avant la mort, comme si le bon Dieu voulait sans cesse nous rappeler, pour notre bien, ce qui nous attend tôt ou tard.
Que ce soit la perte de la beauté pour les femmes, la fatigue dont il devient difficile de récupérer, et tous les pépins et douleurs de santé… Plus on vieillit, plus ils sont nombreux : on se demande comment tous ces fiers modernes parviennent à ne pas penser à la mort quand leur propre corps la leur rappelle chaque jour, et toujours davantage.
Les aveugles s’aveuglent encore plus, et trouvent des procédés aussi ingénieux que dangereux pour oublier cette mort qui rôde dans leur chair : ego, titres, réussite sociale, loisirs divers, relations sociales pour tromper son ennui, tout est bon. Parfois même les plus nobles occupations peuvent devenir des pièges terribles : études (orgueil du savoir), performances musicales (même classiques), etc. Chacun devient peu à peu un esclave de quelque chose ou d’autre, alors que la mort approche, mais qu’ils ne veulent pas la voir.
Jeunes, ne vous y trompez pas, la plupart des adultes modernes sont comme des menteurs qui ne s’en rendent pas compte : ils font semblant d’être en forme alors qu’ils ne le sont plus…et plus le temps passe, moins ils peuvent le cacher.
D’où ces « pétages de plomb » en série de ces personnes de la quarantaine, ou cinquantaine, quand vraiment le corps commence à passer un cap où il est évident qu’il n’y aura plus jamais de « retour » possible, ni de période de grâce.
C’est certainement pour cela qu’un Mishima s’est suicidé à 42 ans car, au-delà des raisons pour se justifier, lui qui entretenait un culte du corps ne devait pas pouvoir supporter de se voir dépérir, et avant que cela ne se voie en public, il a préféré se donner la mort…sans savoir que c’était le pire pour son âme.
Et tous les modernes ont cette tendance suicidaire peu ou prou : à force de vouloir nier la mort, elle revient en force, mais pas comme il faudrait. Au lieu d’être une saine méditation pour nous pousser à la conversion, à cultiver la vertu et à nous rapprocher de Dieu, elle exerce comme une fascination morbide qui attire chaque âme dans ses griffes.
Bref, les modernes sont de beaux hypocrites !
Ils se sentent mourir, tout leur corps se sent mourir, et ils font semblant de ne jamais mourir.
C’est aussi le cas des jeunes, quoique ne le sentant peut-être pas encore dans leur corps – ou disons moins, car qui n’a pas été blessé, qui n’a jamais eu mal, qui n’a jamais été malade ? Les jeunes ayant vécu cela peuvent faire semblant d’oublier, mais ils ne peuvent pas ne pas le sentir (certes de façon moins récurrente et moins prégnante que chez les plus vieux) de façon morale.
Dans les études, partout, la mort de l’esprit est peut-être encore plus prégnante et palpable que la mort du corps : des chercheurs qui ne cherchent plus la vérité, des artistes qui ne cherchent plus le beau, des hommes politiques qui ne cherchent plus le bien ni le bon…
Alors oui, regardons la mort en face !
Elle fait peur.
Tant que nous ne devenons pas catholiques et que nous ne nous efforçons pas à notre sanctification.
La société contemporaine ment en voulant la faire oublier. La sur-médicalisation et l’obsession médicale des nos contemporains démontrent pourtant bien en creux combien personne n’oublie la mort, quoique personne n’en parle jamais.
C’est logique, on peut nier la réalité, mais elle revient toujours en force…
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Antoine Michel