Sermon sur la vocation missionnaire de l’Église
L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle la vocation missionnaire de l’Église catholique. Je vous parlerai donc de l’esprit missionnaire qui doit nous animer, en prenant exemple sur Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
La vocation missionnaire de l’Église catholique
Notre-Seigneur Jésus Christ est venu sur terre pour nous enseigner tout ce qu’il faut croire et faire pour atteindre le but de notre vie, c’est-à-dire la vie éternelle.
L’Évangile nous dit que Jésus monta dans la barque de Saint Pierre pour se faire mieux entendre des foules. A cette raison pratique se rajoutait une raison symbolique indiquée par Saint Grégoire. La barque de Pierre représente l’Église catholique fondée par Jésus sur Saint Pierre. C’est à travers cette Église que Jésus continue, et continuera jusqu’à la fin du monde, à enseigner aux hommes la vérité et la voie du Ciel.
L’Évangile nous rapporte aussi que Jésus dit à Saint Pierre d’aller pêcher en eaux profondes. Certainement c’était pour permettre aux Apôtres de gagner un peu d’argent pour subvenir à leurs besoins matériels. Mais là encore, à cette raison pratique se rajoutait une raison symbolique indiquée par Saint Augustin. Les eaux profondes signifient les régions les plus reculées de la terre. Pêcher les poissons signifie prêcher aux hommes la doctrine du Christ afin d’en faire des membres de l’Église Catholique, des membres du Corps Mystique du Christ et par là d’en faire des enfants de Dieu. Notre Seigneur Jésus a donné à Saint Pierre et aux Apôtres la mission de prêcher sa doctrine à tous les peuples qui vivent sur la terre, même dans les régions les plus reculées afin d’en faire des enfants de Dieu.
La mission d’évangélisation a été donnée de droit à Saint Pierre et aux Papes ses successeurs, aux Apôtres et aux évêques leurs successeurs, mais tout fidèle Catholique doit apporter sa contribution au travail d’évangélisation. De quelle façon ? Il existe beaucoup d’activités extérieures missionnaires. Aujourd’hui je voudrais simplement vous rappeler comment Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus fut missionnaire, au point de devenir la Sainte Patronne des Missions. Sainte Thérèse n’était pas Pape, ni évêque, ni prêtre, ni même un missionnaire laïc dévoué à un apostolat extérieur. Donc tous les Catholiques sans exception, en incluant les enfants, les malades et les personnes âgées, peuvent devenir de grands missionnaires en suivant l’exemple de Sainte Thérèse, et ainsi aider puissamment l’œuvre missionnaire extérieure de l’Église.
Comment Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus fut missionnaire
1- Pour être missionnaire, il faut d’abord avoir le désir de sauver les âmes. Céline, la sœur de Sainte Thérèse raconte le fait suivant : « En juin 1896, je photographiai Thérèse pour donner son portrait à notre Mère Prieure… Elle voulut être prise en photo tenant à la main un rouleau sur lequel elle avait écrit ces paroles de notre Mère Sainte Thérèse d’Avila : « Je donnerais mille vies pour sauver une seule âme. »
Sauver une âme, cela veut dire permettre à quelqu’un de partager la vie éternelle et le bonheur infini de Dieu. Cela signifie empêcher quelqu’un de brûler en enfer et d’être torturé par les démons pour toujours. Pour sauver quelqu’un de cette façon, aucun effort, aucune peine n’est de trop. Ayons donc comme les deux Sainte Thérèse le souci du salut éternel des gens et un grand désir de faire ce qui dépend de nous pour le leur procurer. Un tel désir est le commencement de l’esprit missionnaire.
2- Pour être missionnaire, il faut se rappeler que c’est la grâce de Dieu qui convertit les âmes, qui touche le cœur des pécheurs, leur donne la force de se libérer de l’esclavage de leurs vices. Et il faut se rappeler que c’est par Notre-Seigneur Jésus Christ que Dieu nous donne toutes ses grâces. Pour être missionnaire donc, il faut être uni à Jésus et Lui demander ses grâces pour la conversion des pécheurs. Et le meilleur moment pour cela, c’est évidemment le temps de la Sainte Messe, quand Jésus renouvelle sur l’autel son Sacrifice de la Croix, c’est le temps de la Sainte Communion quand Jésus est physiquement présent en nous.
C’est ainsi que Sainte Thérèse, à 14 ans, a obtenu la conversion d’un criminel endurci, Henri Pranzini. Céline rapporte ceci : « Thérèse a raconté dans l’histoire de sa vie la ténacité de ses prières pour le malheureux assassin Pranzini, son émotion quand elle se vit exaucée par le subit retour à Dieu du condamné, au pied de l’échafaud. C’est à moi qu’elle avait remis, en rougissant, la pièce de monnaie destinée à faire célébrer une messe pour cette conversion. Sa timidité l’empêchait de la demander elle-même à son confesseur. » Soyons donc missionnaires par nos prières, en assistant à la Messe et en faisant des Communions ferventes.
3- Pour être missionnaire, il faut se rappeler que Notre-Seigneur Jésus Christ a racheté les hommes en souffrant la Passion par obéissance à son Père, en témoignage d’amour pour son Père. Pour être missionnaire donc, il faut se rappeler que le salut des hommes se fait par la souffrance rédemptrice. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que Dieu nous purifie de notre égoïsme et volonté propre par le moyen de la souffrance, comme l’or est purifié par le moyen du feu. Nous sauvons notre âme et nous obtenons le salut des autres en continuant à aimer Dieu dans nos souffrances, en utilisant nos souffrances comme le moyen de dire et de prouver à Dieu que nous L’aimons plus que nous-même.
Sainte Thérèse avait bien compris cette vérité de la souffrance rédemptrice. Céline raconte ceci :
« Lors de notre voyage à Rome, Thérèse n’avait encore que quatorze ans. Ayant parcouru quelques pages d’Annales de Religieuses Missionnaires, elle interrompit bientôt sa lecture et me dit : « Je ne veux pas en lire plus ; j’ai déjà un désir si violent d’être missionnaire, que serait-ce si je l’avivais encore par le tableau de cet apostolat ? Je veux être Carmélite. » Elle m’expliqua ensuite le pourquoi de cette détermination : « C’était pour souffrir davantage dans la monotonie d’une vie austère et, par-là, sauver plus d’âmes. »
Céline raconte aussi ceci : « Dans un moment de cruelles souffrances, alors que la tuberculose gagnait en entier son organisme et que nous implorions le Ciel avec larmes, Thérèse disait : « Je demande au bon Dieu que toutes les prières faites pour moi ne servent pas à alléger mes souffrances mais à sauver les pécheurs. » Et je l’entends encore affirmer : ‘Non, je n’aurais jamais cru qu’on pouvait tant souffrir… jamais, jamais !’ ‘Je ne puis m’expliquer cela que par les désirs ardents que j’ai eus de sauver des âmes.’ Ce fut l’une de ses dernières paroles. »
Soyons donc missionnaires par l’offrande courageuse et généreuse de nos souffrances à Dieu.
4- Enfin, on est missionnaire en utilisant les moyens, petits mais efficaces, par lesquels l’Église demande des grâces particulières pour les âmes, je veux parler des sacramentaux : chapelets, médailles, scapulaires, eau bénite, huile bénite, cierges bénits, etc. Notre-Seigneur Jésus, la Sainte Vierge se plaisent à utiliser ces humbles petites choses pour contrecarrer les actions de Satan et ouvrir la voie à la grâce. C’est une façon d’humilier Satan et de montrer davantage la puissance de Dieu. Ainsi faisait Sainte Thérèse. Céline raconte : « Au Carmel, le zèle missionnaire de Thérèse ne cessa de s’accroître et se manifestait en toute rencontre. Je l’ai vue, après le départ d’un ouvrier éloigné de Dieu, qui devait revenir dans la journée travailler au monastère, cacher furtivement une médaille de saint Benoît sous la doublure de sa veste de travail. »
Soyons donc missionnaires en distribuant des Sacramentaux, comme par exemple la médaille miraculeuse ou la médaille de Saint Benoît, aux gens quand l’occasion s’en présente.
Conclusion
Chers Fidèles, soyons missionnaires. Ce sera une de nos plus grandes joies au Ciel d’avoir contribué au salut d’autres personnes. Tout le monde peut employer les moyens que Sainte Thérèse utilisait.
Je finirai ce sermon par une dernière anecdote que voici : « Bien des fois et sous des formes très variées, Thérèse promit de « faire tomber une pluie de roses » et exprima son désir et son assurance de faire du bien après sa mort en priant pour l’Église, en continuant sa mission de choix auprès des prêtres. Je l’entendis surtout expliquer, décrire quel serait ce bien, par quel moyen elle appellerait les âmes à Dieu en leur enseignant sa voie de confiance et de total abandon. Répondant à l’une de ses réflexions, je lui disais : « Alors, vous croyez que vous sauverez plus d’âmes au Ciel ? — Oui, je le rois, me répondit-elle, la preuve c’est que le bon Dieu me laisse mourir, alors que je désire tant lui sauver des âmes… »
Tournons-nous vers Sainte Thérèse avec grande confiance pour lui demander une pluie de grâce pour la conversion de nombreuses âmes, surtout de nos proches, nos amis, nos connaissances qui vivent dans le péché. Amen.
Un prêtre missionnaire