Lettre d’un émigré – Le xénophobe qui aimait les étrangers
Qu’est-ce qu’un xénophobe ? D’un point de vue étymologique le xénophobe devrait simplement être celui qui a peur de l’étranger. Peur au sens de phobie s’entend. C’est au fond assez naturel, puisque l’étranger est par excellence ce qui est étrange, et ce qui est étrange fait peur.
Si l’on reste fidèle au sens premier des mots en -phobe il faut bien avouer que le mot xénophobe devient plutôt drôle : la phobie de l’étranger, comme arachnophobe la phobie des araignées. Bon, on pourrait presque dire que tout le monde est par nature xénophobe, car ce qui est vraiment étranger fait toujours un peu peur. On se demandera en revanche ce que peut bien vouloir dire homophobe… Si c’était anthropophobe (peur de l’homme) ou à la limite anastrophobe (peur de l’inverti) l’invention du mot aurait un sens… Mais l’alliance d’une racine latine et grecque va contre toute logique linguistique qui témoigne bien de notre temps, mais passons.
Bref, tout cela pour dire que l’on peut être très xénophobe et très xénophile, si l’on reste à la définition étymologique des expressions. Les deux mots ne sont d’ailleurs pas contradictoires, puisque la phobie n’est heureusement pas le contraire de la sympathie.
Nous avons pu en faire l’expérience récemment avec un japonais xénophobe et xénophile.
Petite promenade dans un parc comme à l’accoutumé. Un groupe de jardiniers volontaires s’occupent des plants de fleurs, et réjouissent d’ailleurs les promeneurs tout au long de l’année. Il fallait attendre de venir au Japon pour apprendre les différentes plantes et leurs floraisons, puisqu’à l’école républicaine en France, à part les moyens de contraception ou la génétique, on n’apprenait pas à distinguer un bœuf d’une souris, mais passons…
J’entame la conversation avec le groupe de jardinier, pour les remercier de leur travail et leur dire le plaisir de voir toutes ces fleurs tout au long de l’année. Le chef des jardiniers me parle, ainsi que d’autres. Ils sont tous assez âgés, visiblement à la retraite et amoureux des fleurs.
Et l’un d’eux veut clairement me poser des questions mais il n’ose pas. Alors, malgré le fait qu’il soit devant moi, il pose la question à son chef pour qu’il me la pose ensuite, n’osant pas m’adresser la parole directement.
Il est xénophobe, il a la phobie des étrangers, au sens étymologique : il a peur, c’est physique. Cela arrive de temps en temps au Japon. Mais il veut me poser des questions, car l’étrange l’intéresse et il aimerait aussi parler : il est xénophile.
Alors le chef des jardiniers lui dit : « Pose-lui la question directement, il est devant toi. »
Le xénophobe prend alors son courage à eux mains et parvient à accomplir l’exploit de bredouiller à voix toute basse, tout rouge, une petite question de politesse, à peine audible.
C’était un vrai xénophobe, très gentil et très poli. J’étais honoré d’être la cible d’une telle xénophobie, bien xénophile, car j’aime son pays et sa culture. L’amitié dans les et grâce aux différences se fondent dans la communauté de notre nature et dans l’universalité de la charité. Pas d’agression, pas de démesure, pas d‘impolitesse. Juste un xénophobe xénophile.
Quand on se fait envahir d’une part et que l’on voit son identité nier d’autre part, on change de registre : plus de xénophobes à proprement parler puisque la phobie s’efface avec le contact récurrent à la cause de la phobie. On vit tellement avec l’étranger en France…Et n’allons pas croire que le plus étrange soit celui qui vient de l’extérieur : le républicain acharné et foldingue qui peuple les rangs du gouvernement et des élites est bien plus étrange que le fidèle à un Dieu créateur, respectueux du sacré et de l’ordre.
Un étranger de l’intérieur en somme, c’est bien là la malédiction de la France. Et pour la surmonter, pour réduire ces différences ultimes, il faut une unité commune, un point commun qui ne saurait jamais être la « République », qui n’est qu’une évanescence abstraite et idéaliste quand elle n’est pas un autre nom pour « une tyrannie totalitaire ». Dieu devrait évidemment être ce point de rassemblement : en attendant nous avons un roi légitime, qui est le roi de tous les français ; et le garant de la justice.
Seule sa reconnaissance peut permettre de retrouver une unité minimale nécessaire à toute restauration à long terme et avant tout à la restauration d’une paix juste.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias