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Lettre d’un émigré – Voisins vigilants, par Paul de Beaulias

De retour en France pour quelques temps, j’ai pu me promener dans la campagne riante du Midi de la France, et profiter un peu de toutes ces églises et calvaires qui parsèment le territoire, prouvant la profonde histoire chrétienne de notre pays à ceux qui en auraient besoin — il suffit de se promener dans un pays non chrétien pour se rendre compte à quel point le contraste est saisissant, et combien l’absence d’églises et de cloches change une atmosphère…

Quelle ne fut pas ma surprise de tomber plusieurs fois sur des panneaux avec un gros œil inquisiteur et la mention « voisins vigilants », sur des voitures ou à l’entrée des villages…

Je fus marqué car que je ne me souvenais pas, lors de mon dernier voyage il y a dix ans, de ce genre d’affichettes. Je fus d’autant plus étonné que cette marque, quoique stylisé un peu différemment, se retrouve à peu près partout au Japon, sur les voitures, les portes des maisons, les panneaux d’affichage… Je considérais ce phénomène japonais comme une expression païenne de la surveillance des uns sur les autres, à commencer dans le voisinage, et issu des vieilles habitudes totalitaires de l’ère Edo, qui ont la « vertu » de maintenir une certaine terreur de proximité, et donc de maintenir un ordre minimal puisque personne, par peur du lynchage social, ne bouge le moindre doigt de pied…

D’aucuns diront que ce sigle est fait pour les gens externes au voisinage, ou encore qu’il fonctionne… certes, naturellement cela permet de remettre un peu d’ordre dans quelques coins de notre France tiers-mondisée, mais elle demeure néanmoins a minima une conséquence du déclin de la France occupée par la république. De plus, l’œil optique de la caméra viendra peu à peu compléter la terreur la surveillance généralisée.

Cet œil qui vous surveille n’est pas celui de Dieu, ni même celui de notre conscience, mais celui de votre voisin, faisant de nos rues de nouveaux panoptiques… Quelle différence avec le Big brother soviétique ? Dans les deux cas, la surveillance est subie, pressante et pensée et annoncée  comme telle : nous ne sommes pas dans l’optique de parents surveillant charitablement leurs enfants — d’ailleurs, quel père accrocherait de gros yeux dans la chambre de ses enfants avec la mention « vous êtes surveillés » ! Nous sommes ici dans une optique de terreur et de crainte imposées, sans consentement — ce qui montre le délitement de notre société qui doit revenir au niveau zéro de l’ordre, c’est-à-dire l’ordre par la verge…

Nous savons bien entendu que nous avons besoin d’être vigilants pour nous tenir, car, depuis la chute, l’homme tombe souvent dans ses vomissures pécheresses… Mais dans le monde chrétien cet aspect de crainte et de terreur fut progressivement adouci, et insensiblement devenu invisible par la christianisation, et ainsi une vigilance qui devenait une correction fraternelle et une vigilance intérieure de conversion personnelle, par les consciences : tout ce qui se disait au confessional, et les progrès spirituels par les sacrements désactivaient d’autant la nécessité de recourir à la contrainte et à la force de l’autorité temporelle (en la bornant au strict nécessaire, et toujours dans un souci de justice mâtiné de charité). En chrétienté, et il y a de cela 30 ans encore, la plupart des gens — particulièrement dans nos petits villages très chrétiens — ne faisaient pas le mal précisément parce que c’était le mal ; aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent que celui qui n’agit pas mal ne le fait que par peur de la punition.

Les moines, me direz-vous, vivent sous une vigilance constante des uns sur les autres, et c’est pourquoi d’ailleurs ils vivent en communauté : oui, mais ils sont volontairement devenu moines, et, craignant trop leur faiblesse personnel, ont décidé librement par des vœux, de s’enfermer dans des clôtures, de se mettre sous la surveillance perpétuelle des autres et de s’imposer un joug salutaire : là est toute la différence !

Si le païen subit un joug cruel, c’est que sans cela il fait n’importe quoi, et donc on lui impose. Mais le chrétien, lui, se l’impose lui-même, par amour du Christ et à son exemple, ce qui adoucit tout, et transforme même la nature de ces jougs, qui redeviennent de bons et doux tuteurs pour aider à la croissance vers le ciel : non pas simplement une formalité extérieure et un carcan superficiel pour maintenir un semblant d’ordre – et le « pas de vagues »-, mais bien pour une véritable conversion intérieure allant à la charité effective.

Bref, il est intéressant de constater cette prolifération de ces yeux « voisins vigilants » : ils sont comme le symptôme visible de la paganisation de notre pays (ou sa déchristianisation, ce qui revient au même), de la dégradation rapide des institutions, et de besoin du minimum d’ordre social requis pour une harmonie sociale, et en même temps la preuve que la loi naturelle, d’une façon ou d’une autre, reste toujours en place – qu’on le veuille ou non, notre nature appelle l’ordre, et quelque soit le désordre, l’ordre reviendra : s’il n’est pas chrétien, il sera païen, et donc dur et violent, fondé sur la terreur, mais c’est tout…ce qui est déjà beaucoup!

Alors Français, réveillez-vous ! La France chrétienne disparaît ! Et ceux qui croient qu’ils pourront encore profiter des fruits de la chrétienté sans la foi catholique et les commandements de Dieu se fourvoient ! Cet époque est passée : les fruits ont été dilapidés, et la sève de la foi asséchée.

Si nous ne nous reconnectons pas immédiatement à la source vive de la charité qu’est la vie divine, la grâce donnée par Jésus-Christ, alors le délitement de la société dans une société terrible ne fera que s’accélérer.

Vous ne voulez pas cela ?

Alors devenez légitimiste, convertissez-vous et travaillez à la restauration !

Paul de Beaulias

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

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