Unissons la famille royale [Campagne royale]
Campagne royale
Cette campagne royale doit se comprendre en son entier et synthétiquement. Les paroles humaines sont limitées et une tournure ou une expression mal comprises peuvent créer des malentendus, sans compter les écarts de compréhension d’une personne à l’autre des mêmes mots. C’est pourquoi nous demandons la sollicitude du lecteur de ne juger cette humble campagne qu’à la lumière de sa lecture entière, dans l’espoir que les mécompréhensions possibles de détails soient comblés et nuancés par le tout. Si nous parvenons à communiquer un peu de cet esprit royal en lequel nous croyons et dont nous parlons, nous serons comblés. Que tous ceux qui ont des remarques, des idées ou qui veulent simplement en parler n’hésitent pas à prendre contact avec votre serviteur via le formulaire de contact du site.
La campagne royale est composée de quatre cycles : Les principes restaurateurs, les conditions préalables [à la restauration], les fondements de l’action et Place à l’action, couronnée par le manifeste. Les intitulés des articles sont les suivants.
Articles précédents:
1- Haut les cœurs ! Manifeste pour la restauration royale
2- Les principes restaurateurs – 0. La voie royale
4- Les principes restaurateurs -2. Sortons de toute logique d’appareil et de parti
6- Les principes restaurateurs – 4. Réinvestissons la res publica
8- Les principes restaurateurs – 6. Voyons loin, très loin. Croissons et multiplions
Les conditions préalables – 1. Unissons la famille royale
Les conditions préalables sont des habitudes restauratrices saines ou des restaurations préalables, début d’une restauration effective, sans laquelle une restauration complète est illusoire et impossible dans le sens véritable et positif du terme.
La royauté unit des composantes qui semblent irréconciliables, des cultures totalement différentes, aux modes de vie divers et aux climats hétéroclites : l’histoire de la France est bien cette histoire de l’union sereine, progressive, active et volontaire, sans violence, de pays différents, sous un seul père, tenant lieu de Jésus, le bon roi très-chrétien.
Vouloir restaurer effectivement signifie d’abord restaurer concrètement l’esprit d’union de notre histoire si grande. Cette union passe par l’union de la famille de France : cette étape est incontournable et nécessaire. Il est impensable de restaurer la France si la famille de France est incapable de se réunir sous son aîné, selon les lois de la maison de France immémoriale, et dans l’esprit de concorde bien français et royal, qui, d’ailleurs, n’empêche pas les frictions ou les éclats gascons intrinsèques aux hommes, à l’esprit preux et chevaleresque, et à l’émulation pour le progrès. Ce qui compte, c’est de toujours conserver l’obsession de l’esprit d’union, de l’esprit de famille en bref, dans l’esprit royal et la foi catholique, en privilégiant harmonie et sérénité, et en excluant absolument toute violence physique ou morale.
Cette union est un fondamental, sans quoi rien ne pourra commencer : comment imaginer réunir la France qui est en train de se déchirer comme jamais si la maison de France ne parvient pas à se rassembler sous son aîné ?
Il ne s’agit pas de rester campé sur de vieilles rancœurs, et sur la répartition des fautes, mais que notre roi fasse briller l’esprit charitable, miséricordieux et de chef de famille, dans l’intransigeance s’entend, pour ramener au giron de façon positive et sans compromission politique la branche cadette. Le travail semble grand, mais il faut le faire, et le faire bien, car cette réunification royale sera le premier pas de la restauration effective : un exemple de grandeur royal dans une réunification sereine, volontaire et harmonieuse permettra de fonder la base de l’esprit royal unificateur et fournira le premier succès véritable de la Restauration.
Cette réunification est en quelque sorte une conversion des cœurs modernes vers l’esprit éternel. Plus de conflits politiques ou de pouvoirs : ils sont futiles, mais furent des épines masquant le véritable intérêt supérieur de la France, la royauté comme service et lien entre ciel et terre, passé et avenir dans un éternel présent, et un roi jonction du ciel et de la terre.
Je renvoie ici à un article conclusif d’une étude que votre serviteur a réalisée il y a quelque temps pour mettre en valeur l’esprit nécessaire d’une union véritable et saine, qui désactive toutes les oppositions révolutionnaires du type théorie de la lutte infinie, de l’usurpation invétérée, de l’envie, de la démesure, pour retrouver un esprit d’harmonie où chacun participe au dessein plus grand, en sachant ses limites, et en sachant sa charge terrible du pouvoir qui lui incombe :
« L’union nécessaire
« Le fonctionnement de la cour et sa relation avec le gouvernement pendant l’ère Edo nous révèlent le spectacle d’une société centrée sur le roi dans des rapports autant que faire se peut harmonieux avec les tenants du pouvoir concret et exécutif. Le maintien de la politique d’autarcie, fondée sur une vision chauvine partagée par tous, est le nœud fondamental permettant de comprendre la fin de l’ère Edo. Nous pouvons constater à quel point l’ensemble des structures résista fortement et longuement grâce à un esprit où l’harmonie et la coopération l’ont emporté le plus souvent sur l’esprit partisan et égoïste. Là où on aurait pu s’attendre à un Bakufu cherchant, sinon l’usurpation, du moins l’attachement obstiné à l’hégémonie sur le pays et à une cour toujours en opposition et égoïste pour récupérer le pouvoir au Bakufu, nous pouvons au contraire constater un accord de fond sur les politiques à mener, et un respect réciproque dans un ordre admis, où la cour, même avec un inexistant pouvoir exécutif, reste le pouvoir légitime et supérieur, qui soutient donc le Bakufu, son gouvernement délégué par excellence, lequel sert nominalement la cour et y trouve sa légitimité.
« Seul l’échec répété, peut-être d’ailleurs impossible vu la situation du pays, du Bakufu qui a appliqué une politique désirée par tous, le conduisit à devoir rendre son mandat à la cour, en réduisant au minimum les guerres internes qui auraient pu tourner à une véritable guerre civile si l’esprit partisan avait gagné partout dans la société – ce qui ne fut pas le cas.
« Dans la cour elle-même, le roi éternellement au centre et sacré avait encore une barrière supplémentaire le protégeant du monde extérieure : la présence du système de “régence”, où cinq grandes maisons assumaient la majeure partie de la charge de gérer les affaires de la cour et les relations extérieures. C’est une sorte de conseil gouvernemental élargi. Là aussi, plus avant dans l’histoire, on aurait pu s’attendre à des tentatives d’usurpation, ou des velléités du roi de reconcentrer le pouvoir effectif en sa personne, sans que pourtant la situation ne l’exigeât. Rien de tout cela ne se profile néanmoins, comme si l’esprit de famille, l’esprit de maison, entendez un esprit d’harmonie et de coopération, contenait et prenait toujours le pas sur l’esprit de division, sur l’esprit partisan, sur l’esprit sacrilège et de démesure, sur l’esprit égoïste enfin.
« Ce tableau laisse songeur et donne à penser sur le spectacle contradictoire qu’offre l’histoire de France postrévolutionnaire. Nous imaginons bien ce qui n’était que naturel mais loin des considérations de l’époque, si éloignée de l’harmonie et de la coopération, que l’idée ne semble même pas avoir affleuré. Au lieu d’avoir un dix-neuvième siècle où se succédèrent usurpation, restauration, usurpation et usurpation de l’usurpation, que serait-il advenu si le Bonaparte, au lieu de se noyer dans sa démesure, avait rendu à la France son roi, qui lui aurait remis un mandat pour diriger la France. Le roi aurait pu ainsi restaurer toute la sacralité mise à mal par la Révolution, et racheter les grands péchés révolutionnaires de la France par de nombreuses actions de grâces, quand le général aurait pu remettre l’ordre et étendre la France, si jamais cela était réellement souhaitable, mais toujours freinée par le bon sens royal et la vision d’expansion traditionnelle du royaume, en évitant la violence et la conscription. Ni Bérézina, ni hécatombes…
« L’histoire ne se refait pas. En revanche, l’avenir, nous le faisons tous les jours dans nos actions et par la grâce de Dieu. Une restauration solide devrait passer par une alliance, non seulement de la maison de France, mais aussi avec la troisième race.
« Imaginez que les Orléans en finissent avec la démesure et reviennent dans l’union nécessaire avec la branche aînée dans l’esprit de famille et de maison. Ils pourraient jouer le rôle, dans une France restaurée, de cette famille Fujiwara, faisant le lien et gérant les affaires générales de la cour et sa relation avec l’extérieur, dans une sorte de conseil élargi permanent. Le roi pourrait ainsi se concentrer sur son rôle sacré, et ne prendre les décisions que pour les matières où son arbitrage se révèle véritablement nécessaire.
« Imaginez que, parallèlement, l’homme fort que certains appellent de leurs vœux soit le descendant Buonaparte, qui pourrait ainsi remettre l’ordre dans un mandat légitime de lieutenant-général du royaume. Les contorsions et les dangers de ces premiers temps de Restauration, qui ne peut prendre place que dans une situation où la France sera en difficulté, aura besoin d’un pouvoir fort remettant l’ordre et dépoussiérant tous ces rouages encrassés, en canalisant l’esprit du bien venant de plus haut, du roi, et de l’Église, dans la société, pour remettre la France sur le droit chemin. Mais cela ne peut se faire sans une véritable Restauration en amont, car un homme fort seul, surtout vu le sentiment de démesure répandu partout dans la société, ne pourra que tourner en gouvernement autoritaire, d’un ordre de surface qui n’agit pas sur les cœurs et sur le fond, domaine où seules la bonté et la sacralité du roi peuvent agir en réalité. Il n’est de même pas souhaitable que le roi se retrouve dans la position de shogoun où, en sus de son pouvoir absolu, qu’il a et qu’il aura toujours, puisqu’il vient de Dieu et se confirme dans le sacre, il aurait l’entier pouvoir exécutif et effectif. Il deviendrait la cible de l’esprit partisan et des complots tout en risquant sérieusement de salir sa sacralité et son rôle sacré, en augmentant aussi le risque de tomber dans les tentations de la politique politicienne qui éloigne des devoirs sacrés du Roi.
« Ainsi, un Bonaparte comme premier bouclier du roi, et comme bras armé de la Restauration. Ensuite des Orléans, tout proches du roi, et qui, dans une sorte de conseil élargi, feraient office de second bouclier, à la jonction du Buonaparte et du roi. Ils auraient aussi l’insigne rôle d’incarner comme la première famille noble de France et de restaurer par-là l’esprit de maison, dépassant celui de la famille, et s’étendant aux autres familles nobles qui auraient encore cette conscience, et à tous par porosité.
« Tout cela ne se ferait certainement pas sur une génération. L’important, l’essentiel, est de retrouver une appréhension du temps long, et de chercher à faire une politique sur des générations et générations. La Restauration précédente a l’avantage d’unir en pratique ce qui déchira si longtemps la France, mais tout l’intérêt réside dans la pérennisation nécessaire de cette restauration à trois enceintes, le roi au centre, la cour au milieu, le lieutenant-général à l’avant : la couronne, tout en étant le grand manteau de l’ensemble, devrait être alliée à l’Église, dans la fameuse union du trône et de l’autel, qui insufflerait l’esprit partout, dans chaque enceinte, en s’appuyant sur le roi sacré dans l’union spirituelle avec le souverain pontife.
« Restaurer, d’accord, mais alors il faut tout restaurer en même temps et dans l’union. La réalité n’aime pas une analyse puisqu’elle est toujours une synthèse, ce que l’esprit humain répugne du fait de sa complexité. Le Japon n’est qu’une source d’inspiration phénoménale qui rappelle que la tradition s’incarne avant tout dans une inflexibilité sur le bien et la vérité, mais une bienveillance charitable et une flexibilité face aux réalités et aux personnes. »
Cette forme-là est-elle souhaitable ? Nous le croyons. Elle permet en plus de donner un contenu concret à la Restauration, définissant clairement les tâches, sans mélanger les genres et en gardant bien clairs les principes et l’essentiel, tout en donnant des assurances à ceux qui n’ont plus rien à voir avec leurs aïeux, mais qui peuvent craindre par force pour leur parti ou par leur personne, influencés par la société révolutionnaire qui menace, extermine et cherche à exclure tous ceux qui sont différents. La Restauration, elle, unit tous les régnicoles, quel qu’ils soient, avec leur bonne volonté s’entend.
Pour Dieu, pour le roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac
Pardonnez-moi, mais cette dissertation est purement onirique. Pour une raison simple: comme l’ont expliqué Maistre, Bonald et Carl Schmitt, c’est que la souveraineté ne se partage pas. Encore moins quand elle se refonde, grâce à une décision salvatrice. Bien sûr, il peut exister des compromis dynastiques issus de rapports de force, mais ce cas de figure est totalement étranger à notre monde.