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De l’importance des statuts, par Paul-Raymond du Lac

Quand on regarde les grands saints fondateurs d’ordre, une chose frappe particulièrement : ils s’évertuent à écrire et faire reconnaître les constitutions de leur ordre avec une prudence et une minutie qui n’a d’équivalent que leur degré de sainteté.

Saint Ignace passe près de dix ans, au minimum et sans compter les dix années supplémentaires qui courent de la fondation informelle à la reconnaissance papale de l’ordre, pour rédiger ses constitutions.

La règle de saint Dominique, quoique élaborée à partir de la règle existante de saint Augustin, mettre près de 7 ans à trouver sa forme définitive, par la confirmation du Pape d’une règle modifiée après un premier essai jugé trop sévère.

La règle de Saint François aussi met près de 15 ans à trouver sa forme définitive.

La fameuse de Saint Benoît est, pourrait-on dir,e l’expérience d’une vie de supérieur de monastère habitée par la grâce et couchée sur papier.

Pour les religieux, la règle est la planche de salut, elle est la protection obligatoire de chaque moine contre lui-même et contre ses passions, elle est aussi l’assurance des fondateurs de conserver l’esprit de l’ordre contre les changements des personnes, des temps et des multiples faiblesses et viscissitudes du monde.

Les plus saints sur cette terre n’ont ainsi pas faits confiance à l’homme, à commencer par eux-mêmes, en ce sens que, réalistes, ils savent combien notre mauvais penchant, et le foyer de concupiscence est toujours présent, et toujours pesant…

Ces grands saints savent aussi que le seul « arbitraire » auquel on peut pbéir les yeux fermés est bien celui de Dieu : concocter une règle à laquelle on se lie tel un esclave est ainsi, d’une façon indirecte, s’en remettre plus complétement à Dieu et à ses volontés, puisqu’on se dépouille de sa propre volonté propre.

Cette saine méfiance de notre volonté propre se retrouve aussi parmi nos roi très chrétiens.

Ils n’ont pas attendu ces ersatz modernes emplis de poison que sont les « contre-pouvoirs » et les « oppositions insitutionnalisées », qui ne sont que des destructeurs d’autorité, et l’institutionnalisation des divisions et des dissenssions, qui deviennent en quelque sorte obligatoires, et en tout cas intégré dans le système lui-même. Nos rois très chrétiens, aimant Dieu, devant leurs devoirs immenses, et connaissant bien leur propre faiblesse, savaient qu’ils étaient dans « l’heureuse impuissance » de changer les lois fondamentales, d’aller contre les coutumes, et encore plus d’aller contre la loi naturelle et la loi divine (morale).

En pratique, cette grande délicatesse de nos bons rois très chrétiens se manifestent dans deux institutions majeures de l’ancien régime, dont les noms restent encore aujourd’hui – quoique pour désginer une réalité tout à fait différente, voire contraire le cas échéant.

Il s’agit d’abord de l’office de chancelier, qui est aussi le garde des sceaux, et dont le rôle est de sceller les actes royaux, ce qui leur donne leur caractère exécutoire : en 1318 Philippe V officialise par une ordonnance le rôle censeur du chancelier. Le Roi ordonne au chancelier, officier donc qui émane de sa propre autorité, de ne pas sceller un acte royal (une loi en bref) qui irait contre les lois du royaume, les intérêts des sujets, de l’Église et les lois de Dieu.

L’autre institution, encore plus illustre, sont les Parlements fondés par le saint Roi Louis IX : ces parlements nommés par le Roi, outre de rendre la justice en son nom à l’heure où la justice royale s’étend, a aussi le rôle officielle d’enregistrer les ordonnances royales et, le cas échéant, de faire remontrance au Roi, c’est-à-dire corriger le Roi, quand ces ordonnances iraient contre les lois du royaume, l’intérêt des sujets, l’église et les lois de Dieu.

Les rois très chrétiens, les rois « absolus », les rois dont l’autorité vient de Dieu doublement, naturellement élu par Dieu par le sang et surnaturellement confirmé par Dieu dans le sacre, ces rois sacrés, source de justice, dont personne sur cette terre ne peut prétendre usurper ni l’autorité ni le pouvoir, devant ces tenant lieu de Dieu sur terre (lieutenant de Dieu sur terre), sont, justement parce que très chrétiens, bien conscients de l’affreuse responsabilité qui leur incombe, et de la faiblesse terrible de leur condition humaine.

Ils se donnent ainsi une sorte de « règle » par des institutions, des coutumes et des rites politiques, afin de se rendre esclave de leur office, aux pieds de Dieu et pour le service des sujets.

Que se passe-t-il en monde païen ?

Ici, comme dans le monde moderne, la loi positive est absolue. La loi positive est l’expression d’une volonté particulière, qui pose une loi : que l’on soit dans le monde sans Dieu de la modernité où seule la volonté humaine divinisée, et maître de tout, devient donc la source de toute loi, ou le monde païen, avec des dieux divers, très humains, souvent soumis aux hommes, ou en tout cas suffisamment « silencieux » pour que leurs volontés soient en fait si floues que seul le « descendant des dieux » ou leur grand « prêtre » sur terre, le roi divin et divinisé, peut interpréter les décrets divins, et voit donc sa volonté royale tout à fait absolue, devenant la source de toute loi : dans les deux cas, dans la démocratie comme dans le monde païen, en fin de compte, la volonté du chef politique devient absolue et sacré. « Pharaon veut, que ce soit ».

Sans Dieu créateur, sans le Dieu trine et un, sans la vraie autorité, qui vraiment est absolue et décide de tout, et seulement en bien, alors l’homme, déchu et perdu, sent toutefois qu’il y a une telle volonté absolue, qu’il s’attribue alors pour son plus grand malheur.

La volonté du prince païen, comme la volonté du monstre démocratique devient ainsi absolue, et la loi positive tyrannique : nous sommes dans le monde de l’obéissance aveugle sans considérations ni de raison ni de justice. Le « Peuple » ou le « descendant des dieux », ou « le faux prophète » a décidé, alors c’est une loi, peu importe son contenu.

La tradition, même païenne, vient mâtiner ces abus invivables par la « coutume », qui vient comme créer des zones de respirations à l’homme pressuré : et cela admis par les tyrans du jour, sauf à confirmer leur perte, car ils sentent bien que s’ils ne donnes pas du leste, tout va exploser.


Les plus grandes « civilisations » païennes, qui ont duré, sans remettre en cause le côté absolu de la volonté du prince, vont en pratique mettre au point des instutitions qui dépossèdent le Prince de toute prérogative, et parfois d’ailleurs de façon excessive : c’est le syndrome de l’empereur-enfant ou retiré dans son Palais, qui ne fait plus rien comme ces rois mérovingiens d’antan, et ne pouvant plus non plus « arbitrer » et prednre certaines décisions qu’ils sont les seules à pouvoir prendre…

La démocratie contemporaine, en train d’ailleurs de se déliter, imite ces despotismes antiques ou asiatiques mâtinés d’institutions de « contre-pouvoir » empêchant l’autorité de s’excercer : les débuts de la cinquième république fonctionnait d’autant mieux qu’elle était peu démocratique, ne parvenant pas à refléter la volonté populaire, et confiant tout à des gens « éclairés », plus ou moins, et de moins en moins jusqu’à aujourd’hui…

Même dans la société la plus naturelle, la famille, l’autorité paternelle, absolue par droit de naissance, se voit aussi enserrer par une règle familiale – l’esprit de famille, parfois un livre de raison- mise au point par les pères et l’histoire (donc l’autorité elle-même qui met en palce des doux jougs pour s’obliger à exercer bien son autorité, sans que cela soit imposer de l’extérieur, et de façon spontané), vient comme permettre de continuer longtemps une tradition familiale.

Bref, les statuts, constitutions et autres règles ont une importance capitale pour le maintien des œuvres dans le temps, et de leur esprit. Elles ne sont efficaces que si elles sont décidées par l’autorité elle-même, non imposées par l’extérieure, et sans être artificielles : on ajuste avec l’expérience accumulée, de principe.

Tout chef, en tout cas, surtout si on parle de communautés politiques plutôt contractuelles et non naturelles, comme des mouvements politiques royalistes par exemple, devrait réfléchir très en amont sur la constitution de règles, ou plutôt de status, dans un esprit non démocratique s’entend, mais pour le bien commun.

Quelque part, ce qu’on appelle aujourd’hui « l’état de Droit », le « constitutionnalisme », ou ces règles qui obligent tout association d’avoir des status, sont des restes bien faîblards d’une grande tradition politique, mais sans l’autorité, et sans l’incarnation.

Si on retrouve incarnation et autorité, ajoutons encore les statuts pour faire pérenniser nos œuvres, en particulier politiques, et en particulier dans nos mouvements royalistes.

Tout cela pour une restauration plus forte et plus grande.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac.

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