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Pour un véritable enseignement catholique : de l’incompatibilité de la vraie foi avec l’École de la République, par Augustin Marie Bréchard. Partie 2 : L’incompatibilité de l’offre républicaine avec la vraie foi

Nous avons développé dans notre première partie l’offre laïque que propose officiellement l’Éducation nationale. Penchons-nous désormais sur les raisons doctrinales qui font qu’elles ne devraient être acceptées par aucun catholique.

« Des catholiques peuvent approuver un système d’éducation séparé de la foi catholique et de l’autorité de l’Église, et qui n’ait pour but, ou du moins pour but principal, que la connaissance des choses purement naturelles et la vie terrestre. » (XLVIII).

Cette sentence semble être devenue la norme chez bien des familles catholiques. Pourtant, loin d’être un bon conseil, elle est l’une des erreur moderne répertoriées par le Syllabus de saint Pie IX en 1864. Par l’exposé de cette erreur, il tient à nous rappeler inconditionnellement qu’il est impossible pour un catholique de cautionner une éducation qui, loin d’instruire les enfants à la vraie foi, ne les instruit qu’aux choses terrestres et, qui plus est, à une éducation civique résolument anticatholique. La relecture de cette erreur moderne doit nous faire réfléchir sur le rôle premier de l’éducation chrétienne dans notre société. La famille catholique devrait craindre plus que tout de livrer sa progéniture en pâture à l’École républicaine, construite sur plus de deux siècles de laïcité, d’athéisme, de franc-maçonnerie et de mensonge.

« Les parents ont, autant que possible, le devoir de choisir les écoles qui les assisteront au mieux dans leur tâche d’éducateurs chrétiens.1 »

C’est un devoir primaire, absolu, inconditionnel. La moindre compromission mène des milliers d’élèves, parfois baptisés, à ne pas connaître les vérités de la foi ou de la doctrine. Il est certain qu’une éducation traditionnelle catholique va souvent de pair avec une excellence académique, dans le respect des vocations personnelles. Cependant, la crise la plus grave que nous voyons dans l’Éducation nationale n’est pas académique, comme le pense M. Debray, mais bien religieuse, quoiqu’en parfaite cohérence avec la DDHC dont elle est issue. L’Éducation nationale annihile tout enseignement à la vie spirituelle, et bien des enfants grandissent sans avoir jamais entendu le doux mot de « prière ». Toute leur éducation est tournée vers le monde terrestre, que l’on décrit comme un accident cosmique mû par le hasard. C’est précisément ce contre quoi nous met en garde l’Église.

La culture générale est certes importante, ainsi que le savoir académique. Il est bon, même pour un catholique, de connaître ce qu’est l’islam ou la mythologie gréco-romaine. Mais il est impossible de reléguer la vraie foi à leurs côtés. Elle ne doit pas être enseignée comme fait culturel ou sociologique (c’est ce que fait le « fait religieux »), mais comme vérité révélée à laquelle on doit adhérer inconditionnellement. Il est dangereux de la fantasmer comme un fumeux trésor historique perdu qu’il faudrait retrouver, ou comme héritage culturel dont on fait un étendard politique. L’enseignement catholique a pour devoir d’affirmer et d’assumer cette doctrine aristotélicienne que tout ce qui n’est pas vrai ne peut être que faux. L’autre danger de cette intellectualisation de la foi comme proposition académique mène également tout droit au gnosticisme. Tous ces écueils sont profondément incompatibles avec la vraie foi. Pour reprendre l’exemple du professeur de mathématiques, il est de son devoir de redresser l’élève qui aurait une autre « opinion » sur l’addition de 2+2. De même, l’éducateur chrétien a pour devoir d’agir pour remettre dans la voie de l’Église catholique les hérétiques et les infidèles, ce qu’il ne peut évidemment pas faire dans le cadre de l’école laïque, qui sous couvert du respect du pluralisme, laisse les élèves se perdre quand elle ne les y encourage pas. Or, ne pas corriger une erreur est un cruel manque de charité. L’appendice aux parents et éducateurs chrétiens du catéchisme de saint Pie X publié par l’Institut du Christ-Roi explicite ce devoir fondamental :

« L’enseignement du catéchisme est donc le plus nécessaire et le plus bienfaisant pour les individus, pour l’Église et pour la société civile ; c’est l’enseignement fondamental qui est la base de la vie chrétienne ; où il manque, où il est mal distribué, la moisson surnaturelle végète, périclite et facilement disparaît. Les parents sont les premiers et principaux éducateurs… S’ils sont obligés, comme il arrive souvent, de se faire suppléer par d’autres dans l’éducation, qu’ils n’oublient pas l’obligation sacro-sainte de choisir des instituteurs et des personnes qui sachent et veuillent consciencieusement remplir, à leur place, un si grave devoir. L’indifférence en cette matière a été la perte irréparable de tant de fils. Quels comptes il faudra en rendre à Dieu !2 »

Il est certain qu’au-delà du seul catéchisme, c’est là un avertissement qui touche toute l’éducation catholique. Le catéchisme ne saurait être réduit à une seule matière, semblable au latin ou à l’arithmétique. Il doit infuser toutes les matières enseignées. On ne saurait concevoir un établissement qui prodiguerait un bon catéchisme quelques heures par semaine avant de prodiguer le reste du temps un enseignement contraire, sinon hostile, à la morale de l’Église en science, en histoire, en philosophie par exemple. C’est pourtant le cas de la plupart des établissements. En effet, les Bulletins Officiels de l’Éducation Nationale, programmes suivis par les établissements privés sous contrat, sont édifiants quant à ce point. Quelques axes du programme de langues vivantes de première et terminale pour les filières générales et technologiques sont les suivants, avec leurs mots clefs : Identités et échanges (rôle de la mondialisation, mobilités, dialogue, mixité, partage, critique de la notion de frontière) ; Espace privé et espace public (égalité homme-femme, parité, féminisme, émancipation, mixité) ; Innovations scientifiques et responsabilité (robots, vaccins, nanotechnologies, dérives sectaires, éco-citoyenneté) ; Diversité et Inclusion (intégration, discriminations, minorités).3 Ces axes sont donc ceux exigés par le programme pour l’enseignement de l’anglais au lycée. On sent fortement la pression idéologique exercée sur l’enseignement d’une matière pourtant d’apparence assez neutre. On comprend aisément que l’anglais est ici considéré comme un véritable outil au service de l’idéologie dominante et mondialiste.
Un autre exemple, peut-être encore plus flagrant, est l’évolution de l’enseignement de la géographie. Quand elle demandait l’apprentissage, certes laborieux, des sous-préfectures et des départements de notre pays, son programme n’est aujourd’hui qu’une longue dissertation sur la mondialisation, l’aménagement des territoires et le développement durable. Ces deux exemples nous permettent de comprendre, en partie, la perversion des programmes et leur éloignement toujours plus flagrant avec le catéchisme. Nous pourrions aussi écrire des pages sur l’enseignement de la biologie, une étrange « science de la vie » qui enseigne la contraception et l’avortement, ou de la sexualité, qui fait intervenir le Planning Familial dans les établissements, même privés. Les élèves apprennent parfois à enfiler des préservatifs sur des concombres, et « [t]ous les lycées sont équipés d’au moins un distributeur automatique de préservatifs4» selon le site officiel de l’Éducation Nationale. Dans des établissements où le catéchisme devrait infuser tout l’enseignement, quels abîmes entre les exigences de l’État et la fidélité à l’Église catholique ! Quels abîmes entre ces obscures Bulletins Officiels et la vocation propre à tout chrétien, la mission que nous recevons à la fin de chaque messe : « Ite Missa Est » !

En effet, évangéliser est une nécessité de la pratique chrétienne, car elle est la plus haute expression de la charité envers son prochain. Rien n’est plus faux que les postulats qui affirment que la religion doit rester dans la sphère privée. On ne citera qu’un exemple sur ce point, celui du commentaire de la ministre de l’Enseignement supérieur dans les gouvernements d’Édouard Philippe et Jean Castex, Frédérique Vidal, qui affirmait que « la laïcité, c’est la liberté de conscience, et c’est mettre dans la sphère privée — et uniquement dans la sphère privée — les convictions philosophiques, religieuses etc. des individus pour garantir qu’ils pussent continuer à avoir ces convictions. Mais elles n’ont pas à entrer dans la sphère publique.5 » Cela démontre une profonde méconnaissance de la doctrine catholique de la mission. C’est oublier que le Christ Lui-même nous indique dans le sermon sur la montagne que « l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.6 » Or, mettre la lampe sous le boisseau est précisément ce que nous demande la République et son Éducation nationale. Rappelons pourtant que parmi les œuvres de miséricordes spirituelles auxquelles tout chrétien doit s’appliquer on trouve : « Conseiller ceux qui ont en besoin, instruire les ignorants, exhorter les pécheurs etc. » Le conseil du catholique ne peut être tu, son instruction ne peut être optionnelle, et il ne saurait supporter de voir son prochain se vautrer dans le péché sans lui offrir son exhortation et son charitable secours. De plus, tous les catholiques entendent au moins chaque dimanche le renvoi « Ite, missa est », auquel ils répondent « Deo gratias. » L’Ite missa est est un envoi en mission.

« Il revient à proclamer : la messe est dite, rayonnez-en partout le fruit de salut et son message ! Le mot missa, qui signifie envoi, renvoi, a donné son nom à toute la cérémonie : la messe ! » nous explique le missel du Barroux. Il est donc impossible à un catholique d’entendre cela et de retourner ensuite accepter la perversité des enseignements et l’indifférentisme institué par la République dans ses écoles.

À suivre…

Augustin Marie Bréchard


1 Catéchisme de l’Église Catholique. § 2229.

2 Catéchisme de Saint Pie X, éditions de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.

3 Bulletin Officiel de l’Education Nationale, Programme de langues vivantes de première et terminale générales et technologiques, enseignements communs et optionnels, pages 7 à 10. https://www.education.gouv.fr/media/25049/download.

6 Matthieu 5 :15.

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