Parrainage, Mariage et politique, par Paul-Raymond du Lac
La restauration implique la restauration d’un véritable sens politique, sur laquelle la surnature vient se greffer et jamais s’opposer à la nature (ce qu’elle ne peut faire de facto, mais dont certains aimeraient croire à la possibilité).
Il nous faut sortir de cette séparation artificielle moderne qui veut isoler tout ce qui est surnaturel de la nature, et en particulier en politique.
D’un côté on crée mariage civil et baptême civil, des imitations ridicules des sacrements, qui se veulent pour le mariage du moins comme une simple union naturelle individualiste, sans aucune considération politique.
Inversement, quand on se marie à l’Église, ou qu’on choisit des parrains, il faudrait n’avoir que des considérations purement religieuses, sans aucune considération politique, comme si cela ne concernait uniquement que des individus – je parle pour ceux qui savent ce que cela veut dire et qui ont la foi, pas de tous ces mariages et baptêmes vides de sens qui ne se font que par coutume culturel.
Il nous faudrait pourtant retrouver les réalités politiques naturelles qu’impliquent le mariage et le parrainage: nos aînés ont toujours considéré, à raison, que le mariage est une alliance politique entre deux familles (ce qu’il est de fait, et ne pas prendre en compte cela c’est prendre des risques d’incompatibilité entre deux familles…qui peut avoir des conséquences que nous pouvons constater ici et là autour de nous ou chez nous), et que le parrainage, outre la création d’un lien surnaturel, d’une filiation spirituelle entre le bébé et son parrain ou sa marraine, est aussi une alliance politique, engageant le parrain ou la marraine à s’occuper des enfants pour leur éducation en cas de disparition ou d’incapacité des parents naturels. Mieux: comme le faisaient tous nos rois et les grands, le parrainage était aussi l’occasion d’agrandir la famille, par cette sorte de mariage spirituel, en faisant entrer dans la famille spirituelle élargie un ami politique.
Le parrainage, comme le mariage, crée des liens indissolubles non seulement entre des individus, pour leur salut (le côté surnaturel) mais aussi pour le bien commun, puisque l’homme étant politique par nature, un engagement individuel est aussi un engagement, par force, d’un groupe, ici la famille (le côté naturel politique).
Qu’on le veuille ou non, le mariage entraîne des conséquences politiques par la simple alliance de fait entre deux familles: il vaut mieux ainsi que cette alliance de fait soit aussi voulue, pour le bien commun des deux familles. La nature faite par Dieu a prévu les choses de cette façon, alors pourquoi faire semblant de croire que ces réalités n’existent pas?
Mieux vaut, nous autres contre-révolutionnaire, en prendre conscience et les utiliser à bon escient.
On ne se marie par passion ou sur un coup de tête, mais en prenant en compte aussi le facteur politique de l’alliance inter-familiale.
Il ne s’agit de faire comme ces païens qui effacent complètement l’individu sous le groupe, et où le clan devient le Dieu moloch dévorant ses enfants – ils oublient que le clan est faite pour la famille et les personnes, et non les personnes et les familles pour le clan (clan pouvant être remplacer par État). Il s’agit simplement de ne pas tomber dans l’excès inverse, et déséquilibré, désordonné, de vouloir supprimer l’aspect politique naturel du mariage et du parrainage.
Le mariage arrangé a ainsi du bon, c’est évident: si le consentement ultime revient aux époux, il est évident que les parents ont leur mot à dire, vu l’engagement de fait que le mariage implique politiquement, mais aussi du simple fait que les parents connaissent bien leurs enfants et ont de l’expérience en la matière.
Là encore, il ne s’agit de tomber dans les excès païens de tyrannie maritale où les enfants ne sont que des pions sacrifiés aux calculs politiques de conservation d’un pouvoir despotique (souvent d’ailleurs lié à une liberté testamentaire absolue faisant du père de famille un monarque absolu et discrétionnaire choisissant de tout à commencer par ses héritiers) ni dans son pendant révolutionnaire (un paganisme encore pire car utilisant des idées chrétiennes devenues folles) où la famille dissolue ne possède plus de père, qui ne peut plus rien décider, ou tout engagement est révocable (divorce) et où l’État s’empare de toutes les successions…
Idem pour le parrainage: il s’agit non seulement de trouver le parrain et la marraine idéales pour le bien spirituel de l’enfant, mais aussi pour le bien politique de la famille : un parrain ou marraine qui ne feraient que prier et offrir de temps à autres un cadeau – ce qui est déjà bien! – ne rempliraient pas encore son office politique. En temps que père spirituel, il faut créer un lien spécial à l’enfant, qui ne peut se réaliser que par l’amitié politique du parrain, de la marraine et des parents de l’enfant !
Alors oui, parents qui baptisez vos enfants, choisissez vos parrains et marraines aussi pour des raisons politiques – dans le sens qu’il ne faut pas oublier cet aspect naturel de notre condition d’animal politique, les conditions spirituelles de foi étant évidemment premières.
Les parrains et marraines, vos amis politiques, auront ainsi des liens bien plus puissants et forts avec vous, plus imperméables aux inévitables épreuves de la vie qui peuvent nous éloigner, et une incitation constante d’être plus charitable et d’œuvrer à renouer le cas échéant – puisque le lien de parrainage est indissoluble et permanent !
Et on retrouvera cette communauté politique d’amis au ciel, si Dieu le veut!
À bon entendeur !
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !